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Culture - Exposition

Tintin, capitaine ad hoc au Grand Palais

Le Musée fête Hergé et les 70 ans du « Journal de Tintin » dans une exposition-Babel.

Vue de l’exposition Hergé au Grand Palais. © Rmn-Grand Palais / Photo Didier Plowy © Hergé-Moulinsart

Plus qu'à Tintin, c'est à son créateur et papa Hergé que l'exposition du Grand Palais* parisien a voulu rendre hommage, à l'occasion des 70 ans du Journal de Tintin. Une rétrospective qui brosse le portrait d'un auteur humble et avant-gardiste, et renforce surtout son penchant certain pour le petit reporter à la houppette blonde.
La rétrospective parisienne consacrée à Georges Remi (alias Hergé) s'ouvre sur la triste une de Libération qui annonçait son décès en 1983. Au-dessus, une citation de l'auteur qui confiait quelques années plus tôt à Libre Belgique: «Tintin m'a rendu heureux. J'ai fait de mon mieux ce que j'ai fait et ça n'a pas été toujours facile. Mais je me suis beaucoup amusé. Et en plus, comme le disait Sacha Guitry, on m'a payé pour le faire. C'est un comble, non?» Le ton est donné, comme celui d'un parent qui masque mal un penchant pour l'un de ses gamins. De fait, malgré la volonté du Grand Palais de proposer au public d'explorer certains aspects plus méconnus de l'œuvre et de la personnalité d'Hergé, malgré ses portraits géants qui s'accrochent aux murs et jalonnent le parcours, le fil rouge de cette exposition est incontestablement...
Tintin.

Hergé hors Tintin
C'est que les aventures du reporter blond à l'épi en vague de surfeur, entamées en 1929 dans le Petit Vingtième et vendues à plus de 230 millions d'exemplaires, sont si grandioses qu'elles se suffisent à elles-mêmes. Cela est indubitablement l'avis de la plupart des visiteurs qui semblent sillonner les dix salles du musée, presque compulsivement, à la recherche de celui qu'ils connaissent: le «Hergé de Tintin». Or, cette rétrospective nous prouve qu'il est impossible de comprendre véritablement l'œuvre de l'auteur belge, de l'apprécier à sa juste valeur surtout, sans se pencher sur l'état natif de son mythe. C'est-à-dire, d'abord, l'enfance de Georges Remi, baignée dans l'imagerie sportive et bon-enfant du mouvement scout belge qui a sans conteste influencé ses premiers balbutiements graphiques. Mais aussi sa courte carrière de publicitaire (une salle est consacrée aux affiches qu'il avait réalisées) et sa collection privée, constituée de Warhol, Dubuffet, Fontana pour n'en citer qu'eux, qui corrobore son penchant pour un large éventail artistique et lui permettra d'intégrer dans ses cases des clins d'œil à divers courants artistiques.

La naissance d'un mythe
Le plus marquant est sans doute l'accès qu'offre le Grand Palais aux coulisses de Tintin, faites d'hésitations, de remords, avant que le juste trait ne trouve son tempérament bien trempé. Ce jeu de piste qui mène de l'encre noire (les premières planches captivantes du Lotus Bleu peintes à l'encre de Chine) vers la ligne claire (style graphique de lisibilité dont Hergé a été le pionnier) est donc le point fort de cet ensemble où l'inédit a la vedette. On retient en l'occurrence la plongée dans l'atelier, ce laboratoire d'idées où Hergé et ses collaborateurs, en véritables stakhanovistes du coup de crayon, ont planché sur leurs tables à dessin pour accorder les traits, les mots et finalement les couleurs de cette légende d'un demi-siècle. On y croise les ébauches du castelet de personnages d'Hergé : Milou, le capitaine Haddock et Tintin évidemment croqués à la mine de plomb, un mur de fascicules jaunis du Petit Vingtième ou les esquisses timides et éternelles de l'album inachevé L'Alph-Art. Tous accompagnés d'une explication détaillée du processus qui conduit à l'impression des planches et témoigne ainsi de la division des tâches aux Studios Hergé que le patron cornaque de «trait» près.
Pour un observateur neutre, ni tintinophile ni tintinophobe, le plus mémorable dans cette rétrospective n'est pas tant les esquisses affichées, somme toute troublantes. Ni même la fresque finale, saisissante, qui déroule l'imaginaire de Tintin sur presque 360 degrés. C'est surtout le regard des visiteurs, petits et grands enfants biberonnés à la griffe Hergé. Ces regards comme des myriades d'étoiles qui font que Tintin, presque 100 ans, continue comme jamais à être un héros contemporain.

*Hergé au Grand Palais, Paris, jusqu'au 15 janvier.

 

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Plus qu'à Tintin, c'est à son créateur et papa Hergé que l'exposition du Grand Palais* parisien a voulu rendre hommage, à l'occasion des 70 ans du Journal de Tintin. Une rétrospective qui brosse le portrait d'un auteur humble et avant-gardiste, et renforce surtout son penchant certain pour le petit reporter à la houppette blonde.La rétrospective parisienne consacrée à Georges Remi...

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