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Économie - « Affaire Bankia »

L’ex-patron du FMI Rodrigo Rato jugé en Espagne pour détournements

Soixante-cinq hauts dirigeants de Bankia, dont Rodrigo Rato, ex-patron du FMI, sont accusés d’avoir réglé leurs dépenses personnelles avec des cartes bancaires « occultes ». Sergio Barrenechea/AFP

L'ex-patron du Fonds monétaire international Rodrigo Rato a comparu hier pour la première fois devant un haut tribunal, en Espagne, en tant qu'ancien banquier présumé responsable d'un « système corrompu » de détournements de fonds.
À son arrivée à l'Audience nationale dans la banlieue de Madrid, l'ancien ministre espagnol de l'Économie a essuyé sans broncher les tombereaux d'insultes lancés par une quinzaine de manifestants, des épargnants floués ou petits actionnaires ruinés lors de la vaste « affaire Bankia ».
Au premier jour du procès qui doit durer jusqu'en décembre, M. Rato, 67 ans, n'a pas eu l'occasion de dire un mot aux juges. Il devrait être longuement interrogé pour la première fois vendredi.
Ancien pilier du Parti populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy au pouvoir en Espagne, il fut le vice-président du gouvernement de José Maria Aznar de 1996 à 2004 avant de diriger le FMI jusqu'en 2007.
Sa carrière de banquier ne dura que de 2010 à 2012, mais déboucha sur le plus grand scandale bancaire de l'histoire du pays : la constitution controversée du conglomérat Bankia par la fusion de sept caisses d'épargne, son entrée en Bourse désastreuse et présumée frauduleuse, puis sa nationalisation par l'État pour lui éviter la faillite qui coûta plus de 22 milliards d'euros (25 milliards de dollars) aux contribuables.
Le fiasco avait en outre précipité un sauvetage européen du secteur bancaire espagnol de 41 milliards d'euros (46 milliards de dollars) de prêts.

« Cartes Visa au noir »
M. Rato comparaît cette fois pour l'un des volets de l'affaire : le dossier des « cartes Visa au noir ». Soixante-cinq hauts dirigeants et membres des conseils d'administration de Caja Madrid puis de Bankia sont accusés d'avoir réglé leurs dépenses personnelles avec des cartes bancaires « occultes », sans rien justifier ni déclarer au fisc.
Le procès concerne 12 millions d'euros (13 millions de dollars) détournés entre 2003 et 2012.
Selon l'acte d'accusation, M. Rato a maintenu le « système corrompu » établi dès 1999 par l'ancien président de Caja Madrid, Miguel Blesa, puis l'a reproduit au sein de Bankia.
M. Rato lui-même avait dépensé en deux ans plus de 99 000 euros, remboursés avant le procès.
Le parquet requiert 4 ans et demi de prison à son encontre et lui demande de verser une « indemnisation » de 2,6 millions d'euros (3 millions de dollars), correspondant aux sommes détournées sous sa présidence.
Parmi les prévenus figurent des membres du PP et quelques personnalités de syndicats et de partis de gauche, dont un représentant du parti Izquierda Unida accusé d'avoir dépensé 456 500 euros (512 000 dollars).
M. Blesa, ami proche de l'ancien chef de gouvernement José Maria Aznar, encourt à 69 ans la plus lourde peine : six ans de prison.
Ironie de l'histoire, cet ancien inspecteur des impôts n'avait pas déclaré au fisc les 436 000 euros (489 000 dollars) dépensés en sept ans... Amateur de luxueux safaris, il avait réglé en juillet 2006 avec sa carte « black » une facture de plus de 13 000 euros (15 000 dollars) pour un voyage.
Le journal eldiario.es avait été le premier à révéler l'affaire fin 2013, après avoir reçu 8 000 courriels piratés de la boîte e-mail professionnelle de M. Blesa, récupérés par un collectif de citoyens mobilisés contre la corruption.
La publication des dépenses à tout-va des banquiers avait soulevé l'indignation dans le pays en crise depuis 2008.
« M. Blesa gagnait 3,5 millions d'euros (4 millions de dollars) par an, mais en plus il avait sa "petite carte" pour voler tout ce qu'il voulait » à la tête d'une caisse d'épargne à visée sociale, protestait à l'extérieur du tribunal un chauffeur à la retraite de 65 ans, Antonio Hernandez, qui regrettait, lui, d'avoir perdu l'essentiel de ses 36 000 euros (40 000 dollars) d'économies en achetant des produits financiers « toxiques » vantés par Caja Madrid.
Durant la première audience consacrée aux questions préliminaires, les avocats ont soulevé toutes sortes de moyens de nullité pour tenter qu'il n'y ait pas de procès.
Certains ont fait valoir que la publication des frais engagés par les prévenus violait la loi sur la protection des données, d'autres qu'un « procès parallèle » avait déjà eu lieu dans les médias.
(Source : AFP)

L'ex-patron du Fonds monétaire international Rodrigo Rato a comparu hier pour la première fois devant un haut tribunal, en Espagne, en tant qu'ancien banquier présumé responsable d'un « système corrompu » de détournements de fonds.À son arrivée à l'Audience nationale dans la banlieue de Madrid, l'ancien ministre espagnol de l'Économie a essuyé sans broncher les tombereaux...

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