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Lifestyle - This is America

Arcimboldo aux (dé)mesures américaines

Dans ces espaces infinis où la vie, la liberté et la recherche du bonheur sont un droit, selon la déclaration d'indépendance américaine, on ne peut qu'exister « big », penser « big » et créer « big ».

Deux visiteurs face à l’hiver.

Lorsque le sculpteur américain Philip Haas a revisité la Renaissance, il y a été big. Cet artiste, à la base célèbre cinéaste, a réinterprété en installation XXIe siècle les célèbres quatre saisons, conçues comme des portraits phytomorphes par le peintre maniériste milanais Giuseppe Arcimboldo (1527-1593). « Je voulais amener l'imagerie de la nature du XVIe siècle à notre époque », explique-t-il. Il appelle cela « sculpter par la pensée ».

Alors qu'Arcimboldo avait donné des visages métaphoriques aux quatre saisons en les peignant à l'aide de fruits, de fleurs, de légumes et autres végétaux, l'artiste américain a rajouté à ce concept une troisième dimension en le détournant en de gigantesques sculptures. Chez lui, chaque saison à visage humain mesure 4,50 mètres et les éléments végétaux qui constituent ce concept, et qui rappellent la saison évoquée, ont été sculptés à grande échelle de ses propres mains. Il a voulu offrir au public une perspective fouillée des travaux du peintre milanais, qu'à cet effet il a agrandie à l'infini pour qu'aucun détail ayant une portée donnée ne lui échappe. « Ce qui était une expérience à deux dimensions est devenu une aventure interactive tridimensionnelle, permettant de faire le tour des faciès pour les voir sous tous leurs angles. L'installation est une promenade à travers les quatre saisons personnifiées », précise la curatrice Kate Market.

Dans les jardins fusionnels du Hillwood Museum
Le printemps est composé d'une multitude de fleurs, l'été est moins surchargé et plus facile à examiner avec son sourire fait de deux énormes petits pois entrouverts, l'automne est une corne d'abondance d'où débordent d'impressionnantes grappes de raisin et l'hiver met l'accent, en branches sèches, sur une période dénudée et dormante. L'imagerie d'Arcimboldo est touffue, mais il est de notoriété publique que le célèbre peintre milanais n'a pas disposé les produits de la nature au hasard. Il a plutôt voulu donner un sens à leur spécificité. De par son aspect formel et ses caractéristiques, chaque substance est choisie pour raconter, sur un ton fantaisiste, la nature humaine. Le champignon représente bien une oreille, la pêche une joue, la poire un nez, les épis de blé un cou, etc. Le peintre de la Renaissance, devenu peintre officiel de Ferdinand Ier de Habsbourg, se servait de ce procédé, tenant à la fois de l'allégorie, du fantastique et du surréel, comme commentaire politique et satire de la société.

L'artiste américain a donc amplifié le bouffon visuel que jouait l'Italien dans une période excentrique de l'histoire où, à travers le maniérisme, on recherchait le bizarre et le superflu. Techniquement parlant, Arcimboldo serait un peintre de natures mortes dont les portraits, à première vue, pourraient être d'extravagants arrangements de fruits et de légumes, et qui après un regard appuyé révèlent des traits humains.

Pour la transformation en une monumentale installation de ces images uniques, un cadre, également sorti de l'ordinaire, a été choisi à cet effet : les jardins si particuliers du Hillwood Museum. Un musée spécial, qui avait été l'ancienne demeure d'une richissime collectionneuse d'œuvres d'art, Marjorie Merriweather Post, elle aussi unique, ayant marqué la vie socioculturelle du Washington du début du siècle dernier. Les quatre saisons aux dimensions américaines resteront chez elle jusqu'en juin prochain. Du haut de leur make over, elles se mettront à l'heure des saisons qui métamorphosent les jardins environnants de styles divers : un parterre français, une pelouse lunaire, un jardin japonais, un jardin de roses, un espace vert et une allée de l'amitié. Un mélange de genres qui sied à leur origine fusionnelle.

 

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