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Diaspora - Diaspora

Les stars du Tennessee adorent « Épice »

La chanteuse Taylor Swift, Megan Barry, maire de Nashville, Bill Haslam, gouverneur de l'État... Tout ce beau monde n'hésite pas à faire la queue devant « Épice ». Deux ans à peine après son ouverture, ce resto libanais niché au centre de la cité de la musique a réussi son pari.

À « Épice », une ambiance conviviale et un menu aussi traditionnel que sophistiqué.

Vendredi après-midi. Dans le douzième arrondissement du centre-ville, une rue située à quelques kilomètres de la Vanderbilt University est déjà bondée. On y croise des jeunes femmes élégantes, des hommes en costume, des jeunes et des moins jeunes... Tous ont envahi les bistrots du coin, les pubs et les restos.
Le restaurant de cuisine libanaise Épice ne fait pas exception dans ce quartier foisonnant. À 17 heures, ses tables sont déjà remplies. Maher Fawaz, le propriétaire, n'est pas surpris. «Ce soir, c'est plutôt calme», note-t-il. Sourire aux lèvres, il salue les passants et la clientèle avec charme et discrétion.
Plus de quarante ans après avoir quitté le Liban, ce restaurateur a su marquer de son talent son nouveau pays. Succès après succès, il enchaîne les idées qui plaisent, les critiques positives et surtout les projets intéressants. Pour lui, le rapport à la cuisine remonte à des années. «J'ai toujours été passionné par ce domaine, raconte-t-il. J'y ai baigné depuis ma jeunesse. Mais c'est entre les années 80 et 90 que j'ai voulu sérieusement proposer mon premier resto. Hélas, le sud des États-Unis n'était pas du tout prêt pour ça.»
Pour comprendre ce que Maher Fawaz veut dire, il faut revenir à l'histoire de Nashville. Outre le fait que cette ville est aujourd'hui la première adresse pour la musique aux États-Unis, la capitale du Tennessee est devenue, depuis les années 90, le principal hub industriel de cet État. De grandes entreprises y sont implantées, ainsi que trois grandes universités parmi les meilleures au monde. Avec les années, la ville s'est donc développée et s'est ouverte sur le monde dans tous les domaines, et notamment celui de la restauration, qui est devenue l'une de ses marques.
C'est ce changement que le Libanais a su saisir au bon moment. Il a proposé avec brio son premier restaurant en 2003, Kalamatas. Les Américains sont séduits. Les plats proposés sont un mélange de recettes de sa propre mère et du savoir-faire des chefs formés au sein des meilleures écoles culinaires. Outre sa position géographique idéale près des principaux sites touristiques, Kalamatas plaît parce qu'il rappelle le Liban et tous les pays de la Méditerranée.
Fort de cette réussite et d'une réputation qui le précède désormais, le gérant du restaurant propose deux autres, avec l'aide de sa famille. «Avec ma sœur et son mari, nous travaillons tous ensemble pour proposer un menu riche combinant une variété de plats méditerranéens», explique-t-il. Le menu attire de plus en plus une clientèle avide de goûter les spécialités de la région.

Sur la liste des 25 meilleurs restaurants de la ville
Maher Fawaz aurait pu se contenter de gérer ces divers restaurants, mais il n'a pas encore réalisé son vrai rêve. En 2014, il se lance un nouveau défi, Épice. Il était désormais confiant que le sud des États-Unis apprécierait sa vision moderne de la cuisine. «J'ai choisi ce nom pour plusieurs raisons, dit-il. Pour les saveurs bien sûr, mais surtout pour ma vision du Liban. Un pays qui ne se limite pas à une région, puisqu'il est un mélange de couleurs et d'odeurs. Avec Épice, je voulais faire voyager mes clients à Hamra, Gemmayzé ou à la rue Monnot, au Quartier latin aussi. Je voulais qu'on se sente tout autant dans une rue animée de Marrakech.»
Le décor de l'établissement rappelle inévitablement les maisons en pierre du Moyen-Orient ou d'Europe. C'est un architecte diplômé de la prestigieuse école de Bauhaus qui s'en est chargé. Le taboulé, le cheikh el-mechchi (aubergines farcies), la siyadiyé (riz au poisson) et autres plats typiques proposés mettent l'eau à la bouche. Mais si les plats plaisent beaucoup aux Américains, ils ne font pas l'unanimité chez certains Libanais.
«C'est cher, je ne suis pas prêt à payer autant pour des plats que je peux préparer moi-même», affirme un client qui a voulu garder l'anonymat. Environ 10% seulement de la communauté libano-américaine de Nashville fréquente régulièrement Épice. Ce qui n'émeut pas Maher Fawaz outre mesure. «Lorsque Travel Magazine nous classe parmi les premiers, qu'on fait partie des meilleurs 25 restos de la ville selon les critiques culinaires, qu'on est cité dans Bon Appétit et que Nashvhille Lifestyle parle de nous positivement, on va de l'avant en ayant confiance en l'avenir.»
Outre la confiance en soi, ce passionné de la bonne cuisine a développé une autre arme redoutable pour conforter son succès: garder toujours les pieds sur terre. Il faut presque le supplier pour qu'il nous donne des informations sur la star Taylor Swift. Il est vrai qu'elle fréquente souvent Épice. L'enfant du pays, qui s'est installée à Nashville depuis ses quatorze ans, a même sa table préférée dans le restaurant, et son plat de prédilection, la siyadiyé. Maher Fawaz n'en dira pas plus. Lorsque les tabloïds américains le contactent fréquemment pour lui poser des questions, il opte là aussi pour le silence. « Ici, à Nashville, on est connu pour ça, affirme-t-il. On ne fait pas tout un plat parce qu'une star dîne près de nous. Croyez-le ou non, tout le monde est traité de la même façon. » On y pensera la prochaine fois qu'on court demander des autographes aux stars du country.

Une productrice d'origine libanaise
Ceux qui sont nés à Nashville le confirment : la ville connaît un boom sans précédent. Depuis 2014, plus de 13 millions de touristes s'y rendent chaque année. Après le succès de Nashville, le programme proposé sur la ABC concernant la capitale du Tennessee a gagné encore plus en notoriété. Bon à savoir : la créatrice de ce show n'est autre que Callie Khoury, dont le père est un médecin du Texas originaire du Liban.

Cette page est réalisée en collaboration avec l'association RJLiban. E-mail : monde@rjliban.com – www.rjliban.com

Vendredi après-midi. Dans le douzième arrondissement du centre-ville, une rue située à quelques kilomètres de la Vanderbilt University est déjà bondée. On y croise des jeunes femmes élégantes, des hommes en costume, des jeunes et des moins jeunes... Tous ont envahi les bistrots du coin, les pubs et les restos.Le restaurant de cuisine libanaise Épice ne fait pas exception dans ce...