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Liban - Polémique

Vol de sable à Ramlet el-Baïda : Zeaïter réaffirme fermement son interdiction

Les travaux d'excavation sur un lopin de la dernière plage publique de Beyrouth ont repris lundi, avant de s'arrêter une nouvelle fois hier. Mais jusqu'à quand ?

Sur cette photo datant de la semaine dernière, une pelleteuse et des camions s’employant à prélever le sable au niveau de la partie sud de la plage de Ramlet el-Baïda.

L'affaire des excavations sur le terrain à l'extrême sud de Ramlet el-Baïda (au niveau du projet d'Eden Rock) défraie la chronique depuis plusieurs jours : après une reprise des travaux par l'entrepreneur du projet situé à cet endroit lundi – ils avaient été interrompus suite à une décision du ministère des Travaux publics–, ils ont de nouveau été arrêtés hier, constate le militant Raja Noujaim. Ce dernier dit avoir lui-même porté plainte auprès des Forces de sécurité intérieure (FSI) contre la reprise des travaux, ce qui a une fois de plus provoqué leur arrêt par les forces de l'ordre. Mais jusqu'à quand ? Hier, en réponse à un article de presse qui relatait la poursuite des travaux lundi, le ministre des Travaux publics et des Transports, Ghazi Zeaïter, a précisé dans un communiqué avoir publié dès le 30 septembre dernier une décision visant à interdire les travaux d'excavation sur la plage de Ramlet el-Baïda. Il en a d'ailleurs publié le texte exact, rappelant qu'il s'était basé sur le fait que « ces travaux étaient entrepris sans permis délivré par le ministère ». « L'excavation et le transport du sable sans respect des règles en vigueur représentent une agression contre les biens-fonds publics », a-t-il précisé.

Pour rappel, l'entrepreneur en charge des travaux affirme avoir obtenu un permis de construire sur ce terrain côtier, qui lui a été délivré par le mohafez de Beyrouth début septembre. Le mohafez Ziad Chbib confirme à L'OLJ qu'il a bien délivré ce permis parce que « ce terrain ne fait pas partie des biens-fonds maritimes publics ». Il ajoute néanmoins que le permis de construire accordé à l'entrepreneur « ne lui permet en aucun cas de s'approcher de la plage et d'y ériger des constructions ».

 

(Pour mémoire : Égouts de Ramlet el-Baïda : un début de solution ?)

 

Du sable « charrié par les vagues »...
Raja Noujaim cite de nombreux arguments qui vont à l'encontre de cette affirmation. « Ce terrain est sablonneux, et non rocheux comme le prétend le mohafez dans sa décision, donc un terrain public de par sa nature, même s'il fait l'objet d'un titre de propriété », dit-il. Un titre de propriété contestable en tous points, selon le militant, puisque la nature visible de la plage, ainsi que les plans et les photos aériennes montrent bien qu'il s'agit non seulement d'un terrain sablonneux, mais recouvert par les vagues en hiver, d'où le fait qu'il appartient à la catégorie des biens-fonds maritimes publics suivant la loi de 1925.

« De plus, les documents prouvent que ce terrain a été créé (en d'autres termes son titre de propriété a été délivré) en 1949, donc des années après la loi de 1925 qui était supposée avoir déterminé définitivement les biens-fonds publics maritimes, poursuit-il. À cela, il faut ajouter que ce terrain se trouve en dessous de la route, du côté de la mer, donc une preuve de plus que le document de propriété est falsifié à la base. » Enfin, ajoute-t-il, cartes à l'appui, la loi impose un recul par rapport à la côte qui n'a pas été respecté dans le cas présent, d'où le fait qu'il apparaît clairement que ce terrain ne devrait pas être constructible. Comment le mohafez explique-t-il que ce terrain ne soit pas public, alors que du sable en si grande quantité en est retiré par l'entrepreneur ? M. Chbib rappelle d'emblée qu'il avait lui-même gelé tous les travaux à Ramlet el-Baïda il y a trois mois, en vue de réétudier le dossier de chacun des terrains contestés. « Il s'est avéré que le groupe de quatre terrains dont il est question dans cette affaire, et qui ont été regroupés en un seul par le propriétaire, surplombent la plage et sont de nature rocheuse, dit-il. Cependant, des excavations qui y ont été effectuées l'année dernière ont fait baisser le niveau du terrain qui s'est retrouvé sous le niveau de la mer, d'où le fait que les vagues ont pu l'atteindre cet hiver et le recouvrir de sable. Mais ça n'en fait pas pour autant des biens-fonds publics maritimes. » Du sable en si grande quantité charrié par des vagues au point de donner l'impression d'un terrain sablonneux ? Étonnant.

