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Culture - Musique

Salman Baalbacki, roi du « riqq » ?

Le benjamin des huit enfants de la fratrie Baalbacki n'échappe pas non plus à la potion magique du chaudron de l'art. Il fait danser « le riqq » comme personne. Percussions, rythmes et cadences sont dans le frémissement de ses mains et l'agilité de ses doigts. Pas un simple secret, mais du travail et de l'inspiration...

« La souplesse des doigts est une nécessité, tout comme la force, l’endurance, la délicatesse, le dosage, l’équilibre… » estime Salman Baalbacki quand on l’interroge sur les qualités requises pour jouer du « riqq ». Photo Rami Maalouf

À trente et un ans bien sonnés, Salman Baalbacki a les cheveux coupés en brosse pour une allure (presque) d'adolescent avec une barbe de bûcheron. Des yeux noisette, t-shirt blanc, jeans moulant et espadrilles vert herbe tendre. Au poignet, plusieurs bracelets en fils tressés colorés « achetés à Hamra, sans aucune valeur sentimentale », dit-il en souriant.

Jeune homme parfaitement dans le vent qui a grandi dans le monde de la peinture et de la musique. Petit rappel : d'abord, son père Abdel Hamid, maître des portraits et des paysages ; son frère Oussama a suivi les traces du pinceau avec brio ; Loubnan est chef d'orchestre ; Mounzer a joué dans les pièces de Roger Assaf et les films de Nadine Labaki ; Soumayya chante le « tarab assyl »... Avec un point en plus pour le proche parent Ayman Baalbacki, aujourd'hui coqueluche des cimaises, locales et étrangères...

Avec avec cet héritage et cet entourage, Salman Baalbacki est bien dans son cercle. Et bien parti ! Mais voilà, il a choisi autre chose : le riqq, ce tambourin à la peau de requin au cadre serti de nacre et d'un double rang de cymbales. Instrument de percussion qui prend de l'ampleur et cavalcade actuellement, en vedette même, pour des solos de bravoure...

Parcours sage et presque tout tracé avec des études au Conservatoire national supérieur de musique et engouement, d'abord pour le latino, (chachacha, salsa), puis graduellement, le « riqq » pointe du nez et fait sa grisante pavane de notes sensuelles, séduisantes. « Pourquoi le riqq ? Pour la volupté de créer un son, tout en opérant une interactivité avec les instruments, bien sûr arabes, mais aussi étrangers... » souligne le musicien.
Envoûté par la mitraille de rythmes de Ali Khatib, il plonge aussi dans l'univers sonore de Hassan Anwar (pour les nouveautés de ses exécutions ainsi que ses savantes fioritures musicales), lui qui a accompagné Warda, Abdel Halim et Oum Koulsoum dans ses derniers jours...

 

(Lire aussi : Variations autour d'une Béatrice dont le Dante est un piano)

 

Mais on peut citer aussi un chapelet de noms qui ont leur place dans le cœur du jeune homme : al-Afifi, Mohammed el-Arabi, Mahmadi Akatay, qui a annexé en toute subtilité sonorités indiennes et africaines.
Par une technique complexe et à travers la richesse et les variétés des sons, le riqq entre les mains de Salman est devenu le familier et l'accompagnateur des grands noms de la chanson arabe et occidentale quand il s'agit de jazz ou de fusion music...

Électron libre, sollicité de Beyrouth au Caire en passant par Dubaï, la France, l'Allemagne ou la Roumanie, Salman Baalbacki donne la réplique à plus d'une vedette. Et on cite volontiers dans son tableau de chasse Warda al-Jazaïriya, Magida el-Roumi, les Rahbani (Élias, Ghassan, Ghadi, Ziad), Abeer Nehmé, Soumaya Baalbacki, Marcel Khalifé... Côté étranger, à noter la collaboration avec John Legend, l'auteur à succès planétaire de All of me.

Les qualités d'un joueur de « riqq » ? « Avoir d'abord la technique qui est en fait la base de toute bonne formation. S'exercer avec patience. Être sensible et curieux de toute culture musicale, car c'est en approchant les idées que les nouvelles naissent... La souplesse des doigts est une nécessité tout comme la force, l'endurance, la délicatesse, le dosage, l'équilibre... »

Et qu'ambitionne le benjamin des Baalbacki ?
« D'abord que la situation se décante dans notre pays, pour que le travail roule mieux. Être le premier dans cette discipline. Ensuite, j'aimerais surtout avoir mon propre style. C'est-à-dire que dès la première touche, l'on reconnaisse que c'est la mienne ! »

 

 

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À trente et un ans bien sonnés, Salman Baalbacki a les cheveux coupés en brosse pour une allure (presque) d'adolescent avec une barbe de bûcheron. Des yeux noisette, t-shirt blanc, jeans moulant et espadrilles vert herbe tendre. Au poignet, plusieurs bracelets en fils tressés colorés « achetés à Hamra, sans aucune valeur sentimentale », dit-il en souriant.
Jeune homme parfaitement...

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