Les feuilletons libanais récents sont peut-être, parfois, bien écrits. Ils seraient aussi le fruit d'un cheminement profond, à en croire certains scénaristes qui sont tellement doués qu'ils peuvent accoucher de plusieurs textes par an. Mais il y a aussi ceux qui sont le résultat d'une longue recherche élaborée dans les archives des télévisions d'outre-mer pour s'en inspirer corps et âmes, quitte à déployer plus tard une énergie monstre à réfuter toute accusation de plagiat. Le seul point commun entre tous ces genres reste le manque drastique de crédibilité et de réalisme pour des œuvres qui se veulent pourtant révélatrices d'un quotidien 100 % libanais.
Pour se divertir et oublier le sale monde qui l'entoure, le téléspectateur passe souvent outre les maints oublis et fautes impardonnables des metteurs en scène, que même un esprit non rodé à la critique des émissions télévisées peut facilement déceler. Mais toujours est-il que le niveau de certains scénarios et de leur mise en scène régresse drastiquement d'année en année. Entre la femme enceinte avec un ventre plat durant neuf mois et la fille prodigue presque illettrée qui devient subitement PDGère avec une prononciation irréprochable et une sophistication de duchesse anglaise, le téléspectateur est simplement et royalement embobiné. Certains feuilletons vont jusqu'à montrer des dames libanaises se levant toutes maquillées du lit avec un mascara qui tient bon quelle que soit la circonstance. La coiffure est évidemment toujours impeccable, les chignons inébranlables contre vents et marées, avec des bustes et des lèvres tellement remaniés qu'ils faussent tout le langage du corps, si jamais langage du corps il y a.
Obsédés
À part les scénarios noyés dans une débilité sans limite, il y a cette panoplie d'acteurs non professionnels qui les récitent tels des perroquets constipés avec une mimique figée qui devient d'autant plus ridicule face à des comédiens expérimentés de gros calibre, souvent réduits à des rôles secondaires.
Des chanteurs, des mannequins et souvent tout simplement de jolis minois se retrouvent propulsés dans le monde du drame télévisé, comme s'ils se sentaient obligés (manie typiquement libanaise) de faire dans la pluridisciplinarité aveugle et sotte. Si monsieur a une belle voix, cela ne veut pas dire qu'il fera automatiquement un bon acteur et, surtout, en si peu de temps. Mais cela dit, les performances de monsieur en matière théâtrale ne seront pas remises en question par un public obnubilé par l'alchimie qui suinte du couple que le « roi de la chanson romantique » forme à l'écran avec une autre célébrité.
Les critères adoptés dans le monde des acteurs recrutés au Liban ne sont définitivement plus clairs. Les sphères réservées à des spécialistes formés en la matière durant plusieurs années, ou tout au moins doués pour incarner des personnages devant la caméra, sont violées. Les coupables ne sont autres que des artistes devenus célèbres dans d'autres disciplines et qui sont obsédés par une seule constante : booster, à n'importe quel prix, leur visibilité.
Rien de plus artificiel dans un monde où tout ce que le téléspectateur demande, c'est une histoire, crédible, avec des personnages qui le soient tout autant...
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commentaires (2)
Amar Zelfa gros succes mais dans la deuxieme partie on commence a s'ennuyer de cette femme encore amoureuse mais pris au piege de sa vengeance et une dizaine d'histoire entre plusieurs autres personnages nouveaux et anciens j'ai arrette de voir tellement c'est devenu debile et previsible
LA VERITE
16 h 12, le 23 octobre 2016