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Liban - L’éclairage

Un forcing diplomatique en faveur de la déclaration de Baabda dans l’espoir d’une sortie de crise

La visite des ambassadeurs des cinq grandes puissances et de la représentante de l'Onu au Liban la semaine dernière à Tammam Salam, à qui ils ont réaffirmé leur soutien au moment où il était violemment pris à partie par le courant aouniste, est loin d'être une démarche de pure forme.
Outre la dimension politique de cette initiative, c'est la teneur du communiqué des ambassadeurs des États-Unis, de France, de Grande-Bretagne, de Russie et de Chine ainsi que de Sigrid Kaag qui a interpellé nombre de personnalités politiques, étant donné l'insistance du texte sur un retour à la déclaration de Baabda, pourtant enterrée par le Hezbollah et pratiquement oubliée par le gouvernement.
Selon un diplomate libanais proche des représentants des cinq puissances, ces derniers ont voulu adresser un message fort aux différentes forces politiques, et notamment au Hezbollah, à l'heure où des tentatives sont menées au niveau international pour mettre fin aux hostilités en Syrie, dans l'espoir de parvenir dans le même temps à amorcer un début de solution à la crise libanaise. Mais pour que cela soit possible, il est impératif que le Hezbollah, embourbé dans la guerre en Syrie, s'en retire et respecte le principe de l'inviolabilité des frontières. Que le parti de Hassan Nasrallah cesse de s'immiscer dans les affaires des pays de la région est une condition essentielle afin de faciliter un règlement au Liban, selon ce diplomate qui cite ses confrères occidentaux.
Un retour à la déclaration de Baabda, adoptée le 12 juin 2012, pourrait être donc le prélude à un règlement intérieur qui sera couronné par l'élection d'un président de la République ainsi qu'à un éventuel élargissement du champ d'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'Onu. Ce dernier point inclut un déploiement de l'armée et d'une force multinationale toute le long de la frontière avec la Syrie.
Mais pour le moment, il va sans dire que ce scénario, compte tenu du contexte régional général, est difficile à réaliser. On verrait mal l'Iran lâcher du lest en Syrie et au Liban sans contrepartie, surtout quand on sait que le Hezbollah, qui était pourtant l'un des signataires de la déclaration de Baabda, a fini par s'en laver les mains à partir du moment où il a décidé de s'engager aux côtés des forces de Bachar el-Assad contre les rebelles syriens. Le parti de Dieu ne pouvait pas se conformer à l'agenda iranien et continuer d'adhérer à la déclaration de Baabda qui prévoit notamment « une distanciation » du Liban par rapport au conflit syrien. C'est notamment cette distanciation qui a été mise en relief par les représentants des cinq Grands et de l'Onu après leur visite au Sérail.
Celle-ci avait été précédée d'autres visites à des dirigeants et des dignitaires libanais afin de sonder leurs vues, notamment après le conflit autour du respect du pacte national qui a fini par provoquer une suspension du dialogue national et amené le Courant patriotique libre à envisager une escalade. Au terme de cette tournée, les diplomates ont tenu une réunion d'évaluation au terme de laquelle ils se sont entendus sur la formule du communiqué à faire paraître après leur visite au Sérail. Selon le même diplomate libanais, les représentants des cinq Grands n'étaient pas favorables à une référence à la déclaration de Baabda, notamment à l'article relatif à la distanciation, partant du principe que le Liban lui-même y a renoncé et qu'ils ne pouvaient pas être plus royalistes que le roi. Ils ont quand même fini par l'inclure au texte sur insistance de Mme Kaag qui a mis en relief son caractère solennel, rappelant qu'il s'agit d'un des documents de l'Onu et de la Ligue arabe auxquels le secrétaire général Ban Ki-moon fait référence dans ses rapports au sujet du Liban et qu'il était nécessaire d'y faire référence dans la mesure où la présidentielle est bloquée à cause de sa corrélation avec le conflit régional.

La visite des ambassadeurs des cinq grandes puissances et de la représentante de l'Onu au Liban la semaine dernière à Tammam Salam, à qui ils ont réaffirmé leur soutien au moment où il était violemment pris à partie par le courant aouniste, est loin d'être une démarche de pure forme.Outre la dimension politique de cette initiative, c'est la teneur du communiqué des ambassadeurs des...

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