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This is (not) America

Il y avait, certes, un peu d'humilité dans le crypto-mea culpa de Barack Obama à propos de la Syrie. Mais aussi de l'arrogance. Et une grande maîtrise du marketing. En invoquant les fantômes de Churchill et d'Eisenhower, deux des plus grands stratèges de la Deuxième Guerre mondiale (sous-entendrait-il que nous sommes déjà au cœur de la Troisième ?), le 44e président américain a grandement relativisé son autocritique. Le sous-texte est clair : ils n'auraient probablement pas fait mieux. Il n'empêche, le timing de cette interview-confession accordée à Vanity Fair est catastrophique : ce qui se fait aujourd'hui à/d'Alep (Est, notamment), avec le sourire croquignolesque de Vladimir Poutine en prime, est atterrant. Et pas moins barbare que n'importe quel crime perpétré par l'État islamique : partout, ce ne sont que corps déchiquetés, mares de sang et enfants hébétés.

S'il est un peu tôt (tellement de choses peuvent advenir en trois mois) pour dresser le bilan du double mandat d'un homme qui a alterné coups de génie (à commencer par la débushisation des États-Unis et du monde) et immenses ratés (la Syrie, donc, mais aussi les armes et le racisme dans son pays), une malheureuse évidence s'impose. Barack Obama sait bien que l'histoire ne repasse pratiquement jamais les mêmes plats. Il sait bien qu'il a probablement commis une faute grave, ce fameux été 2013, lorsqu'il a posé un gigantesque lapin à François Hollande, et surtout au peuple syrien... Il sait bien que le Proche-Orient n'en serait très probablement pas là. Il sait bien, enfin, que la campagne pour sa succession aurait sans doute eu une tout autre gueule. Et sans doute d'autres visages...

Est-ce que Barack Obama, entre autres facteurs, est responsable de la trumpisation d'une partie conséquente de ses compatriotes ? Un jour, le monde saura exactement comment un clown pathétique et quasiment inculte s'est retrouvé dans la même catégorie qu'Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt, Dwight D. Eisenhower, Richard Nixon, Ronald Reagan et même George H. W. Bush : investi par le Parti républicain pour la course à la Maison-Blanche... Bien sûr, ce revival Maréchal, nous voilà ! n'échappe en rien à une mondialisation nécessaire et bénéfique, certes, mais rance et stupide parfois : la tendance est globale, du soft au hard, des poutinistes en Russie au nippon Kaigi au Japon, en passant par le Front national en France, le FPÖ en Autriche et toutes les formations fascisantes d'Europe.

Donald Trump n'a probablement pas l'intelligence et l'intellect métalliques et froids des leaders extrémistes européens. C'est peut-être plus dangereux : un peu crackerbarrel yankee philosopher, un peu Kardashian, un peu John McClane / Bruce Willis, le milliardaire ex-star de téléréalité parle étrangement comme une frange certaine de la masse américaine (et bien d'autres aux quatre coins de la planète, à commencer par la libanaise...). Et il lui dit exactement ce qu'elle veut entendre. En gros : que le latino, le black, le musulman, le pédé et tous les autres sont une nuisance pour les États-Unis d'Amérique. Et qu'il faut s'en débarrasser au karcher, puis construire des murs pour s'en protéger.

Le premier débat, ce soir, entre Donald Trump et Hillary Clinton pourrait être le blockbuster de la décennie. Barack Obama, entre deux rapports sur le monde en général et sur Alep en particulier, le regardera sûrement, une immense boîte de pop-corn à la main. Comme la majorité des téléspectateurs, le très populaire président se souviendra de 2008, sourira en se rendant compte que son ex-secrétaire d'État est loin d'être la personne idéale, qu'elle est boursouflée de défauts, qu'elle est trop cérébrale, trop nerd, trop amidonnée et menteuse. Comme la majorité des téléspectateurs, il aura pleine conscience pourtant que c'est elle, pour les États-Unis et pour le monde, qui doit impérativement devenir le 45e président américain (et la première présidente). Et comme la majorité des téléspectateurs, il réfléchira, longtemps, sur le point de savoir si ce qu'il a fait et ce qu'il n'a pas fait durant ses deux mandats n'auront pas, beaucoup plus que lors des précédentes élections, contribué au pourrissement inédit de cette cuvée électorale particulièrement weird.

Il y avait, certes, un peu d'humilité dans le crypto-mea culpa de Barack Obama à propos de la Syrie. Mais aussi de l'arrogance. Et une grande maîtrise du marketing. En invoquant les fantômes de Churchill et d'Eisenhower, deux des plus grands stratèges de la Deuxième Guerre mondiale (sous-entendrait-il que nous sommes déjà au cœur de la Troisième ?), le 44e président américain a...

commentaires (3)

THIS IS AMR - RIKA...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 36, le 26 septembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • THIS IS AMR - RIKA...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 36, le 26 septembre 2016

  • But in fact this is america WE DID NOT WANT TO SEE.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 18, le 26 septembre 2016

  • Ziad se fait rare , et faut dire qu'il a changé, son style a changé. Plus d'envolées lyriques avec force du verbe tranchant que d'un seul côté. Ziad a-t-il compris que Obama et toute cette clique depuis 2011 n'ont finalement apporté que malheurs et destructions dans notre région? A-t-il enfin assimilé que les regrets de Obama sur une politique foireuse voir pire que celle de bush , au passage mettre bush et reagan dans la liste illustre des présidents américains qui ont marqué l'histoire pour critiquer la candidature de Trump, c'est abuser tout de même, donc avez vous assimilé que nos problèmes doivent être réglés par nous mêmes? Obama , ou peut être demain un des 2 clowns candidats , je vous paraphrase , seront ils les messies qui viendraient nous sauver de la barbarie wahabite ? Saviez vous aussi que Obama a envoyé des excuses officielles pour avoir bombardé la garnison des soldats syriens tuant 90 soldats parmi eux . Apparemment non !

    FRIK-A-FRAK

    11 h 10, le 26 septembre 2016

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