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Économie - Liban - Rapport

Au Liban, l’énergie solaire a encore de beaux jours devant elle

La première étude complète sur le marché de l'énergie solaire photovoltaïque au Liban dresse un bilan prometteur du potentiel de développement d'un secteur encore embryonnaire.

Green Essence Lebanon, en charge de l’installation d’un parc solaire à l’usine Berdaouni, prévu pour la mi-2017, fait partie des 44 sociétés sondées par l’étude du Pnud. Photo DR

« Si l'on ne peut pas mesurer quelque chose, nous allons certainement faire face à des difficultés pour le gérer », note le ministre de l'Énergie et de l'Eau, Arthur Nazarian, dans le prologue de l'étude du marché de l'énergie solaire photovoltaïque au Liban en 2015 publiée la semaine dernière par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Cette étude, menée dans le cadre du projet Small Decentralized Renewable Energy Power Generation (Dreg, voir encadré), se base sur les données collectées sur 621 projets de 44 compagnies spécialisées dans ce domaine.

« C'est la première étude fournissant des données complètes sur le marché de l'énergie solaire au Liban. L'étude, qui sera publiée chaque année, permettra aux décisionnaires et aux parties prenantes (secteur privé, organisations internationales, ONG... NDLR) d'aligner leurs efforts afin de soutenir ce secteur », explique Jil Amine, coauteur de l'étude et responsable du programme Dreg du Pnud. « Menée à la demande du ministère de l'Énergie et de l'Eau, cette étude a pour objectif de quantifier le développement du marché afin de dynamiser les investissements et fournir au ministère les données nécessaires pour ajuster ses politiques de soutien à ce secteur », ajoute Pierre Khoury, directeur du Centre libanais pour la conservation de l'énergie (LCEC), qui a contribué à l'élaboration de ce rapport.

 

(Pour mémoire : Une usine de la Békaa accueillera le plus grand parc solaire du Liban)

 

Baisse des coûts
Les conclusions de l'étude sont éloquentes : alors qu'en 2010, la capacité totale de production des systèmes solaires installés atteignait 0,32 mégawatt crête (puissance électrique maximale), elle a crû à un rythme annuel moyen de 101 % entre 2010 et 2015, pour atteindre 9,45 MWc. Sur cette seule année, la croissance est de 149 %. « Cela fait seulement 5 ans que ce marché existe au Liban, et cette forte croissance va perdurer, puisque nous estimons que celle-ci atteindra les 200 % en 2016, pour atteindre une capacité de production d'environ 20 MWc », se félicite Jil Amine. Selon le rapport, la capacité totale de production des panneaux solaires installés se partage entre le secteur commercial (22 %), les secteurs agricole et résidentiel (18 % chacun), l'industrie (17 %) et le secteur public (15 %). Selon l'étude, 259 nouveaux projets d'installations de panneaux solaires ont été entrepris au Liban en 2015, contre seulement 18 en 2011. Par ailleurs, la taille moyenne d'un projet d'installation de panneaux solaires a été multipliée par quatre entre 2010 et 2015, passant de 4,8 kWc à 21,3 kWc.

« Les investissements dans l'énergie solaire sont passés de 2,3 millions de dollars en 2010 à 30,5 millions de dollars en 2015, cette hausse résulte principalement de la mise en place du mécanisme incitatif National Energy Efficiency and Renewable Energy Action (Neerea) par la Banque du Liban (BDL) en 2013 », ajoute Jil Amine. Ce mécanisme de prêts subventionnés à taux d'intérêt très bas (inférieur à 1 %) s'adresse aux particuliers et entreprises souhaitant investir dans des équipements et des infrastructures privilégiant les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique.

Autre facteur décisif, la baisse du coût des installations : selon l'étude, le coût total d'un système photovoltaïque installé a baissé de 63 % entre 2010 et 2015, à 2 675 dollars par KWc. « Cette baisse des prix reflète une tendance mondiale, du fait de la maturité de cette technologie, qui se retrouve également au Liban », note Pierre Khoury. « De plus, la hausse des investissements dans ces installations a entraîné une multiplication des sociétés positionnées sur ce créneau au Liban. Une compétition qui a accentué la baisse des prix », confirme Jil Amine.

