Reflux massif de réfugiés afghans, 200.000 rapatriés du Pakistan en 2016 (HCR)

Plus de 200.000 réfugiés afghans ont été rapatriés du Pakistan en 2016, dont près de la moitié pendant le seul mois de septembre, a indiqué mardi l'agence de l'ONU pour les réfugiés. Il s'agit du plus important flux de retour au pays depuis que les Etats-Unis ont chassé du pouvoir les talibans en 2001.

Cette vague de rapatriements fait suite à une politique de plus en plus stricte du Pakistan, qui a renforcé ses contrôles aux frontières et la chasse aux Afghans sans papiers, et à une augmentation des incitations financières au retour.

La vaste majorité -- plus de 185.000 -- de ces réfugiés sont rentrés au pays depuis juillet, dont 98.000 pendant le seul mois de septembre, a indiqué le porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) Qaisar Khan Afridi.
"De janvier à aujourd'hui, le nombre de rapatriements volontaires de réfugiés vers l'Afghanistan a passé la barre des 200.000" a déclaré M. Afridi à l'AFP mardi. La tendance semble continuer de s'accélérer, jusqu'à 5.000 réfugiés ayant quitté le Pakistan chacun des quatre premiers jours d'octobre selon des responsables.

Le Pakistan accueille 1,6 million de réfugiés enregistrés selon un rapport d'Amnesty publié mardi, ce qui en fait le troisième pays au monde accueillant le plus de réfugiés. Mais selon le HCR, ce chiffre basé sur ses propres données est déjà obsolète et il n'y en a plus que 1,4 million. En outre, le nombre de réfugiés afghans non enregistrés est estimé à un million au Pakistan.

Depuis 2009, Islamabad a maintes fois repoussé la date-butoir pour quitter le pays, mais beaucoup craignent que le dernier ultimatum évoqué, pour mars 2017, soit le bon. Ce qui accentue l'incertitude des réfugiés afghans au Pakistan, au moment où le HCR a décidé de doubler les allocations versées pour inciter au retour -- passées de 200 dollars à 400 dollars par tête depuis juin.

Le gouvernement afghan de son côté a lancé un campagne appelant ses citoyens à rentrer vers leur "beau pays".
Mais les combats et l'insécurité secouent toujours de nombreuses provinces afghanes après trois décennies de conflit. Les réfugiés de retour viennent ainsi rejoindre un nombre déjà ingérable de déplacés, installés dans des campements sommaires autour des principales villes.

L'Union européenne a de son côté annoncé lundi un "arrangement" avec l'Afghanistan destiné notamment à faciliter les retours des Afghans déboutés de l'asile, à la veille d'une conférence à Bruxelles destinée à mobiliser l'aide internationale. Des hauts responsables européens ont néanmoins démenti que l'aide soit conditionnée à la réadmission de dizaines de milliers d'Afghans en situation irrégulière en Europe.