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Lifestyle - This is America

Les dreadlocks arc-en-ciel illuminent la rue américaine

Les dreadlocks multicolores décoiffent la mode, les tendances et les idées reçues ! Marc Jacobs a créé l'événement et la controverse en faisant récemment défiler des mannequins blancs arborant cette coiffure à la fois amusante et expressive.

Whoopi Goldberg. (Photos AFP)

La chevelure dreadlockée est (presque) devenue l'uniforme des Afro-Américaines, du point de vue du style mais pas du point de vue de l'interprétation. On ne verra jamais deux personnes la porter de la même manière. Dans la rue américaine, c'est une étonnante créativité qui émane de l'art, car s'en est un, d'enrouler, de torsader et de tresser les mèches. De les enrichir d'extension de cheveux ou d'autres matières de la même couleur ou de diverses tonalités. Pour, in fine, les assembler en de spectaculaires chignons, couronnes, queues-de-cheval, catogans, torsades et autres formes inattendues. Ou les laisser flotter magnifiquement dans l'air.

Quid de cette nouvelle tendance ? Les réponses des personnes ainsi coiffées, interrogées par L'Orient-Le Jour, révèlent qu'il s'agit là d'une option esthético-culturelle plutôt que d'une prise de position politique. Comme cela fut le cas pour le look Afro des années 60, qui consistait à laisser les cheveux crépus à l'état naturel et leur donner un effet ébouriffé et dense, encadrant le visage comme un grand casque. À cette époque, ce retour aux sources africaines, à l'instigation de la chanteuse d'ethno-jazz et militante Miriam Makeba, suivie par les dirigeants du mouvement Black Power puis, dans les années 70, par l'emblème des Black Panthers, Angela Davis, avait été imité par les universitaires et le public. Il signifiait que l'on était fier d'être noir, pas nègre ou homme de couleur, mais noir. Noir n'étant pas une mauvaise copie de blanc, mais un statut grand et beau en soi, et l'essence même du concept « Black is Beautiful ».

 

Réappropriation par les Blancs
À la fin des années 70, le message politique disparaît pour être remplacé par une autre symbolique de la rébellion contre les normes et l'establishment : les dreadlocks, représentant, cette fois, une gloire raciale ou ethnique. Le chanteur-compositeur Bob Marley, qui se coiffait ainsi et a fait la popularité du reggae durant les années 80, renforce cette mode. Car la philosophie « rasta » (prônée par les marginalisés de la Jamaïque qui s'entremêlaient les cheveux), très présente dans le milieu du reggae, avait une résonance particulière pour la jeunesse. Selon l'histoire, les dreadlocks remontent à bien plus loin que la contestation jamaïcaine. Les premiers datent de l'Égypte antique : les membres de la famille royale et les députés portaient ce genre de coiffures, comme en témoignent les bas-reliefs et autres objets retrouvés. Des restes momifiés d'anciens Égyptiens portant des dreadlocks, ainsi que des perruques de ce style ont également été récupérés sur des sites archéologiques. Les tribus africaines se paraient également de cette façon. Idem en Asie.

Aujourd'hui, au pays de l'Oncle Sam, les Afro-Américaines se sont mises à l'heure de la chevelure ancestrale, avec un art haut en couleur et fantaisie. Une tendance qui suit une période où il était de bon ton de se lisser les cheveux pour être dans la note occidentale. Cela équivalait à de longues séances de défrisage qui risquaient de dénaturer les cheveux, les agresser et les abîmer. Sans compter qu'il fallait fuir l'humidité et prévoir un budget spécial pour les produits d'entretien. Délivrées de cette tâche fastidieuse, les femmes donnent actuellement libre cours à leur inventivité, en faisant de cette caractéristique identitaire une mode ludique, attrayante et jouant sur le glamour.

Et comme dans un juste retour des choses, ce sont les Blancs qui les imitent aujourd'hui, quitte à se faire accuser d'appropriation culturelle. Outre les designers (notamment Marc Jacobs et Christian Dior, qui ont créé des collections « rasta »), les sans-peur qui se font cette tête-là appartiennent surtout au monde du spectacle. À commencer par les incontournables Kardashian, Kim et Kiley Jenner, Shakira, Madonna et Lady Gaga. Mais la palme avant-gardiste dans ce domaine revient incontestablement à la grande et unique Whoopi Goldberg qui, depuis des décades, tord le cou à ses cheveux et aux idées reçues qu'elle décoiffe pour les ramener à leur juste valeur.

 

 

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