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Lifestyle - Beyrouth insight

#El3ama : quand le ridicule ne tue pas, au moins, il amuse...

C'est un homme virtuellement masqué, démasqué depuis qu'il connaît un succès considérable, qui pousse un « WTF » en libanais sur les réseaux sociaux. Ça donne : #El3ama et c'est très drôle.

Cape de superhéros sur sa page Facebook, « I will make your day », peut-on y lire, il réussit, à sa façon drôle et acérée, à souligner les aberrations et les vulgarités de certains de nos artistes locaux que le ridicule n'a pas réussi à « tuer » ni à faire taire. Dans ce nouvel univers de comiques d'un nouveau genre qui peuplent et animent les réseaux sociaux, Ghayd Chammas a trouvé sa place, son style et son vocabulaire.

Quand il a laissé tomber le masque, son fan club, plus de 145 000 followers, a découvert un jeune homme de 27 ans, diplômé en business marketing de la LAU et actuellement résidant à Doha. Longue barbe pointue, comme son regard et ses remarques, il a toujours été ouvert, sociable, proche de tous, et se qualifie de « gars fun, cool, ouvert et accessible ». Suffisamment créatif, ambitieux, voire parfois arrogant, pour se lasser du domaine de l'assurance. Passage professionnel obligatoire dans lequel il navigue pour la forme, sans jamais baisser la garde ni le regard sur notre société dysfonctionnelle à plus d'un niveau, Ghayd aime surprendre, amuser, mais également donner à réfléchir, pousser à se révolter.

Un jeune homme de son temps, multitalentueux, musicien, il gratte sa guitare dans le studio qu'il a mis en place, chez lui, adepte de beatboxing, c'est aussi un grand sportif : il a été instructeur d'escalade pendant huit ans, il pratique le foot, la course, la natation, le basket et l'athlétisme. « Vous n'avez qu'à choisir », lance-il, avant de rajouter : « J'ai acquis beaucoup d'expérience dans toutes ces pratiques. Elles ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui. » Un impatient, inventif, inspiré par tout ce qui l'entoure, le meilleur et surtout le pire.

 

Naissance d'un phénomène
« Un de mes hobbies, que certaines personnes peuvent considérer comme une perte de temps, consiste à poster des vidéos sur YouTube et sur ma page Facebook », confie-t-il à ceux qui ne le savent pas encore. « Pas de discours politiques, pas de mauvaises nouvelles », assure-t-il, ces clips, d'abord des messages personnels partagés entre amis qui pouvaient s'y identifier, sont signés #El3ama. L'expression, purement locale, intraduisible, résonne comme un haut-le-cœur face à des situations presque surréalistes que nous côtoyons pourtant au quotidien.

Ghayd Chammas a bâti sa réputation et son fan club sur la « reprise » des vidéoclips, complètement improbables, de stars parmi lesquelles Rola Yamout, Myriam Klink, Rima Diab, Amer Zayan ou encore Farès Karam. Sa voix off décrypte l'action, la garde-robe, la tenue, l'attitude de ces tristement célèbres stars de la chanson et même les génériques de fin, et les explique à sa façon en montant sa propre histoire. Il s'empare du « défaut de la cuirasse » et le transforme en anecdote. Un one-man-show particulier qu'il assume bien, et régulièrement, puisqu'il ne se lasse pas de créer de nouveaux vidéoclips, parfois un par semaine. Aucune réaction des personnes concernées, sauf pour certaines, une réponse intelligente et tactique, qu'elles ont repostées sur les réseaux sociaux. « La création de ma page et la naissance de ce concept ont demandé beaucoup de réflexion et de stratégie. J' y ai pensé pendant une longue année avant de me lancer et peut-être d'en faire un métier. »

 

 

 

Déclinaisons
Depuis quelques semaines, #El3ama s'attaque également à des sujets locaux plus graves qui nous concernent de près. Problèmes sociaux, poubelles, léthargie générale... Ce virage n'est pas un hasard. « Le succès est venu à moi avec les reprises de clips musicaux parce qu'ils faisaient l'actualité cet été, mais ce que j'ai vraiment envie de faire, c'est de mettre en avant le déficit de notre société en l'enrobant d'humour, sans faire de mal à quiconque. Mon objectif est de parler de sujets qui nous intéressent tous. Ces choses drôles que nous ne voyons plus. Et d'en faire des vidéos satiriques. » Apolitique, sans poser de jugements, Ghayd Chammas se contente d'en rire. Un rire intelligent qui, souvent, réussit à transformer le catastrophique en gag et notre grosse colère en grands éclats de rire. « Ma page Facebook n'est pas et ne sera jamais politique. J'essaie d'emporter les Libanais de toutes religions, milieu, conviction, loin de leurs soucis quotidiens, des nouvelles et des journaux télévisés qui ne diffusent que des images tristes. De les réunir sous une même blague qui les ferait rire autant et de la même manière. Je suis convaincu que ce message est suffisamment puissant et prouve que nous pouvons trouver une certaine sérénité en souriant aux mêmes choses. » « Je voudrais, poursuit-il, pousser les gens à regarder les choses autrement et sous des angles différents, de voir le ridicule là où il est. Peut-être ainsi, les prochaines générations pourront-elles refaire du Liban un lieu où il est bon vivre. Le but de cette page est un sourire collectif qui pourrait susciter une réaction contre les erreurs de notre société, les fautes de goût en musique, les fautes graves dans l'économie et plus encore. Une révolution peut-être. »

En attendant son propre réseau social et/ou un show télévisé où son humour et son discours seront inspirés de l'absurdité du monde entier, Ghayd Chammas foule les studios télés en invité vedette. Il est le rire du moment. Et ça, personne ne voudrait s'en priver. Sinon, certaines réalités seraient juste à pleurer...

 

 

 

Pour mémoire

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