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Culture - Musiques actuelles

Mme Chandelier : postcoïtal tristesse

Sorti discrètement en ce mois de septembre, le disque de Mme Chandelier est un véritable Omni (Objet musical non identifié)qui fait naître la curiosité et donne un petit coup de folie à un genre pourtant très sérieux.

Mme Chandelier paie un tribut à une féministe avant l’heure en utilisant une dénomination féminine.

La tristesse postcoïtale est ce sentiment de tristesse, d'anxiété, voire d'agression, qui fait suite aux relations sexuelles. L'expression se rapproche de la fameuse « Petite Mort » tant décrite par les poètes et les romantiques, et Mme Chandelier, qui est une personne active sexuellement, visiblement inspirée par le péché de chair et qui aime écrire après avoir fait l'amour. Les 6 morceaux qui composent ce CD maxi en sont le résultat.

À la lecture du nom de l'artiste, on s'attend plutôt à un disque pop, peut-être bizarre, décalé et léger. Et c'est une musique très sérieuse qui est proposée. Sans aucun chant, Mme Chandelier joue elle-même des 4 instruments enregistrés, soit une guitare et 3 synthétiseurs analogiques, qui forment un ensemble puissant, poétique et forcément triste, que l'artiste range du côté du krautrock. Ce genre musical porte bien son nom, il vient d'Allemagne et est considéré comme l'ancêtre (années 60) du style ambiant et du new age.

Heureusement pour les curieux, les groupes krautrock les plus connus ont des prononciations beaucoup plus simples que le genre qu'ils représentent, Can, Neu ! sont en effet les représentants les plus connus. Au Liban, ce sont les Scrambled Eggs hier et aujourd'hui les Bunny Tylers qui perpétuent avec talent l'héritage des pionniers européens et font office d'influences pour la Chandelier.

Pourquoi ce décalage entre le nom et la musique ? Car le nom n'a rien à voir avec la musique enregistrée. Mme Chandelier joue et considère la musique comme une forme légère de communication, elle ne compte ni changer le monde ni obtenir des millions de like, elle veut juste s'exprimer en dehors des autres groupes dans lesquels elle joue, et son pseudonyme est un hommage discret à une héroïne inconnue des mathématiques.

Marie Sophie Germain était une mathématicienne de la fin du XVIIIe, début du XIXe siècle et elle était obligée de publier ses travaux sous le nom d'Antoine Leblanc, un homme donc, pour qu'ils soient pris au sérieux. Mathématicien de formation et homme de naissance, Mme Chandelier paie donc un tribut à cette féministe avant l'heure en utilisant une dénomination féminine. Anthony Sahyoun, l'homme derrière le mystère, vient d'obtenir son master en mathématiques et informatique, sa thèse portait sur la gestion des énormes grues bleu et rouge qui annoncent le port commercial de Beyrouth, mais c'est en musique qu'il veut se faire connaître. Il a donc décidé d'arrêter son activité de professeur de mathématiques à l'AUB pour se consacrer entièrement à la musique. Et si les maths sont une matière sérieuse, il considère que l'art en général, et la musique en particulier, ne l'est pas. Il n'a d'ailleurs rien du rocker imbu, du tatoué romantique ou de l'artiste multimédia égotique typique des années Facebook, il passe son temps à rigoler, est ami avec tout le monde, et trimballe sa bonhomie et son non-look à la fois dans le studio de l'omniprésent Fadi Tabbal et dans le groupe Kinematik, quartet post-rock qu'il forme avec 3 autres musiciens. Il joue de la guitare depuis ses 9 ans, il est né le 12 décembre 1989 et a passé sa jeunesse près de Faraya, dans ce qu'il appelle « la montagne froide ». Cette montagne froide est sans doute ce qui lui permet aujourd'hui d'apporter autant de fraîcheur à ce milieu tout en humidité et moiteur qu'est le rock.

La tristesse postcoïtale est ce sentiment de tristesse, d'anxiété, voire d'agression, qui fait suite aux relations sexuelles. L'expression se rapproche de la fameuse « Petite Mort » tant décrite par les poètes et les romantiques, et Mme Chandelier, qui est une personne active sexuellement, visiblement inspirée par le péché de chair et qui aime écrire après avoir fait l'amour. Les 6...

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