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À La Une - Crise

Situation tendue au large de la Libye, où le flux de migrants ne tarit pas

"En Libye, il est très difficile de savoir qui fait quoi"...

Une image diffusée par la marine italienne montrant un bateau de pêche coulé au fond de la mer Méditerranée. Photo AFP

Près de 7.000 migrants secourus cette semaine au large de la Libye, des opérations difficiles samedi: le flux ne tarit pas et l'attaque vendredi d'un canot par des hommes à bord d'un bateau des gardes-côtes libyens accentue les doutes sur la stratégie européenne visant à s'appuyer sur eux.
Ainsi l'équipage du Siem Pilot, un navire norvégien patrouillant dans la zone pour l'agence européenne Frontex, a transféré dans la nuit près d'un millier de migrants récupérés vendredi par un pétrolier et s'est retrouvé samedi devant six nouveaux canots pneumatiques surchargés de centaines de migrants.

"Je n'ai jamais vu une opération de secours comme celle-là !", a raconté le commandant de police Pal Erik Teigen, chargé de l'opération à bord du Siem Pilot, à une équipe de l'AFP embarquée sur le bateau.
Le pont rempli de migrants assis en rangs très serrés, le Siem Pilot ne pouvait pas embarquer les passagers des nouveaux canots, dont certains soufflaient désespérément dans des sifflets pour appeler à l'aide, sous un soleil de plomb.

Le navire a même dû prendre ses distances quand environ 25 migrants ont sauté à l'eau pour tenter de le rejoindre. Ils ont finalement été récupérés et conduits sur le pétrolier, mais la situation restait tendue.
Après une période de mer agitée, la météo est restée calme toute la semaine, favorisant ces départs qui promettent un mois d'octobre record avec près de 20.000 personnes secourues. Le total des arrivées en Italie devrait ainsi avoisiner les 150.000 ce week-end, ce qui reste dans la lignée des deux dernières années. ais la situation est d'autant plus difficile à tenir pour l'Italie que désormais, la fermeture de facto des frontières au nord de la péninsule bloque la majeure partie de ces migrants sur son territoire.

Réunis vendredi à Rome, les ministres de l'Intérieur européens du "G6" ont estimé que le rapatriement des clandestins ou déboutés du droit d'asile constituait "un élément fondamental" de la politique européenne en matière de flux migratoires.

Jusqu'à 30 morts

La lutte contre les passeurs en Libye constitue un autre axe, mais l'opération navale Sophia lancée à cet effet au printemps 2015 n'ayant pas rencontré jusqu'à présent de résultats probants, l'UE prévoit désormais de former et équiper des gardes-côtes libyens pour soutenir cet effort. Le début de cette formation est prévu fin octobre, le temps de contrôler que les quelque 80 candidats, qui doivent ensuite devenir eux-mêmes formateurs, soient loyaux au gouvernement d'union et ne soient pas mêlés à des affaires de corruption.

"En Libye, il est très difficile de savoir qui fait quoi", a commenté vendredi Ruben Neuegebauer, porte-parole de l'ONG allemande Sea-Watch. "On ne sait jamais dans quelles mains le matériel se trouvera".
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des secouristes de Sea-Watch qui distribuaient des gilets de sauvetage aux quelque 150 passagers d'un canot pneumatique, ont vu intervenir des hommes à bord d'un bateau des gardes-côtes libyens.
Frappant les migrants à coups de bâtons, ces hommes qui ne parlaient qu'arabe ont cherché à prendre le moteur du canot. Mais ils ont provoqué un mouvement de panique et la plupart des migrants sont tombés à l'eau. Seuls 120 ont pu être secourus.

Et les ONG engagées dans les opérations de secours rappellent que bloquer les migrants en Libye les expose à des situations dramatiques. Leurs médecins témoignent d'ailleurs régulièrement de l'état de faiblesse et des traces de sévices et de tortures constatés sur les personnes secourues.

"En Libye, j'ai été détenu pendant trois mois", a raconté samedi matin un Guinéen de 33 ans à des volontaires qui l'ont secouru sur l'Aquarius, affrété par SOS Méditerranée et MSF. "Nous n'avions que deux douches et deux toilettes pour 500 personnes, et très peu de place pour dormir. A manger, nous avions un genre de pâtes une fois par jour, et pour boire de l'eau salée".
A côté de lui, un Ivoirien de 30 ans s'inquiétait pour l'un de ses amis, détenu longtemps comme lui et dont la famille n'a pas envoyé l'argent nécessaire. "Il n'a pas pu monter sur le bateau, il était trop faible".


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