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Liban - Politique

À Saïfi, un « remake » de Kornet Chehwane...en attendant le nouveau 14 Mars ?

Convergence entre les Kataëb et Bkerké qui cherche à initier la création d'une nouvelle plate-forme de « salut national ».

C’est sous l’impulsion d’Amine Gemayel que le parti Kataëb a organisé, à Saïfi, une rencontre autour du thème : « 16 ans après l’impulsion du Rassemblement de Kornet Chehwane : résumés et leçons à tirer ». Photo Marwan Assaf

Sous l'impulsion de l'ancien président Amine Gemayel, qui appelait récemment ses pairs du 14 Mars à un retour aux fondamentaux, noyés par les divisions autour de la présidentielle et par les surenchères confessionnelles remises au goût du jour, le parti Kataëb a organisé hier à son siège central, à Saïfi, une rencontre autour du thème : « 16 ans après l'impulsion du Rassemblement de Kornet Chehwane : résumés et leçons à tirer », à l'occasion du 16e anniversaire de l'appel de Bkerké, lancé le 20 septembre 2000 par l'Assemblée des évêques maronites pour réclamer la fin de la tutelle syrienne.

C'est dans la foulée de cet appel que le Rassemblement de Kornet Chehwane avait été fondé, le 30 avril 2001, sous le parrainage de l'ancien patriarche maronite Nasrallah Sfeir et sous la direction de Mgr Youssef Béchara. Le Rassemblement de KC, qui avait réuni 22 personnalités chrétiennes appartenant aux différents courants de l'opposition (Forces libanaises, Kataëb, PNL, aounistes et indépendants) avait constitué le cadre politique reflétant la ligne de conduite nationale du patriarche Sfeir.

L'initiative des Kataëb, qui se présente à un moment où les acquis de la révolution du Cèdre traversent une période d'incertitude alors que les institutions du pays sont bloquées et bafouées, semble avoir été lancée dans une tentative de rassembler à nouveau les composantes du 14 Mars, dont KC était le pilier chrétien.

Le colloque s'est tenu en présence d'une majorité des personnalités qui faisaient partie du Rassemblement de KC, ainsi que d'autres membres du 14 Mars, notamment les députés Marwan Hamadé et Ahmad Fatfat, ce dernier venu en sa qualité personnelle et en tant que représentant du chef du courant du Futur, Saad Hariri, et du chef du bloc parlementaire du Futur, Fouad Siniora. Absent, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, s'est fait représenter par Eddy Abillama.

C'est le président des Kataëb, Samy Gemayel, qui a d'abord pris la parole, lançant d'emblée à l'adresse des personnalités présentes : « Le Liban a un besoin urgent d'hommes patriotes comme vous afin que soit réédifié un État fort, apte à assurer un avenir prospère, civilisé et développé et à l'ombre duquel les jeunes voudront vivre. »

Youssef Béchara
Représentant le patriarche maronite Béchara Raï, Mgr Youssef Béchara, l'ancien mentor du Rassemblement, a pour sa part souhaité que « la rencontre réussisse à travers d'abord la prise en compte des leçons à tirer et ensuite l'adoption de positions et de mesures qui convergent vers l'intérêt national suprême ».

Rappelant que Kornet Chehwane était porteur d' « une cause nationale », il a indiqué que « ce mouvement indépendantiste a défendu la souveraineté et la liberté et a réclamé la fin de la domination syrienne, rejetant l'amendement de la Constitution en vertu duquel le mandat de l'ancien président de la République Émile Lahoud a été prorogé ». Et de s'interroger : « Les circonstances actuelles et les développements intérieurs et régionaux sont-ils moins tragiques que ceux qui existaient lorsque le Rassemblement a été créé ? » Comme s'il s'était répondu par la négative à la question qu'il venait de se poser, Mgr Youssef Béchara a tranché : « Il faut créer un nouvel organisme de salut national. » Restait la question de savoir « qui le parrainera ? », ce à quoi Mgr Béchara a apporté également sa propre réponse : « Serait-ce Bkerké ? Peut-être. »

L'ancien député Samir Frangié a, de son côté, également mis l'accent sur « la nécessité de retourner à cette expérience pour rectifier le parcours actuel ». Soulignant que « le repli sur soi contredit le principe du vivre-ensemble », il a estimé que « la solution ne consiste pas à faire des surenchères confessionnelles mais à reprendre des choix qui se sont avérés efficaces ».

Dans le même esprit, le président du Parti national libéral, Dory Chamoun, a appelé à « collaborer ensemble et (à) davantage penser à l'intérêt national ». Il n'a pas manqué de lancer des critiques acerbes contre le Hezbollah, l'accusant de « ne pas penser à un État de droit au Liban ». « Ce parti entreprend des guerres à son compte et combat en dehors du pays », a-t-il dénoncé, déplorant qu' « il oublie que sa nationalité est libanaise ».

Rappelant de son côté que le Rassemblement de Kornet Chehwane ambitionnait, après le retrait syrien, de « reconstruire l'État et ses institutions et rétablir les valeurs sapées », l'ancien député Salah Honein s'est demandé « où en est (notre) rôle dans la défense du droit, dans la résistance face à l'effondrement et dans l'adoption de politiques pertinentes », avant de déplorer « l'impudence, la décadence et l'archaïsme » qui prévalent actuellement au niveau politique. M. Honein a enfin appelé au respect du vivre-ensemble, prônant « un système capable de rassembler toutes les composantes de la société ».

