À une semaine de la séance électorale, Joumblatt dans une phase « d’attente dynamique »

Alors que l'on s'attendait à ce que le Rassemblement démocratique tranche sa position sur le dossier de la présidentielle, à l'issue de la réunion élargie qu'il a tenue à Moukhtara samedi, la formation du député Walid Joumblatt s'est contentée d'un communiqué dans lequel elle a souligné que « la discussion a porté sur l'élection présidentielle », ajoutant que « le Rassemblement tiendra une réunion la semaine prochaine pour arrêter une position définitive concernant la séance électorale du 31 octobre ».

Des sources proches des participants à la réunion de Moukhtara ont indiqué hier à L'Orient-Le Jour que M. Joumblatt et sa formation sont actuellement dans une période d'expectative. Cela explique le fait que la réunion de samedi ne se soit pas soldée par une prise de position claire au sujet des derniers contacts visant à mettre fin à la vacance au niveau de la première magistrature de l'État.

Dans les mêmes milieux, on assure toutefois que le député Henri Hélou est toujours en lice, et qu'il est le candidat du Parti socialiste progressiste (PSP). Ce qui fait dire aux sources précitées que, contrairement à ce que beaucoup de gens croient, les candidats à la présidentielle sont au nombre de trois, et non de deux. Il s'agit bien entendu de Michel Aoun, Sleiman Frangié et Henri Hélou.

Si Walid Joumblatt a récemment usé de son compte Twitter pour adresser des messages politiques aux divers protagonistes portant principalement sur l'échéance présidentielle, nombreuses sont les interrogations sur les prochaines étapes de son action, à une semaine de la séance du 31 octobre. Les milieux proches du leader druze assurent à ce sujet que M. Joumblatt est actuellement dans une phase « d'attente dynamique ». Il en profite pour mener les contacts nécessaires et entrer en concertation avec ses amis et alliés avant de se prononcer définitivement sur le dossier de l'échéance. Les sources précitées font également savoir que M. Joumblatt rencontrera le président de la Chambre, Nabih Berry, ainsi que le chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, cette semaine avant de tenir la deuxième réunion du Rassemblement démocratique, qui devrait précéder la séance électorale du lundi prochain.

(Lire aussi : Berry : Bien que j'aie les moyens de le faire, je ne torpillerai pas la séance électorale )

Au pied du mur ?
Au lendemain de la réunion élargie de la formation joumblattiste, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré sans détour que les députés de sa formation se rendront à l'hémicycle afin de voter Michel Aoun et le mener à Baabda. Face à ce tableau, nombreux sont ceux qui ont été tentés de croire que le dossier épineux de la présidence de la République est quasi résolu, et que M. Aoun sera le prochain chef de l'État. Mais à Moukhtara, on ne perçoit pas les choses sous cet angle : « Cette déclaration de Hassan Nasrallah ne signifie aucunement que le fondateur du CPL obtiendra les voix de tous les blocs parlementaires. Nous n'avons pas encore dit notre dernier mot et nous poursuivons nos contacts en vue de prendre la position convenable », soulignent des sources proches du chef du PSP.

De sources politiques bien informées, on apprend que l'attentisme de Walid Joumblatt est principalement lié à ses intérêts électoraux qu'il devrait prendre en considération en tranchant sur le point de la présidentielle : M. Joumblatt jouit d'une présence incontestable dans la Montagne. Cette dernière est tout aussi bien un grand fief sunnite et chrétien. Ainsi, même s'il ne voulait pas voter Michel Aoun, Walid Joumblatt ne peut pas être en désaccord avec le tandem CPL-FL, ni avec le Courant du futur. Parallèlement, le président de la Chambre est un grand allié du chef druze. Ce dernier ne voudrait pas l'abandonner pour une élection présidentielle. Ce tableau complexe ne laisse à Walid Joumblatt, selon les sources politiques précitées, que le choix d'attendre l'issue des derniers contacts politiques.

Les mêmes sources ne manquent pas, en outre, d'évoquer un autre scénario pour lequel pourrait opter Walid Joumblatt : réitérer son attachement à la candidature de Henri Hélou sous prétexte qu'il n'a pas été informé du compromis axé sur l'élection de Michel Aoun à la tête de l'État. M. Joumblatt avait fait allusion à ce point, dans un tweet publié la semaine dernière. Il avait souhaité que « l'avis du Rassemblement démocratique sur un compromis exceptionnel ait été pris en considération ».

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