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Moyen Orient et Monde - Je vous parle d’Alep...

VII- Jack, étudiant à Alep-Ouest : « Chaque matin dans le bus, nous essayons de ne pas penser à ce qui se passe de l’autre côté »

On parlera plus tard d'Alep comme on parle aujourd'hui de Sarajevo, de Srebrenica ou de Grozny. On parlera de la politique de la terre brûlée menée par le régime syrien, les Russes et les Iraniens sous le regard des Occidentaux, impuissants. Parce que cette histoire tragique est en train de se passer à quelques kilomètres de nos frontières, parce que cette bataille symbolise, plus que n'importe quelle autre, la nature et les enjeux du conflit syrien, « L'Orient-Le Jour » a décidé de donner la parole aux Alépins pendant une semaine. Chaque jour, un Alépin, homme ou femme, vivant à l'Est, dans les quartiers rebelles, ou à l'Ouest, dans les quartiers loyalistes, médecin, infirmier, Casque blanc, marchand, combattant, photographe, étudiant ou autre, racontera son quotidien dans l'enfer d'Alep.
Aujourd'hui le témoignage de Jack Kazanji, étudiant à Alep-Ouest.

Jack Kazanji espère pouvoir faire sa vie en Allemagne. Photo Facebook

Je me suis levé vers 9h. Une demi-heure plus tard, j'ai attrapé le bus de l'Université privée d'Ebla, mis à disposition des étudiants. Aujourd'hui (hier), c'était le premier jour des inscriptions pour le premier semestre. Je suis en 4e et dernière année d'économie.

Mes quatre amis et moi-même sont les seuls inscrits ce semestre. J'ai payé les droits d'inscription puis j'ai retrouvé mes amis à la cafétéria, pour rattraper le temps perdu, après la fermeture estivale, autour d'un bon café. Après nous sommes allés dans le quartier Jameliyé, où se trouve le souk des téléphones portables, parce qu'on voulait s'en acheter un neuf. Puis je suis rentré chez moi pour déjeuner. Dans l'après-midi, je suis allé m'entraîner à la salle de sport, comme je le fais quotidiennement. Après, j'ai rejoint mes amis au café Gardel, à Aziziyé, pour fumer un narguilé et boire un nescafé. Ce soir on se retrouvera chez l'un d'entre nous pour regarder un film jusqu'à minuit.

Au quotidien, on essaie de mener une vie normale. Notre fac se trouve dans le quartier de Hamdaniyé, qui est un peu éloigné du centre-ville. Des roquettes ont été lancées aujourd'hui pas très loin. Deux d'entre elles sont tombées sur l'université d'Alep, comme la veille où deux étudiants ont été tués. Mais quand nous prenons le bus chaque matin, la plupart du temps nous essayons de ne pas penser à ce qui se passe de l'autre côté, on plaisante, on discute. On branche nos écouteurs, en essayant de faire le vide. Nous sommes passés par tellement d'épreuves, qu'aujourd'hui, nous ne souhaitons qu'une chose, c'est de sortir diplômé en février prochain et pouvoir partir à l'étranger. J'ai fait une demande pour rejoindre une faculté en Allemagne, et j'espère pouvoir faire ma vie là-bas. Mes amis aussi rêvent d'Allemagne, d'Australie ou de Suède.

À Alep, on ne trouve plus de jobs. Celui qui en trouve a vraiment de la chance. Et puis la guerre n'est pas près de se terminer. Et quand ça sera le cas, le pays mettra beaucoup de temps à se reconstruire, et honnêtement, je pense à mon avenir, et je ne veux pas perdre davantage de temps que la guerre m'en a déjà volé.

 

"Je vous parle d'Alep", les précédents témoignages :

VI – Ismaël Alabdallah, Casque blanc à Alep : Nous avons pu trouver à manger aujourd'hui

V- Dr Farida, gynécologue-obstétricienne à Alep : « C'était un jour comme un autre, sous les bombes »

IV- Abou el-Abed, combattant rebelle : Ma mère n’a jamais accepté que j’aille combattre

III-Ameer, photographe : Quand je croise les enfants du quartier, ils m’indiquent des corps en décomposition

II - Yasser, comptable : « Ne t’inquiète pas mon amour, nous sommes en vie, ne sois pas triste pour la maison »

I - Mohammad, infirmier : « Les enfants ne save

Je me suis levé vers 9h. Une demi-heure plus tard, j'ai attrapé le bus de l'Université privée d'Ebla, mis à disposition des étudiants. Aujourd'hui (hier), c'était le premier jour des inscriptions pour le premier semestre. Je suis en 4e et dernière année d'économie.
Mes quatre amis et moi-même sont les seuls inscrits ce semestre. J'ai payé les droits d'inscription puis j'ai retrouvé...

commentaires (2)

C,EST QUE DE CE COTE VOUS N,OSEZ PAS FAIRE AUTREMENT ...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 39, le 06 octobre 2016

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Commentaires (2)

  • C,EST QUE DE CE COTE VOUS N,OSEZ PAS FAIRE AUTREMENT ...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 39, le 06 octobre 2016

  • Je vous souhaite tout le courage, et la chance pour survivre cher Jack... Nous sommes passés par là..

    LeRougeEtLeNoir

    09 h 11, le 06 octobre 2016

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