Rechercher
Rechercher

Agenda - Hommage

Michel Raymond Jabre : 40 ans déjà !


« ...Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle, Maispourvu que ce fût dans une juste guerre. Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre. Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle. Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles, couchés dessus le sol à la face de Dieu. Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu... » Charles Péguy, 1914

Après une enfance paisible, pleine de passion pour la chasse durable, la musique classique et les amis, Michel, étudiant en business à l'AUB, fut enlevé, un jour de mars 1975, à la sortie du Golf Club, à un barrage palestinien et emmené au camp de Sabra et Chatila. Il fut roué de coups par les sbires de l'OLP puis enfermé avec une grenade dans sa voiture, les mains liées, sur un terrain vague. Michel réussit à s'en sortir en neutralisant la grenade. Sous le choc de personnes accueillies dans son pays qui font la loi à la place des Libanais, Michel décida de lutter. Son destin fut scellé. Il décida de faire partie d'une organisation de résistance pour la sauvegarde de la souveraineté du Liban, appelée Tanzim. Le Tanzim était une organisation non affiliée à un parti. L'armée libanaise divisée s'était littéralement dissoute. Le Tanzim s'apprêtait à prendre la relève de l'armée et à créer une milice de défense de la patrie.
La guerre du Liban fut déclenchée un mois plus tard, ce fameux 13 avril 1975, avec l'affaire du bus palestinien à Aïn el-Remmaneh... Ce fut le début de la guerre du Liban qui fit plus de 150 000 morts. Après Damour, les Palestiniens décidèrent de prendre à revers la résistance dans la montagne du Mont-Liban en son cœur du Haut-Metn. Après avoir occupé les villages de Hammana, Qornayel, Bzebdine et Mtein, l'idée des Palestiniens était de contourner la résistance chrétienne par la montagne, se diriger vers Mrouj puis Dhour Choueir, Bickfaya, pour arriver à Jounieh qui était le but final de l'OLP.
Abou Jihad, le numéro deux de l'OLP, avait dit alors : « La route de Jérusalem passe par Jounieh ! » Cette phrase résonne encore dans l'oreille de tous les Libanais...
Michel décida de s'occuper du front de la Montagne, qu'il connaissait bien, ayant passé son enfance dans la région. Il prit le commandement de la résistance. Il installa à Marjaba, un village en contrebas de Mrouj, un centre pour les mortiers. Il organisa toute la résistance avec les jeunes de la région. Les premiers jours, avec 16 personnes, il réussit à arrêter les Palestiniens armés basés à Mtein. Il tint le front pendant 6 mois avec ses jeunes et ses mortiers et empêcha les Palestiniens de pénétrer à Mrouj. Ce qui stabilisa le front. La majorité des combattants palestiniens étaient des mercenaires qui croyaient se battre en Palestine même ! Il y avait des Soudanais, des Égyptiens, des Somaliens, etc.
Le 29 septembre 1976 au matin, l'armée syrienne, venant de la Békaa, passe le col de Tarchich avec ses chars et se dirige vers Aïntoura el-Metn. À leur arrivée à la frontière établie avec les Palestiniens, ils essayent de pénétrer dans la zone chrétienne. Michel dit : « Ce n'est pas le moment de remplacer les Palestiniens par les Syriens » et envoya l'ordre au centre de Marjaba de tirer une salve d'obus devant les chars syriens afin de les empêcher d'avancer plus dans la région contrôlée par les chrétiens. Mais les services de transmission syriens captent le message et la position de Michel qui se trouve dans un bunker avec cinq autres jeunes* de 15 à 20 ans, Antoine Salamé, Jean Gebeyli, Michel Abousleiman, Antoine Acherji et Ghassan Baroud (15 ans) à Ras Mrouj. L'un des tanks syriens avance, tourne son canon vers le bunker et tire un obus qui les tue tous.
C'est ainsi que, ce jour de la saint-Michel, « la route de Jérusalem n'est point passée par Jounieh ».

Raymond Jabre et famille
*Un cèdre du Liban a été planté pour chacun d'eux dans la forêt de cèdres de Tabriyeh.

« ...Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle, Maispourvu que ce fût dans une juste guerre. Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre. Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle. Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles, couchés dessus le sol à la face de Dieu. Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu... » Charles Péguy,...