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Liban - Échos de l’agora

Le « Bey rouge » ou le Liban de toujours

Une atmosphère hors du temps régnait en ce lundi 10 octobre 2016 à la Résidence des Pins lors de la remise, par l'ambassadeur de France Emmanuel Bonne, au nom du président François Hollande, des insignes de la Légion d'honneur au titre de commandeur à Samir Frangié. La brise automnale était légère, l'ambiance douce et chaleureuse, délicieusement familiale et affectueuse.

Les invités avaient plus l'impression de participer à une réunion entre amis qu'à un événement officiel et protocolairement rigide. Une petite pointe de nostalgie pinçait le cœur des convives. Chacun sentait au fond de lui-même que la France décorait en Samir Frangié le Liban de toujours, celui des relations qui vont bien au-delà de l'amitié entre les peuples même s'il semble s'effacer dans les mémoires. Pour Samir Frangié, la France s'était fait libanaise parce que, ce soir-là, Samir Frangié s'appelait Monsieur Liban.

 

(Lire aussi : Samir Frangié et l'homme nouveau)

 

Tout a été dit sur la carrière politique et le parcours peu banals de cet homme hors du commun. À lui tout seul il résume le Liban, sa diversité, ses contradictions mais aussi son extraordinaire résilience et son caractère bon enfant en dépit de tous les malheurs qui le frappent depuis de longues décennies.

Monsieur Liban, le Bey rouge comme on le surnomme, est une figure surprenante. C'est un chef féodal par son lignage, certes, mais il mène la vie simple, sans ostentation, de toute famille bourgeoise. Ses manières, d'une exquise civilité, trahissent en lui le grand seigneur. Et pourtant, il demeure très proche des gens les plus simples et les plus humbles. Fidèle en amitié, redoutable comme adversaire, exigeant en matière de droits humains, il est, dans sa chair, le symbole même du courage, de la modération, de la réconciliation et du pardon. Il prend un soin particulier à ne pas laisser la puissance de sa force intellectuelle écraser la grande bonté de son cœur d'homme.

Ce fils de Zghorta et de ses clans est comme un poisson dans l'eau en son fief. Et pourtant, même là, il demeure marqué par la citadinité et les valeurs de l'urbanité qui le distinguent. Son vivre-ensemble est une échelle de valeurs urbaines toutes centrées sur l'individu, qui demeurent sa seconde nature.

 

(Lire aussi : Samir Frangié élevé au rang de commandeur : la nouvelle bataille pour la paix est lancée)

 

Samir Frangié aurait pu, sans difficulté aucune, se conformer à l'univers traditionnel de la montagne libanaise. Bey, fils de bey, il aurait pu se tailler une stature que son lignage avait sculptée avant même qu'il ne soit né. Et pourtant, c'est en ville qu'il a choisi de se forger une image à la mesure de sa perception de son autonomie individuelle. En ville, on peut devenir « chien ou enfant » comme le dit si bien Borges. Samir Frangié a choisi, pour lui, d'être un incorrigible rebelle, aux colères mémorables et à l'humilité proverbiale. Le bey n'aime pas être un patron despotique et disposer d'une masse d'hommes prêts à lui obéir aveuglément. Le bey cultive le sens démocratique jusqu'à l'obsession. Il n'impose aucune décision, il partage ses idées ; il est à la recherche permanente, non du simple compromis souvent peu glorieux, mais du consentement librement et volontairement partagé.

Monsieur Liban, ou Samir bey, se distingue par sa gentillesse souriante, même face aux pires épreuves. Il y avait quelque chose de l'ordre de la grâce lorsque nous l'avons entendu, dans son discours à la Résidence des Pins, parler pudiquement de ce « moment difficile de mon existence où je dois mener, une nouvelle fois encore, bataille contre une violence d'un type différent et d'une nature plus insidieuse ». Rongé et miné par la violence de la maladie, Monsieur Liban gardait son sourire d'enfant et son regard pétillant de cette énergie juvénile qui le distinguent.

 

(Lire aussi : Samir Frangié à « L'OLJ » : Il est temps de jeter les bases d'un autre Liban, un Liban de paix)

 

À l'image du Liban et de son incorrigible résilience, Samir Frangié nous a donnés une magnifique leçon d'humanité. Affaibli par la maladie, en ce haut lieu de l'histoire libanaise, il nous a montrés, en toute simplicité, combien l'homme demeure somptueux au milieu de toutes ses misères.
La France, patrie de l'esprit universel et de l'humanisme, a donc reconnu en Samir Frangié le symbole même du Liban mais aussi un homme qui a su incarner, à la perfection, les valeurs qu'elle a elle-même transmises au monde : le sens aigu de la Liberté, le vécu le plus réel de l'Égalité de tous les hommes et le partage de la Fraternité la plus réelle en dépit de toutes les contradictions.

La France a compris que ses propres valeurs de Liberté-Égalité-Fraternité sont le contenu du vivre-ensemble de Samir Frangié, le Libanais courageux, libéré des lourdes chaînes du clanisme et du confessionnalisme.
À cet homme, tout mon respect.

 

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Une atmosphère hors du temps régnait en ce lundi 10 octobre 2016 à la Résidence des Pins lors de la remise, par l'ambassadeur de France Emmanuel Bonne, au nom du président François Hollande, des insignes de la Légion d'honneur au titre de commandeur à Samir Frangié. La brise automnale était légère, l'ambiance douce et chaleureuse, délicieusement familiale et affectueuse.
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commentaires (1)

TOUT MON RESPECT AUSSI ET TOUTE MON ADMIRATION A CE NOBLE ET HONORABLEMENT INCORRUPTIBLE FILS DU VRAI LIBAN !

MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

07 h 55, le 15 octobre 2016

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Commentaires (1)

  • TOUT MON RESPECT AUSSI ET TOUTE MON ADMIRATION A CE NOBLE ET HONORABLEMENT INCORRUPTIBLE FILS DU VRAI LIBAN !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    07 h 55, le 15 octobre 2016

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