D'autre part, le terrain se trouve en contrebas de la route, n'est-ce pas une preuve qu'il est en continuité avec la plage? « Selon les plans, il est au-dessus de l'ancienne route qui traversait ces terrains, c'est ce que nous avons vérifié auprès des différentes institutions de l'État », insiste-t-il. M. Chbib précise avoir fait signer un engagement à l'entrepreneur concernant la construction prévue, indiquant l'avoir « obligé à modifier ses plans » et à respecter « le recul par rapport à la plage ».

 

(Lire aussi : Un concert pour promouvoir la sauvegarde de Ramlet el-Bayda)

 

Un permis de construire dans les règles ?
Concernant le permis de construire délivré récemment par le mohafez, Raja Noujaim fait plusieurs remarques : d'une part, il relève le fait que le mohafez et l'entrepreneur ne se fondent que sur un « avis » donné par la Direction générale de l'urbanisme (DGU) dans lequel celle-ci précise toutefois qu'il faut fournir de nouveaux documents au dossier, selon lui. Il se demande pourquoi le mohafez n'a pas consulté le ministère des Travaux publics, ce qu'il aurait dû faire du fait que le terrain est, dans tous les cas, limitrophe d'un bien-fonds public. Pourquoi, donc, aucun dossier n'a été présenté de manière réglementaire pour ces travaux, se demande-t-il.

Concernant la DGU, M. Chbib souligne qu'elle a « approuvé le projet dans son ensemble », mais que de manière générale, « un tel permis est délivré par le mohafez seul, après un avis du comité d'ingénierie de la municipalité de Beyrouth ». Pourquoi, alors, si tout est en règle, le ministère des Travaux a-t-il ordonné l'arrêt du chantier ? « Il faut le lui demander, mais je peux vous dire que personne ne peut arrêter ce chantier sauf par une décision du mohafez ou de la justice, répond-il. Si quelqu'un s'estime lésé et qu'il a qualité à porter plainte, il devrait présenter un recours auprès du Conseil d'État. »

« Il est vrai que le mohafez a délivré un permis de construire, mais celui-ci n'inclut pas les travaux d'excavation et de transport, fait pour sa part remarquer Raja Noujaim. On ne peut que se demander pourquoi le mohafez n'a pas arrêté les travaux d'excavation puisque, techniquement, ils sont effectués sans le bon permis. » Pour ce qui est du transport du sable, le mohafez de Beyrouth renvoie la balle au ministère de l'Intérieur, qui est le seul concerné d'après lui, et affirme ignorer quelle est sa position par rapport à ce problème... Ce que le militant redoute, comme tant d'autres citoyens d'ailleurs, c'est que la construction sur cette parcelle n'ouvre l'appétit d'autres entrepreneurs concernant les autres terrains, dont le statut de propriété privée a été obtenu des décennies plus tôt par une suite de procédures pour le moins opaques. On ne voit plus la fin du combat contre la privatisation des espaces publics.

 

 

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commentaires (3)

Quelle autorité a donné des permis de construire des complexes balnéaires sur le littoral public maritime de Nahr-el-Kalb jusqu'à Maameltein ? Je connais l'un de ces complexes situé non-loin de Nahr-el-Kalb, construit dans les années 1980, dont les deux tiers sont construits sur le domaine public maritime. Les acheteurs d'appartements et de cabines ne détiennent pas encore des titres de propriété depuis 35 ans !!!

Un Libanais

19 h 21, le 05 octobre 2016

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Commentaires (3)

  • Quelle autorité a donné des permis de construire des complexes balnéaires sur le littoral public maritime de Nahr-el-Kalb jusqu'à Maameltein ? Je connais l'un de ces complexes situé non-loin de Nahr-el-Kalb, construit dans les années 1980, dont les deux tiers sont construits sur le domaine public maritime. Les acheteurs d'appartements et de cabines ne détiennent pas encore des titres de propriété depuis 35 ans !!!

    Un Libanais

    19 h 21, le 05 octobre 2016

  • 50 dollars le permi de construire, qui en veut? on peut donner un permi de construire ou que vous voulez, meme sur un cimetiere. mais y'aura un supplement de 25 dollars. Hier la lumiere eternelle gebran bassil a annonce qu'on n'etait pas un pays du tiers monde. il a bien raison, plutot un pays du 195eme monde, puisque c'est notre classement. Sur 195 bien sur, parceque si on venait a fractionner tout les grands pays du monde, on terminerais tjrs a la derniere place

    George Khoury

    10 h 03, le 05 octobre 2016

  • INTERDICTION OU PAS LES VOLEURS SE DONNENT A COEUR JOIE... NOMMEZ-LES... CONFISQUEZ LEUR MATERIEL... IMPOSEZ DES AMENDES TRES LOURDES... METTEZ LES DONNEURS D,ORDRES... LES VRAIS ALI BABA... EN TOLE ! EST-CE FAISABLE DANS NOTRE ATOLL ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 16, le 05 octobre 2016

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