 

(Pour mémoire : Les industriels libanais se tournent vers les énergies renouvelables)

 

Stade embryonnaire
En sus de cette baisse des coûts d'installation, le programme Net Metering lancé en 2011 par le ministère de l'Énergie et de l'Eau, permet au secteur privé ayant recours aux énergies renouvelables de revendre une partie de l'électricité produite à Électricité du Liban (EDL), le consommateur ne payant que le solde de consommation sur sa facture d'EDL. « La plupart du temps, la surface disponible sur le toit n'est pas suffisante pour permettre une installation qui alimentera l'intégralité des besoins en énergie du site, et cela est particulièrement le cas pour le secteur industriel », détaille Jil Amine. Selon l'étude, l'utilisation de panneaux solaires a permis à ses bénéficiaires d'économiser 7,4 millions de dollars sur leurs factures énergétiques en 2015. « Il faut compter 4 à 7 ans pour un retour sur investissement pour des sociétés selon le projet », ajoute Jil Amine.

Mais si le secteur ne cesse de croître au Liban, il reste encore au stade embryonnaire : la production d'énergie solaire ne représentait encore que 0,11 % de la production d'électricité annuelle totale d'EDL en 2015. Si l'on y ajoute l'hydroélectricité, la part des énergies renouvelables atteint les 4,1 %. Une part encore éloignée de l'objectif du Liban, de porter la part des énergies renouvelables à 12 % en 2020, comme annoncé lors de la COP21. « Dans le cadre de cet objectif, nous avons considéré que la part de l'énergie solaire décentralisée – soit l'énergie utilisée directement par ses bénéficiaires sans passer par le réseau de distribution national – devrait atteindre les 100 MW en 2020. Au rythme de croissance actuel, cet objectif est tout à fait réalisable », assure Pierre Khoury.

Et c'est dans cette optique que le LCEC, a annoncé vendredi dernier un appel d'offres pour installer des panneaux solaires sur 10 bâtiments publics pour une production totale de 1 MW. L'appel d'offres, au budget global d'environ 2 millions de dollars – financé par le ministère de l'Énergie –, permettra d'effectuer des économies d'énergie entre 20 et 40 % selon le bâtiment. « Le but est d'envoyer un message au secteur public et d'augmenter la production d'énergie solaire décentralisée. D'ici à la fin de l'année, tous ces contrats seront attribués », souligne Pierre Khoury.

 

 

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commentaires (2)

bon article mais je suis arrivé au Liban il y a treize ans et constatant le problème de l'électricité et du potentiel soleil au Liban j'ai commencé des démarches pour développer l'énergie solaire et après plusieurs contacts on m'a conseillé de ne pas tenter de développer ce type d'activité car le lobby du pétrole concerne beaucoup de personnes bien placées et que je risque des ennuis le développement de cette production d'énergie n'est pas technique mais politique, et comme vous dites elle a son avenir devant elle mais quand ? Comme le pétrole en mer ?

yves kerlidou

09 h 36, le 01 octobre 2016

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Commentaires (2)

  • bon article mais je suis arrivé au Liban il y a treize ans et constatant le problème de l'électricité et du potentiel soleil au Liban j'ai commencé des démarches pour développer l'énergie solaire et après plusieurs contacts on m'a conseillé de ne pas tenter de développer ce type d'activité car le lobby du pétrole concerne beaucoup de personnes bien placées et que je risque des ennuis le développement de cette production d'énergie n'est pas technique mais politique, et comme vous dites elle a son avenir devant elle mais quand ? Comme le pétrole en mer ?

    yves kerlidou

    09 h 36, le 01 octobre 2016

  • Pourquoi "encore" de beaux jours? C'est une honte, une fois de plus, qu'on ait attendu jusqu'à aujourd'hui pour bouger, dans un pays où le soleil brille autant toute l'année. Idem pour l'eau et le vent...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 27, le 01 octobre 2016

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