Rechercher
Rechercher

Ceux de demain

Le pessimisme est facile ; tout peut mal tourner en ce monde – et dans ce pays en particulier–, aussi vrai que des lignes parallèles finissent par se rejoindre quelque part dans l'infini. Mais s'il y a encore une trace d'activité dans ce Liban paralysé depuis des années, c'est aux optimistes qu'on le doit. Eux seuls préparent les jours meilleurs, même au ralenti, même en retenant leur souffle. Ils ne se retournent pas au passage des vaches maigres. Ils se contentent de prêter l'oreille, tant et si bien qu'ils finissent par entendre l'herbe pousser, les torrents surgir et les ruminantes ruminer enfin tout leur content.
Le tableau est sombre aujourd'hui. Dans un contexte de ralentissement économique mondial qui favorise partout la montée nauséabonde d'un populisme raciste et nationaliste, le Liban, déjà fragile, est logé à la pire enseigne. Il est miné par la corruption, débordé par un afflux de réfugiés qui surchauffe ses infrastructures obsolètes, pris en otage par une classe politique pour le moins incompétente, éminemment sectaire, qui bloque ses institutions et ne s'entend que sur le partage des maigres ressources de l'État (c'est du moins ainsi qu'elle est perçue par le commun du peuple). Et l'on s'épargne la vieille litanie sur l'eau, l'électricité, l'état des routes, la pollution et, bien sûr, le destin des ordures. Mais ces problèmes relèvent tous de la même source. Ce pays a besoin d'un bon manager. Il semblerait qu'une mystérieuse synergie se prête en ce moment à l'élection d'un président. La remise en marche de la machine constitutionnelle serait certes rassurante. La nature a horreur du vide et elle le manifeste en puanteurs de toutes sortes. Mais le prochain locataire de Baabda ramènera-t-il l'eau au moulin ? Trop de temps a passé dans l'absence, et tout le petit monde qui prétend nous gouverner s'est habitué à fonctionner sans, ou plutôt à ne pas fonctionner, en toute impunité. Sans doute faudra-t-il plus de temps encore pour faire redémarrer la vie politique, débloquer le Parlement avec des élections saines, accepter l'alternance et cette notion d'opposition si difficile à concevoir dans nos traditions féodales. Si difficile que nous en sommes venus à inventer la « démocratie consensuelle ». Ah, l'exception libanaise...
En ce septembre qui s'achève, alors que la chaleur se replie à tout petits pas et que la mer, sur nos bords, ondule avec une grâce de fin d'été ; et tandis que dans les montagnes s'élèvent à la moindre brise des nuées d'or en feuilles et que dans les plaines on tire déjà le vin, la rentrée nous est maussade. Toute la guerre, nous avons espéré. Toute la paix nous a fait déchanter. Mais voici qu'émerge une génération vierge de nos politiques étroites, de nos vaines dévotions et de nos querelles de venelle. Une génération instruite, ouverte au monde, consciente des enjeux contemporains et que nous avons préservée de toutes nos forces de cet environnement létal. Elle qui n'hérite que d'un tas de ruines et de fumier, et d'une table quasiment rase, a tout à réinventer. Elle sait que les hommes passent et que les situations évoluent. Elle ne se connaît pas d'allégeance. Il n'est pas loin, le jour où elle prendra la relève, à tous les niveaux. Elle est l'herbe qui pousse et le torrent qui surgit. Prêtons l'oreille.

Le pessimisme est facile ; tout peut mal tourner en ce monde – et dans ce pays en particulier–, aussi vrai que des lignes parallèles finissent par se rejoindre quelque part dans l'infini. Mais s'il y a encore une trace d'activité dans ce Liban paralysé depuis des années, c'est aux optimistes qu'on le doit. Eux seuls préparent les jours meilleurs, même au ralenti, même en retenant leur...

commentaires (3)

Tres bel article, magnifique meme!

Sam

07 h 01, le 04 octobre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Tres bel article, magnifique meme!

    Sam

    07 h 01, le 04 octobre 2016

  • Le Liban pleure , les libanais dansent , les dirigeants s'amusent avec nos nerfs , ça forme pour les moments durs à venir. ...restons optimistes , pleurer n'y changera rien de toutes les façons.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 50, le 29 septembre 2016

  • On voudrait tellement vous croire..nous on n'attends que ça..on a tous hate que la relève soit là..on sait qu'elle existe,un sang nouveau bat dans les veines de plein de jeunes Libanais qui on tellement souffert de cette classe corrompue sectaire qui veut nous mener tous a notre perte.

    ayda ka

    10 h 11, le 29 septembre 2016

Retour en haut