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Liban - Communautés

Vers une stratégie pour ancrer les chrétiens dans leurs terres

Les jeunes maronites de moins de 25 ans enregistrés auprès de l'état civil représentent seulement 25 % de la population.

Un congrès sur la vente de terrains appartenant à des chrétiens à des non-chrétiens a été organisé hier au couvent Mar Yaacoub à Karm Saddé.

La sonnette d'alarme a été tirée hier à partir d'un village zghortiote, Karm Saddé, qui a accueilli un congrès sur la vente de terrains appartenant à des chrétiens. Celui-ci a été organisé au couvent Mar Yaacoub par le Mouvement de la terre, une ONG qui milite pour la préservation de la présence chrétienne dans les villages.
Le congrès était placé sous l'égide du patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, représenté par l'archevêque maronite de Tripoli, Mgr Georges Abou Jaoudé, Bkerké s'étant associé aux efforts que déploie le Mouvement de la terre pour encourager les chrétiens à ne pas vendre leurs terrains.

Les opérations d'envergure de ventes à des non-chrétiens mettent en danger la présence chrétienne qui s'affaiblit dans plusieurs zones rurales du pays, comme sur le littoral de Zghorta et du Koura, se sont accordés à relever les orateurs. Au-delà du phénomène en lui-même, c'est la problématique de la présence chrétienne qui a été longuement abordée et disséquée, chiffres et exemples à l'appui, par les participants : Talal Doueihy et Pierre Atallah, respectivement président et secrétaire général du Mouvement de la terre, Michel Moawad, président du Mouvement de l'indépendance, Élie Melhem, représentant la Direction de l'urbanisme, Toufic Moawad, vice-président de la Ligue maronite, Hiam Boustany, directrice de la Fondation maronite dans le monde, le père Tony Khadra, président de Labora, qui encourage l'enrôlement de jeunes chrétiens dans l'administration, et les présidents des conseils municipaux de plusieurs villages du caza de Zghorta.

Si les laïcs ont posé les aspects politique et démographique du problème, l'Église maronite a relevé sa dimension spirituelle puisée dans les Écritures. Tous étaient d'accord pour relever que la vente des terrains appartenant à des chrétiens à des non-chrétiens est intrinsèquement liée à la survie de la communauté chrétienne. Mme Boustany devait ainsi relever « les chiffres affolants d'études effectuées sur la présence chrétienne au Liban ». « Celles-ci ont mis en évidence la réduction du nombre des chrétiens du fait notamment du mouvement d'émigration massif du caza de Zghorta et des mohafazats du Liban-Nord et du Akkar. » « Actuellement, les chrétiens représentent 34 % de la population inscrite auprès de l'état civil. Les moukhtars peuvent confirmer ces chiffres. La proportion de jeunes âgés de moins de 25 ans ne représente que 25 %. C'est là où le danger réside », a averti, alarmiste, la directrice de la Fondation maronite dans le monde qui a lancé un appel aux moukhtars pour leur demander de communiquer à la fondation les adresses des émigrés chrétiens. « Il nous faut inscrire près de 200 000 personnes auprès de l'état civil pour que la proportion de chrétiens remonte à près de 40 %. Il est vrai que nous devons préserver la terre, mais nous devons également enregistrer les émigrés », a insisté Mme Boustany.

Des interventions faites, il ressort que la préservation de la présence chrétienne ne se limite pas à empêcher la vente de terrains à des non-chrétiens, mais à prévenir, voire à empêcher le grignotage ou la saisie de terres appartenant à des chrétiens. On pense automatiquement à l'affaire de Lassa et de Akoura. Pierre Atallah a donné pour sa part l'exemple du village de Hawwara à Denniyé, « dont les habitants avaient été poussés à l'exode et qui ont fini par constituer un quartier à Haret Zghorta, après avoir perdu 25 millions de mètres carrés de leurs terres ». « Le dossier a été clôturé à tout jamais », a-t-il déploré, avant de donner plusieurs autres exemples de ventes de terrains au Liban-Nord.

