En février 1978, l'armée d'occupation syrienne bombardait sauvagement la caserne de Fiyadieh sans pouvoir venir à bout des soldats qui la défendaient héroïquement. Pour aider à relâcher la pression sur l'armée libanaise, nous avons lancé une contre-offensive à Achrafieh et Aïn el-Remmaneh contre l'armée syrienne. Cela devait dégénérer en une « guerre de cent jours » d'une rare violence au cours de laquelle l'armée syrienne n'a pas hésité à utiliser des missiles et des obus de 240 mm capables de transpercer plusieurs étages avant d'exploser dans les sous-sols où les citoyens se cachaient.
Pourquoi rappeler, dans un pays qui a fait passer la centième commémoration de ses martyrs, le 6 mai, dans la plus grande discrétion, l'histoire des martyrs de la résistance libanaise ? Il y a 38 ans, j'étais l'un des responsables de la résistance libanaise à Achrafieh. Comme dans chaque bataille, j'y ai perdu des amis dont le seul souci était de défendre leurs familles, leur liberté et une idée moderne du Liban. Je me rappelle de Michel Berty, mon compagnon d'armes dans plusieurs batailles, dont celle de Tall el-Zaatar, qui a refusé de quitter son poste, le 30 septembre, à l'immeuble de la pharmacie Berty, pour défendre cette position jusqu'au dernier souffle, face à l'armée syrienne qui tentait une percée. Avec le même courage, les citoyens d'Achrafieh, de Aïn el-Remmaneh et de Hadeth, bombardés sans relâche, jour et nuit, privés d'eau, d'électricité, de pain, nous soutenaient par tous les moyens, certains en s'engageant à nos côtés, d'autres encore en s'entraidant et d'autres en partageant avec nous le peu de nourriture et d'eau qu'ils avaient.
Au bout de ces «cent jours», l'armée syrienne a arrêté son offensive et s'est retirée, brisée et vaincue. Dans l'histoire moderne du Liban, Achrafieh fut la seule région libérée militairement de l'occupation syrienne hors du cadre d'un accord politique international. Après cette date, les Syriens restèrent loin d'Achrafieh et n'y retournèrent plus jamais, même après la chute des régions libres, le 13 octobre 1990. Pendant ces jours sombres et difficiles, nous ne défendions pas uniquement Achrafieh, mais l'idée même du Liban, l'essence de l'esprit hérité des pères fondateurs, un Liban où il fait bon vivre et où la culture libanaise et son message seraient préservés.
Plus que jamais, notre cause est vivante. Nous la voyons aujourd'hui dans les yeux de tous les jeunes qui rêvent du même Liban que nous: indépendant, souverain et moderne. Pour cela, je voudrais rendre hommage à nos martyrs, combattants et civils, et saluer tous ces héros qui ont défendu Achrafieh et évincé par la force l'armée d'occupation; et surtout les habitants qui, sans leur appui inconditionnel, on n'aurait jamais tenu. Je voudrais aussi remercier ces résistantes et ces résistants qui continuent à se battre par d'autres moyens pour les mêmes idées et les mêmes principes à mes côtés pour offrir à leurs enfants de meilleurs lendemains.
Nos Lecteurs ont la Parole - Massoud ACHKAR
La guerre des 100 jours
OLJ / le 04 octobre 2016 à 00h00
commentaires (4)
Et rendons hommage aux civils de Alep qui subissent aujourdui la barbarie de ce meme regime. Hier Achrafieh etait accuse d'etre sioniste aujourdhui Alep est terroriste...
Citoyen-Libanais
14 h 01, le 05 octobre 2016