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Moyen Orient et Monde - Égypte

Le Parlement, docile, résiste rarement à Sissi

Il n'y a pas de réelle opposition parmi les 596 membres de la Chambre, même si un groupe d'une trentaine d'élus appelé « 25-30 » s'est opposé à plusieurs projets de loi.

Le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi s’adressant au Parlement égyptien, en février 2016. Photo Agence Mena

Le Parlement égyptien a fait preuve d'une rare résistance la semaine dernière en amendant une loi sur les fonctionnaires mais une telle distanciation de la ligne du président Abdel Fattah el-Sissi reste exceptionnelle.

Le projet de loi final a ainsi rendu plus difficile le licenciement des fonctionnaires alors que M. Sissi plaide pour un dégraissage de la fonction publique, aujourd'hui pléthorique. Il n'y a pourtant pas de réelle opposition organisée dans cette Chambre unique de 596 membres, élue en 2015, même si un groupe d'une trentaine d'élus appelé « 25-30 » s'est opposé à plusieurs projets de loi.
Cette élection législative de 2015 a été présentée comme la troisième phase d'un processus démocratique entamé en 2014 par un référendum constitutionnel et une élection présidentielle, organisés dans l'année qui a suivi la destitution par l'armée du président élu islamiste Mohammad Morsi. La Constitution a accordé au Parlement des pouvoirs étendus, dont la possibilité de destituer le président et de voter la confiance au Premier ministre.

Mais une fois élu, le président Sissi a clairement fait savoir qu'il souhaitait mettre fin à l'instabilité politique qui a plombé l'économie du pays depuis 2011. Pour cela, il s'est appuyé sur le Parlement. Et la majorité des élus semblent s'en satisfaire. « Nous avons réussi dans la première session (un an) ce que les Parlements précédents ont fait en cinq ans », s'est félicité l'élu Mohammad Hassan Madina. Le président de la Chambre Ali Abdel Aal a récemment rabroué un parlementaire qui demandait si des retraites militaires étaient toujours versées aux anciens officiers qui occupent aujourd'hui des fonctions dans les industries et les institutions.
« Cette conversion est terminée », a hurlé le président face au parlementaire, Mohammad Anouar Sadate, un parent de l'ancien président égyptien assassiné. « Le message est passé, pas seulement au représentant (Sadate), mais aussi à tous ceux qui pourraient essayer de créer la division entre le peuple et l'armée », a alors lancé M. Abdel Aal, applaudi par d'autres parlementaires.

 

(Lire aussi : Dans l'Égypte de Sissi en crise, l'armée est appelée à la rescousse)

 

« D'accord avec tout »
L'Égypte n'a pas eu de Parlement entre juin 2012 et octobre 2015 et à leur installation, les élus actuels ont passé en revue plus de 300 lois déjà promulguées par M. Sissi et Adli Mansour, le président par intérim après M. Morsi. « Le Parlement a passé la plupart de son temps à approuver des lois du gouvernement, sous la forme souhaitée par le gouvernement », dit le parlementaire Ahmad el-Tantawi, membre du groupe « 25-30 ». Pour Amr Hashem Rabie, un politologue du cercle de réflexion al-Ahram Center for Political and Strategic Studies, les élus « pensent que si on s'oppose au régime, on s'oppose à l'État ».

Les experts avaient prédit dès le début que ce Parlement ainsi formé serait faible et divisé face au président Sissi, notamment parce que l'opposition principale au gouvernement, celle des Frères musulmans, a été interdite. La seule coalition au Parlement, dont M. Abdel Aal fait partie, s'appelle « Soutien à l'Égypte » et c'est un groupe progouvernement. La majorité de ce groupe « est d'accord avec tout », explique Mohammad Zakaria Mohieddine, un élu indépendant. « Le gouvernement a obtenu tout ce qu'il voulait du Parlement », dit-il.

S'agissant du débat sur le budget annuel, « le Parlement a été plus qu'une simple chambre d'enregistrement (...), il a aussi trouvé des excuses (au gouvernement) », estime Salma Hussein, chargée de recherches au Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR). Ce groupe de recherche sur les droits de l'homme affirme que le budget 2016-2017 n'a pas atteint le niveau requis par la Constitution dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la recherche scientifique. Mais la commission du Plan et du Budget a elle estimé que les exigences constitutionnelles avaient été respectées. Quant à M. Sadate, le parlementaire épinglé sur la question des retraites des officiers, il a expliqué avoir démissionné de la présidence de la commission parlementaire des Droits de l'homme parce que plusieurs lois avaient été soustraites à son examen.

 

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