 

(Pour mémoire : Raï appelle à mettre fin aux litiges de Lassa et Aqoura)

 

Le rôle des municipalités
Pour barrer la voie à ces abus, les municipalités peuvent jouer un rôle prépondérant qui a été mis en évidence, notamment par le représentant de la Direction de l'urbanisme et par le vice-président de la Ligue maronite. La coexistence est certes fondamentale, mais les changements démographiques brutaux et déséquilibrés peuvent être à long terme source de tension, a averti Toufic Moawad. « Un développement démographique anarchique de villages qui se peuplent d'étrangers donne lieu immanquablement à un tissu social hétérogène. Cette mixité peut transformer une localité déterminée en une mosaïque d'habitations où la cohabitation se développe au détriment de la cohésion, ce qui peut générer à l'avenir des tensions sociales ou même communautaires », a-t-il averti.

Toufic Moawad a pris soin de souligner qu'il ne plaidait ni pour l'isolement ni pour le recroquevillement des chrétiens. Ce qu'il souhaitait démontrer à travers son intervention, c'est le danger que recèle la vente de grandes superficies, sur lesquelles des complexes résidentiels sont le plus souvent construits. « Les conseils municipaux sont appelés à être très vigilants et à ne pas satisfaire des revendications pouvant conduire à un accroissement du coefficient d'exploitation d'un terrain, à des fins privées ou matérielles, et à ne pas délivrer des permis pour de larges surfaces constructibles. »

Zghorta, en particulier, fait face dans ce contexte à un défi de taille, selon Michel Moawad, qui relève l'interactivité du caza avec son environnement musulman. Ce défi réside dans l'action qui doit être entreprise pour empêcher une dilution de l'identité maronite dans un nouvel environnement qui risque de se constituer, compte tenu de l'importance de la présence de réfugiés et du mouvement d'émigration dans la région. Michel Moawad a lui aussi mis l'accent sur le rôle des municipalités, que Talal Doueihy a notamment invitées à essayer autant que possible de limiter la vente de terrains, « qui s'opère à grande échelle sur le littoral de Zghorta et du Koura ». Selon lui, « un complot est en train de se tramer contre les villages côtiers où les opérations de vente sont étudiées et programmées ».

Encourager les chrétiens à s'enrôler dans le secteur public peut à la longue freiner ce mouvement, a avancé le père Khadra, avant que Mgr Abou Jaoudé n'expose avec force détails comment la présence maronite s'est développée avant de régresser progressivement à Tripoli. Il a rappelé une des dispositions du concile patriarcal maronite qui présente la terre comme ayant « une valeur de foi chez les chrétiens en général et les maronites en particulier ». « La terre doit être considérée comme un legs et non pas un bien commercial dont on peut disposer à sa guise », a-t-il dit, en insistant sur le fait que « c'est grâce à ce legs et à travers lui que l'identité maronite s'est constituée ». « Aujourd'hui, ce legs est cependant menacé de dilution et d'affaiblissement à cause de nombreux facteurs et risque par là même de faire perdre à la communauté maronite sa spécificité historique et spirituelle », a ajouté Mgr Abou Jaoudé, qui a plaidé en faveur d'une stratégie devant garantir la préservation et une « bonne exploitation » des terrains appartenant à des chrétiens.

 

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commentaires (2)

DE BLA... BLA... BLA... LAW BEDDOU YITLA3 IL FAJER KAN IL DIK IL ROUMI SAAH TLAT MARRAT... ET LES PIERRES AURAIENT ENTENDU...

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 29, le 28 septembre 2016

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Commentaires (2)

  • DE BLA... BLA... BLA... LAW BEDDOU YITLA3 IL FAJER KAN IL DIK IL ROUMI SAAH TLAT MARRAT... ET LES PIERRES AURAIENT ENTENDU...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 29, le 28 septembre 2016

  • Solution: Constituer une banque chrétienne du foncier qui pourrai prêté sur hypothèques de l'argent aux personnes qui détiennent du foncier et ont besoin d'argent soit pour vivre, soit pour leurs projets commerciaux. Avec ses émigrés richissimes, la capitalisation d'une telle banque ne poserait aucun problème Je serais candidat pour acheter des titres d'une telle banque! Toutes les autres gesticulations, sont du cinéma!

    Chammas frederico

    12 h 11, le 27 septembre 2016

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