Le reporter à la houppette est à la bande dessinée ce qu'Alain Delon est au polar : un représentant démodé, et qui vieillit mal, d'une période à oublier.
Tintin et sa galerie de personnages improbables ne peuvent plus être une alternative culturelle à l'éveil de nos enfants. À l'heure des Assassin Creed, Warcraft et autres Game of Thrones, comment un petit blond vénitien à houppette, qui porte des knickers, peut-il être une alternative de personnification et d'héroïsme? Signe qui ne trompe pas, aucun footballeur vivant ou mort n'a adopté sa coupe de cheveux. Pour ceux qui font partie de la fatidique tranche d'âge de 7 à 77 ans, Tintin a toujours été synonyme d'obligation, d'héritage, de lecture forcée. Les grands-parents à qui on avait intimé l'ordre de lire les albums ont forcé leurs enfants qui, à leur tour, forcent les leurs. Peut-on leur dire que dans Tintin, les gentils ne font pas envie et les méchants ne font pas peur ? Quelqu'un peut-il expliquer que la tribu d'amis du héros reporter a plus du groupe de thérapie que de l'équipe prête à sauver le monde, entre un vieux saoulard mythomane régressif, un duo improbable de détectives maladroit et hydrocéphale, un chercheur tout juste sorti d'une décongélation et une cantatrice insupportable qui ressemble à la tante souffrant d'halitose et qui ne s'est privée de rien dans sa vie privée. Passons enfin sur les procès en nazisme, et la vision géopolitique exprimée au fil des albums, typique des années colonialistes, trop naïve et simpliste pour qu'un ado 2016 y apprenne quoi que ce soit. Un jeune Libanais sait qu'en Afrique, ce sont ses compatriotes qui portent l'économie, et notamment ses cousins, ceux qui se sont fait reconstruire le château de Moulinsart à Miziara.
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