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Économie - Portraits

Saria Hanna et Maria Lati conjuguent innovation et francophonie

Les deux jeunes femmes ont respectivement gagné les prix « start-up » et « idée » de l'édition 2016 du concours « Femme francophone entrepreneure », organisé par l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et l'incubateur Berytech, en partenariat avec « L'Orient-Le Jour » et « Le Commerce du Levant ».
Avec à la clé, pour chacune, 10 000 euros de l'AUF et six mois de mentorat à l'incubateur Berytech.

Saria Hanna a remporté le prix FFE dans la catégorie « start-up ».

Saria Hanna : Des expériences dans le coffret

 

« Je n'aurai jamais pensé pouvoir assister à la remise des prix », s'exclame Saria Hanna, qui a remporté le prix Femme francophone entrepreneure (FFE) dans la catégorie « start-up » avec le projet Wonder Full. Et pour cause, quatre jours seulement avant la cérémonie, la jeune trentenaire a donné naissance à des jumeaux. « C'est mon mari qui m'a encouragée à me déplacer pour "pitcher" mon projet devant le public et décrocher le premier prix. C'est lui aussi qui a repéré l'annonce de la compétition. C'est important en tant que femme entrepreneure d'être soutenue par ses proches », raconte-t-elle, émue.
Avec Wonder Full, Saria Hanna propose à ses clients d'offrir des cadeaux immatériels, d'une séance de massage à un dîner gastronomique, en passant par une séance de kayak. « L'idée est de permettre à nos clients de choisir un des six thèmes de coffrets cadeaux proposés : gourmet, glamour, aventure... pour des budgets allant de 75 à 260 dollars. À l'intérieur de chaque coffret se trouve une sélection de dix expériences », détaille la jeune femme. « La personne qui reçoit, par exemple, un coffret aventure n'aura plus qu'à réserver l'activité qui lui convient le mieux (une randonnée, une journée vélo ou de kitesurf) en contactant le prestataire », poursuit-elle.
Avant de lancer son projet, cette diplômée de l'Université Concordia de Montréal et de l'EM Lyon a d'abord fait ses preuves au sein du groupe L'Oréal, en tant que chargée du marketing digital de la gamme Lancôme. En 2013, elle décide de rentrer au Liban. « Je l'ai fait pour des raisons émotionnelles. Je voulais construire quelque chose ici », confie Saria. « À mon retour, j'ai senti le besoin de me réapproprier mon pays. Je faisais des randonnées dans tout le Liban, je me baladais dans Beyrouth à la recherche de bons plans. Et à chaque fois, je me disais que telle expérience plairait à une amie, et telle autre à un parent. J'ai donc décidé de créer un concept autour de ça », se souvient-elle.
Pour convaincre la cinquantaine de prestataires – « sélectionnés avec beaucoup de soin » – la jeune femme a misé sur une identité marketing de luxe. Ainsi, « les bénéfices du projet sont générés des commissions que nous négocions avec ces partenaires, en échange de leur visibilité sur nos catalogues », explique Saria.
« Notre investissement de base était autour de 50 000 dollars, issus de fonds personnels et familiaux. Ce montant a également servi à couvrir les charges des premiers mois de fonctionnement », précise la jeune femme. « Nous considérons que nous sommes encore en période de test de produits, mais d'ici à la fin de l'année, nous aurons vendu environ 700 coffrets (vendus à 160 dollars, en moyenne) à des individus mais aussi à des entreprises », prévoit-elle. « L'avantage est que notre modèle ne nécessite pas de grands investissements pour continuer à croître. Car, l'essentiel, comme le site Internet et l'identité marketing, a déjà été créé », indique Saria. Elle espère à terme exporter son activité dans les pays du Golfe.

 

 

 

 

 

Maria Lati : Mettre les immeubles au vert

Habiller les immeubles beyrouthins d'espace vert, c'est l'idée ambitieuse que le jury du prix Femme francophone entrepreneure (FFE) a choisi de récompenser cette année. « Avec Jasmine & Rose, je veux proposer des solutions simples et accessibles à tous, même à ceux qui n'y connaissent rien, pour l'installation d'espaces verts sur les balcons », explique Maria Lati, entrepreneure en herbe de 29 ans.
« Jasmine & Rose est une application mobile, sur laquelle les clients peuvent choisir des modules supports préconçus en fonction de la superficie disponible et des plantes avec leur terreau », détaille Maria. « Et il y en a pour tous les goûts : jardin parfumé, fleuri, ou encore potager », poursuit-elle.
Avant de développer son idée, cette ancienne coordinatrice de projets au sein de la maison de haute couture Balenciaga à Paris a d'abord « fait des études en finance aux États-Unis et suivi une formation en marketing de mode en Italie », avant de tout plaquer « pour aller apprendre le chinois à Taïwan. »
Son aventure entrepreneuriale, Maria Lati la débute il y a plus d'un an, lorsqu'elle décide de rentrer au bercail après 10 années passées à l'étranger. La jeune femme arpente alors les rues de la capitale pour alimenter son blog de mode « A Muse in Beirut ». « Je faisais le tour des quartiers pour dénicher des boutiques sympas (...) et j'ai très vite remarqué que la capitale était devenue grise avec les façades de ces gratte-ciels qui poussent comme des champignons. J'ai donc voulu changer ça et mettre plus de vert dans ma ville », se souvient Maria.
En avril, « j'ai pris le temps de développer sérieusement cette idée en vue de participer au concours du prix FFE 2016, et grâce à l'accompagnement et aux formations suivies à Berytech, je suis parvenue à monter un véritable business plan », se réjouit la jeune femme. Pour ce faire, la jeune entrepreneure a fait en sorte de bien s'entourer. « J'ai sollicité l'expertise de deux consultantes externes, une architecte d'intérieur, Diane Chaoui, pour la conception des modules, et une ingénieure agronome, Nadine Maroun, pour le choix des plantes », renseigne-t-elle. « Cela nous permet d'une part de sélectionner des produits de qualité et d'autre part d'adopter des solutions design pour maximiser l'espace des balcons, les embellir et les transformer en de véritables espaces de détente », explique Maria.
En plus de servir de plate-forme pour la vente de ses produits, Maria Lati souhaite inclure d'autres fonctionnalités dans son application pour assurer la rentabilité et la pérennité de son projet. « Des services d'entretien réguliers (trimestriel, bi-annuel...) ou occasionnels (période de vacances...), ainsi que des services d'accompagnement permanent pour rappeler aux clients quand arroser leurs plantes, seront par exemple proposés. »
« Je n'en suis encore qu'au stade de développement du prototype de mon produit. Celui-ci sera prêt dans 4 mois », rappelle tout de même Maria, qui envisage, à terme, de solliciter des fonds auprès d'investisseurs libanais.

 

 

 

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