Ça y est, le bal des intrigants a commencé. Rencontres en catiminette comme jadis au temps des loufiats et des soubrettes, chuchotis honteux dans des alcôves feutrées tapissées de symboles religieux, pendant que les larbins des uns et des autres se donnent des airs de conspirateurs investis de dons divinatoires. Tout est bien sûr furtif, ténébreux, impénétrable, hermétique. Les visites sont forcément clandestines, les palabres occultes, les potins ultraconfidentiels, les cachotteries quasi ésotériques... Éternelle manie du secret, destinée à faire croire aux gueux qu'on leur cuisine une élection intelligente.
En l'occurrence, il s'agit bien de la présidentielle. Orangina ? La Frangipane du Nord ? Un outsider ? Les paris sont ouverts! Les parrains et leurs poulains sont alignés devant la mangeoire et l'on s'excite de savoir lequel des cobayes ira végéter six ans durant dans un fauteuil perché à Baabda. Car point n'est question de bureau, évidemment, vu que cela fait des lustres qu'on n'a plus vu ici un président assis derrière une table en train d'écrire. Le plus bidonnant, c'est que personne ne parle plus d'élire tout simplement le futur tromblon, pas même de le tirer au sort. « Quand viendra le moment, on vous fera savoir ce qu'on aura pensé à votre place... Allez, du balai ! »
Bon, il restera toujours un ou deux excités qui vont hurler au crime de lèse-démocratie, mais pas de quoi fouetter une chatte, vu qu'on expliquera gentiment à ces autistes que ce sera comme d'habitude : inch'allah, boucra, maalech...
Peuple bêlant, toujours prompt à applaudir ses roitelets locaux et à leur tendre la trique pour se faire battre. Les gens trouvent normal de poireauter béats plus de 2 ans, dans l'espoir qu'un rot fuité d'une ambassade ou une flatulence échappée des frontières vienne un jour leur donner le signal de la publication des bans, du pelotage épais, puis du cou-couche panier.
Y a pas à dire, au Liban on n'arrête pas le progrès en matière de démocratie. Il s'arrête tout seul... Dommage seulement que Cul-i soit intraduisible en arabe.
commentaires (5)
Du fond de son blockhaus, le banlieusard ne lâchera sa prise divine, que lorsque le barbichu finira de boire la coupe de coloquinte jusqu' à la lie.
Un Libanais
15 h 19, le 30 septembre 2016