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Moyen Orient et Monde - Syrie

La Russie poursuivra ses raids aériens à Alep malgré l’urgence humanitaire

Washington est près de suspendre ses discussions avec Moscou sur la Syrie, menace à nouveau Kerry.

Creuser dans les ruines d’un immeuble bombardé, à Alep, dans l’espoir de retrouver des survivants. Abdelrahman Ismail/Reuters

La Russie a annoncé hier n'avoir aucune intention de faire une pause dans ses raids aériens en Syrie en soutien aux forces de Bachar el-Assad, malgré les appels de toutes parts à cesser le déluge de feu à Alep où la situation humanitaire est désespérée. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a en effet annoncé que l'aviation russe poursuivrait « son opération en soutien à la lutte antiterroriste des forces armées syriennes », tout en fustigeant les critiques « non constructives » émises par les responsables américains.
De son côté, le secrétaire d'État américain John Kerry a annoncé hier que les États-Unis étaient tout près de geler leurs discussions avec la Russie sur le conflit syrien. « Je crois que nous sommes au bord de la suspension de la discussion parce que c'est irrationnel dans le contexte de ce genre de bombardements qui ont lieu » à Alep, a déclaré le chef de la diplomatie américaine, interrogé lors d'une conférence de centres de recherches à Washington, au lendemain d'une menace de la même teneur qu'il avait lancée au téléphone à son homologue russe Sergueï Lavrov.

D'autres alternatives
Mercredi, M. Kerry avait directement menacé M. Lavrov d'arrêter toute collaboration si le carnage d'Alep ne prenait pas fin. « Nous sommes à l'un de ces moments où il va nous falloir considérer durant un certain temps des alternatives, à moins que les belligérants signalent clairement qu'ils sont disposés à réfléchir à une approche plus efficace », a encore averti John Kerry, sans dire quelles seraient les « alternatives » choisies par l'administration américaine pour trouver une sortie de crise en Syrie.
L'administration Obama a commencé à envisager des réponses plus dures, y compris militaires, face à l'offensive menée par le régime syrien et son allié russe depuis la semaine dernière à Alep. « Le président a demandé à toutes les agences d'avancer des options, certaines connues, certaines nouvelles, que nous examinons très activement », a confirmé, sans plus de détails, le secrétaire d'État adjoint Antony Blinken, auditionné hier par des parlementaires.
Washington, disent en privé des membres de l'administration, a été pris au dépourvu par l'évolution de la situation en Syrie, de l'effondrement du cessez-le-feu au déclenchement de la bataille d'Alep. « Au fond, M. Kerry et la Maison-Blanche avaient tout misé sur la voie diplomatique en présumant que Vladimir Poutine ne voudrait pas que la Russie se retrouve enlisée dans un nouvel Afghanistan et qu'il tenterait un moyen de l'éviter », a dit un de ces responsables. Mais les Russes, ajoute-t-il, « n'ont jamais été sérieux sur quoi que ce soit d'autre qu'une apparence de négociations ». « Le pire, c'est qu'ils se sont servis de la foi placée par M. Kerry dans ces pourparlers pour masser des forces, donner une chance aux gars d'Assad de se rétablir et de se préparer à ce à quoi nous assistons à présent. Si vous voulez mon avis, ils se sont joués de nous. »

Le jeu des jihadistes
Pour sa part, la représentante permanente des États-Unis à l'Onu a affirmé hier que l'offensive des forces syriennes et russes à Alep fait le jeu des jihadistes. « Ce qu'Assad et la Russie font à Alep est bouleversant. Ce qu'ils font fait non seulement courir ce pays à sa perte (...) mais cela va provoquer un nouvel afflux de réfugiés, plus de radicalisation », a déploré Samatha Power. « Ce qu'ils font, c'est un cadeau à l'État islamique et à al-Nosra, des mouvements qu'ils prétendent vouloir éradiquer », a-t-elle ajouté.
La situation dans la deuxième ville de Syrie est « la plus grave catastrophe humanitaire jamais vue en Syrie » en cinq ans de guerre, a dénoncé pour sa part le chef des opérations humanitaires de l'Onu, Stephen O'Brien. Il a souligné devant le Conseil de sécurité que le système de santé dans la partie assiégée de la ville « était sur le point de s'écrouler totalement ». Dans les quartiers rebelles d'Alep, des « centaines » de personnes ont besoin d'être évacuées pour des raisons médicales, tandis que les rations alimentaires disponibles ne couvrent les besoins que d'un quart de la population, s'alarme aussi l'Onu. « La Syrie saigne, ses habitants meurent, nous entendons tous leurs appels à l'aide », a-t-il conclu en exhortant le Conseil à « agir immédiatement ».
Réaliste, l'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura a, lui, été obligé de constater que des négociations de paix paraissent « très difficiles » à organiser alors que « les bombes tombent partout ».
Et hier, la chancelière allemande Angela Merkel et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont joint leurs voix aux critiques américaines en affirmant que la Russie avait une « responsabilité particulière pour réduire la violence en Syrie ».

Alep et Hama
Sur le terrain, les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés se sont emparés hier du camp de Handarat, au nord d'Alep, ont rapporté un responsable des insurgés et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). C'est la seconde fois que l'armée du régime syrien en prend le contrôle depuis le déclenchement de son offensive contre Alep la semaine dernière. Handarat, qui abrite des réfugiés palestiniens, se trouve à quelques kilomètres seulement d'Alep, sur des hauteurs surplombant un important axe routier.
Enfin, les insurgés syriens ont progressé au nord de la ville de Hama où ils se sont emparés hier de plusieurs autres villages, ont rapporté des rebelles et l'OSDH. « La situation est véritablement excellente », a dit Abou al-Baraa al-Hamaoui, commandant rebelle de la faction Jaïch al-Fateh. « Cela exerce une forte pression sur le régime », a-t-il ajouté en assurant que cela avait contraint Damas à retirer des forces de la région d'Alep pour les envoyer sur le front de Hama.
(Sources : agences)

La Russie a annoncé hier n'avoir aucune intention de faire une pause dans ses raids aériens en Syrie en soutien aux forces de Bachar el-Assad, malgré les appels de toutes parts à cesser le déluge de feu à Alep où la situation humanitaire est désespérée. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a en effet annoncé que l'aviation russe poursuivrait « son opération en soutien à la...

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