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Culture - Disparition

Andrzej Wajda, conteur inlassable de la mouvementée histoire polonaise

Légende du cinéma mondial, le réalisateur est décédé, dimanche dans la nuit, d'une insuffisance pulmonaire à l'âge de 90 ans.

Andrzej Wajda en 2013, lors du Festival de Venise au cours duquel il a reçu le prix Premio Persol. Malgré son grand âge, le cinéaste était resté très actif ces dernières années. Son dernier film, « Powidoki » (« Après-image », 2016), qui n’est pas encore sorti en salle, sera le candidat polonais aux oscars. Gabriel Bouys/AFP

Le célèbre metteur en scène polonais Andrzej Wajda est mort, dimanche dans la nuit, à Varsovie, à l'âge de 90 ans, ont annoncé hier matin ses proches et plusieurs médias polonais. Le réalisateur est décédé d'une insuffisance pulmonaire. Hospitalisé depuis plusieurs jours, il se trouvait dans un coma pharmacologique, a indiqué un proche de la famille qui a demandé à garder l'anonymat. « Nous espérions qu'il en sortirait », a dit le scénariste et metteur en scène Jacek Bromski sur la chaîne privée TVN24.
Malgré son grand âge, le cinéaste était resté très actif ces dernières années, secondé par son épouse Krystyna Zachwatowicz (actrice, metteuse en scène et scénographe). Légende du cinéma mondial, Andrzej Wajda a été pendant toute sa vie le chantre de la mouvementée histoire polonaise, à laquelle il a su donner une dimension universelle.
Né le 6 mars 1926 à Suwalki, au nord-est de la Pologne, Andrzej Wajda veut suivre l'exemple de son père, militaire de carrière, et tente, sans succès, d'entrer en 1939 dans une école militaire, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Pendant l'occupation nazie, il commence à suivre des cours de peinture, qu'il prolongera après la guerre à l'Académie des beaux-arts de Cracovie, avant d'entrer dans la célèbre école de cinéma à Lodz.
Ses premiers films sont imprégnés de l'expérience douloureuse de la guerre, de la résistance polonaise contre les nazis. Son premier long-métrage, Génération (1955), un récit portant sur le sort de jeunes des faubourgs de Varsovie pendant l'occupation, a donné naissance à la célèbre École polonaise de cinéma, courant où l'on entreprenait un débat sur l'héroïsme et le romantisme polonais. En 1957, Andrzej Wajda obtient à Cannes le Prix spécial du jury pour son chef-d'œuvre sur l'insurrection de Varsovie en 1944, Kanal (Ils aimaient la vie). « Ce fut le début de tout, avoua-t-il 50 ans plus tard. Cela m'a permis de faire ce qui devait être mon film suivant, Cendres et diamant (1958). Il m'a donné une position forte dans le cinéma polonais. »
À partir des années 1970, l'œuvre d'Andrzej Wajda s'inspire du patrimoine littéraire polonais : Le Bois de bouleaux (1970), Les Noces (1972), La Terre de la grande promesse (1974). En 1977, il présente au Festival de Cannes L'Homme de marbre, critique de la Pologne communiste, auquel il donne une suite trois ans plus tard dans L'Homme de fer. Le film, racontant pratiquement en temps réel l'épopée de Solidarnosc (Solidarité), premier syndicat libre du monde communiste, est récompensé par la Palme d'or à Cannes. « Le jour de la Palme a été très important dans ma vie, bien sûr. Mais j'étais conscient que ce prix n'était pas uniquement pour moi. C'était aussi un prix pour le syndicat Solidarnosc », a-t-il expliqué.
Andrzej Wajda a offert sa Palme d'or à un musée de Cracovie. Elle y est exposée aux côtés d'autres trophées, comme l'oscar qui lui a été décerné en 2000 pour l'ensemble de son œuvre. Alors que ses nombreux amis sont emprisonnés lors du coup de force du général Wojciech Jaruzelski contre Solidarnosc, en décembre 1981, la Palme d'or le sauve de la prison.

Amoureux du théâtre et du Japon
Ses prises de position hostiles au régime de Jaruzelski l'incitent à réaliser des films à l'étranger. Il tourne alors Danton (1983), avec Gérard Depardieu, Un amour en Allemagne (1986) ou Les Possédés (1988), d'après Dostoïevski.
Après la chute du communisme, en 1989, Andrzej Wajda revient à l'histoire avec notamment Korczak (1990), L'Anneau de crin (1993) ou La Semaine sainte (1995). Il adapte toujours au cinéma les grandes œuvres de la littérature polonaise, comme Pan Tadeusz, quand Napoléon traversait le Niemen (1999) et La Vengeance (2002). Son film sur la Pologne moderne d'après 1989, Mademoiselle Personne (1996), ne rencontre pas le succès escompté. Dans Katyn, nominé aux oscars en 2008, il raconte l'histoire tragique de son propre père, Jakub Wajda, qui fut l'un des 22 500 officiers polonais massacrés par les Soviétiques en 1940, notamment à Katyn. Capitaine d'un régiment d'infanterie de l'armée polonaise, il fut exécuté d'une balle dans la nuque par le NKVD, la police secrète de Staline. Son film consacré au leader du syndicat Solidarnosc, Lech Walesa, intitulé L'Homme du peuple, est sorti en salle en 2013. Il a été présenté lors du Festival de Venise, en sélection hors compétition.
Amoureux du théâtre, Andrzej Wajda a également mis en scène une quarantaine de pièces, dont plusieurs présentées à l'étranger, notamment en Amérique du Sud et au Japon. Grand passionné de la culture japonaise, le cinéaste a créé en 1994, à Cracovie, un centre de civilisation japonaise baptisé Manggha. En 2002, il avait lancé sa propre école de cinéma et d'écriture de scénarios.
Son dernier film, Powidoki (Après-image, 2016), dont la première a eu lieu en septembre au Festival de Toronto et qui n'est pas encore sorti en salle, sera le candidat polonais aux oscars. Andrzej Wajda y raconte les dernières années de la vie d'un peintre d'avant-garde et théoricien de l'art, Wladyslaw Strzeminski, en lutte contre le pouvoir stalinien. Certains critiques y ont vu une métaphore de la Pologne actuelle, dirigée par les conservateurs du parti Droit et Justice (PiS).

(Source : AFP)

Le célèbre metteur en scène polonais Andrzej Wajda est mort, dimanche dans la nuit, à Varsovie, à l'âge de 90 ans, ont annoncé hier matin ses proches et plusieurs médias polonais. Le réalisateur est décédé d'une insuffisance pulmonaire. Hospitalisé depuis plusieurs jours, il se trouvait dans un coma pharmacologique, a indiqué un proche de la famille qui a demandé à garder...

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