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Moyen Orient et Monde - Justice

L’Afrique du Sud annonce son retrait de la CPI

Plusieurs pays africains pourraient être tentés de quitter à leur tour l'institution internationale de justice.

Le ministre de la Justice sud-africain Michael Masutha annonçant le retrait de l’Afrique du Sud de la CPI, lors d’une conférence de presse, hier à Pretoria. Gianluigi Guercia/AFP

L'Afrique du Sud a mis hier sa menace à exécution en annonçant son retrait de la Cour pénale internationale (CPI). Conformément à la procédure, Pretoria « a annoncé par écrit au secrétaire général de l'Onu son retrait » de la CPI, a déclaré le ministre sud-africain de la Justice, Michael Masutha. Cette décision prendra effet dans un an « à compter de la date de réception » de la lettre adressée mercredi aux Nations unies, a précisé M. Masutha lors d'une conférence de presse. L'Onu a accusé réception du courrier, en « cours d'examen », selon le porte-parole adjoint des Nations unies, Farhan Haq. Basée à La Haye, la CPI est le premier tribunal international permanent chargé de poursuivre les auteurs présumés de génocides, crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Depuis son entrée en fonctions en 2003, ses magistrats ont ouvert dix enquêtes, dont neuf dans des pays africains. Ses cibles lui ont valu de nombreuses critiques sur le continent, notamment celles de l'Union africaine (UA), qui a vu dans ce parti pris une « sorte de chasse raciale ». Par la voix de son ministre de la Justice, Pretoria l'a rejointe hier en accusant la CPI de « préférer de toute évidence viser des dirigeants en Afrique ».
L'Afrique du Sud menaçait depuis plus d'un an de dénoncer le traité de Rome, fondateur de la CPI. Elle pourrait désormais devenir le tout premier pays au monde à la quitter. En 2015, les autorités de Pretoria s'étaient retrouvées au cœur d'une vive controverse à l'occasion de la visite à Johannesburg de Omar Béchir, président soudanais, pour un sommet de l'Union africaine (UA). Elles s'étaient défendues en expliquant que M. Béchir bénéficiait, de par sa fonction, d'une immunité. C'est précisément cette affaire qui a justifié la décision de Pretoria de se retirer de la CPI. La Cour « entrave l'aptitude de l'Afrique du Sud à honorer ses obligations en matière de respect de l'immunité diplomatique », a expliqué hier M. Masutha.

« Mépris » et « trahison »
L'annonce de Pretoria a suscité l'indignation des défenseurs des droits de l'homme. Elle « démontre un mépris surprenant pour la justice de la part d'un pays longtemps vu comme un leader mondial en matière de justice pour les victimes des crimes les plus graves », a réagi l'ONG Human Rights Watch (HRW). Il s'agit d'une « profonde trahison pour des millions de victimes » qui « sape le système judiciaire international », a dénoncé pour sa part Amnesty International. Cette décision risque de produire « un effet domino » et de pousser d'autres pays africains à claquer la porte de la CPI, a prévenu le directeur de l'Institute for Security Studies (ISS), Anton du Plessis. Le principal parti d'opposition sud-africain, l'Alliance démocratique (DA), a dénoncé la décision « anticonstitutionnelle et irrationnelle » du gouvernement de Pretoria et décidé de saisir la justice pour obtenir son annulation. En quelques jours, la Cour a essuyé deux revers majeurs. Mardi, le président burundais Pierre Nkurunziza a promulgué la loi prévoyant que son pays, plongé dans une grave crise politique qui a fait plus de 500 morts, se retire de la Cour. Il ne reste désormais plus au Burundi qu'à en notifier l'Onu pour lancer formellement la procédure. La CPI a expliqué hier ne pas avoir reçu de « notification officielle du retrait (sud-africain) jusqu'à cette minute ». « Le retrait ne devient effectif qu'un an après » le dépôt de la notification auprès du secrétaire général de l'Onu et « n'a aucun impact sur les obligations antérieures » du pays concerné, a précisé le porte-parole de la Cour, Fadi el-Abdallah. Le Parlement sud-africain devra se prononcer « prochainement » au sujet de la loi abrogeant l'application du traité de Rome, selon le ministre de la Justice.
(Source : AFP)

L'Afrique du Sud a mis hier sa menace à exécution en annonçant son retrait de la Cour pénale internationale (CPI). Conformément à la procédure, Pretoria « a annoncé par écrit au secrétaire général de l'Onu son retrait » de la CPI, a déclaré le ministre sud-africain de la Justice, Michael Masutha. Cette décision prendra effet dans un an « à compter de la date de...

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