L'attachement à la coexistence a été également réitéré par le secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid. « Notre sort en tant que chrétiens et Libanais est de nous porter garants du vivre- ensemble et non de rechercher notre part dans le pays puisque celui-ci appartient à tous », a-t-il fait valoir. L'ancien député a en outre appelé à « lancer, avant qu'il ne soit trop tard, une initiative nationale qui rassemble toutes les composantes communautaires ».

 

(Lire aussi : Derrière la rumeur d'une adhésion du Futur à la candidature Aoun se cache le Hezbollah...)

 

Pas d'autoflagellation
Le mot de la fin, c'est l'ancien président de la République, Amine Gemayel, qui l'a prononcé, affirmant que « la rencontre d'aujourd'hui (hier) n'est pas tant une occasion de se souvenir et de s'autoflageller que de tirer bénéfice de l'expérience et du moment historique qui a permis de réaliser le rêve de la souveraineté ».
M. Gemayel a notamment mis en garde contre « le vide et le blocage qui divisent », rejetant « les candidatures et contre-canditatures » proposées ici et là.

« Les composantes du 14 Mars mettent en œuvre toutes leurs capacités pour faire accéder à la présidence de la République les deux représentants du 8 Mars, alors que le Hezbollah se réserve le droit de choisir qui il voudra et quand il voudra. Nous avons proposé au Hezbollah la candidature de ses alliés et nous nous retrouvons à devoir le convaincre ! », s'est-il insurgé.

M. Gemayel a affirmé sur ce point que la vacance au niveau de la présidence de la République, en raison du blocage exercé, équivaut à une nouvelle tutelle et un nouvelle occupation. Il a appelé à élire un chef de l'État qui ne soit pas imposé par « la nécessité, la force ou la résignation ». Il a en outre appelé à « réunifier les forces souverainistes pour se distancier des axes régionaux et revenir au vrai pacte national ». « Les piliers, les partis et le public de la révolution du Cèdre doivent dépasser leurs différends afin de se consacrer à la cause existentielle », a préconisé l'ancien chef de l'État.

Les interventions ont été suivies d'un débat auquel a notamment participé le député Nadim Gemayel qui a invité « les dirigeants et les acteurs de la révolution du Cèdre à se réunir à nouveau pour réfléchir, planifier et adopter une position unique donnant la priorité à l'intérêt national et au Liban d'abord ». Il a enfin appelé à « oublier les candidats de l'autre partie qui n'ont aucun lien avec nos sacrifices et nos constantes ».

Les personnalités présentes
Étaient notamment présents à la réunion au siège central des Kataëb l'ancien président Amine Gemayel, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, l'ancien président du Rassemblement de Kornet Chehwane, Mgr Youssef Béchara, représentant le patriarche Béchara Raï, le ministre des Télécoms, Boutros Harb, en sa double qualité personnelle et de représentant du Premier ministre, Tammam Salam, Ahmad Fatfat, député du Futur, représentant Saad Hariri et Fouad Siniora, les députés Marwan Hamadé, Dory Chamoun, Jean Oghassapian, Élie Marouni, Fady Habre, Samer Saadé et Nadim Gemayel, ainsi qu'Henri Hélou, représentant le chef du Parti progressiste socialiste, Walid Joumblatt. Il y avait également Eddy Abillama, qui représentait le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, Farès Souhaid, secrétaire général du 14 Mars, Élias Abou Assi, secrétaire général du Parti national libéral, Édouard Tayyoun, représentant le chef du mouvement de l'Indépendance, Michel Moawad, Rached Fayed, membre du bureau politique du Futur, les anciens députés Samir Frangié, Salah Honein, Élias Atallah et Ghattas Khoury et la journaliste May Chidiac.

Sous l'impulsion de l'ancien président Amine Gemayel, qui appelait récemment ses pairs du 14 Mars à un retour aux fondamentaux, noyés par les divisions autour de la présidentielle et par les surenchères confessionnelles remises au goût du jour, le parti Kataëb a organisé hier à son siège central, à Saïfi, une rencontre autour du thème : « 16 ans après l'impulsion du...

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UNE RÉUNION QUE DES REPRÉSENTANTS. ON PARLE ENTRE DES " PATRIOTES " JE N'AI PAS VU LE NOM DU VRAI PATRIOTE ACHRAF RIFI ? IL ÉTAIT INVITÉ À CETTE RÉUNION ?

Gebran Eid

13 h 02, le 21 septembre 2016

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Commentaires (4)

  • UNE RÉUNION QUE DES REPRÉSENTANTS. ON PARLE ENTRE DES " PATRIOTES " JE N'AI PAS VU LE NOM DU VRAI PATRIOTE ACHRAF RIFI ? IL ÉTAIT INVITÉ À CETTE RÉUNION ?

    Gebran Eid

    13 h 02, le 21 septembre 2016

  • REMAKE... AH, OUI ! CAR QUAND ON VEUT EMBELLIR L,OCTOGENAIRE AVEC L,HABIT D,UNE JEUNE MARIEE GARE SI QUELQU,UN SOULEVE LE VOILE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 35, le 21 septembre 2016

  • KC EST UN REMAKE DE CE QUI APPARAÎT LE PLUS COMME UN ÉCHEC. PEUT ON FAIRE DU NEUF AVEC DU VIEUX ? SEULS LES "VRAIS" LIBANAIS DE CETTE RÉUNION DE CROULANTS politiques pensent encore se convaincre de le faire.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 39, le 21 septembre 2016

  • Mais non! La nationalité du Hezbollah n'est pas libanaise! Il est né au Liban, mais de père et mère iraniens.

    Yves Prevost

    06 h 42, le 21 septembre 2016

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