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Moyen Orient et Monde - Décryptage / Syrie

Surmonter les divisions interaméricaines pour sauver l’accord avec Moscou

La volonté d'établir une coopération militaire avec les Russes et de classer Fateh el-Cham comme organisation terroriste a accentué les divisions entre le département d'État et le Pentagone.

De gauche à droite : le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le secrétaire d’État américain John Kerry s’entretenant avec l’envoyé spécial de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, à la réunion internationale sur la Syrie qui s’est tenue hier à New York. Kevin Hagen/AFP

Washington et Moscou présidaient hier à New York une réunion capitale sur la Syrie pour tenter de sauver la trêve conclue le 9 septembre dernier et qui est battue en brèche par la reprise des hostilités sur le terrain. Cette rencontre internationale devrait permettre de clarifier le contenu des engagements russo-américains pour soumettre finalement l'accord au vote des pays membres du Conseil de sécurité de l'Onu, qui jusque-là n'ont pas eu connaissance de l'intégralité des textes.

Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a estimé que la trêve des combats en Syrie n'était « pas morte » en dépit de la reprise des bombardements et a annoncé une deuxième rencontre vendredi avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Si, dans les faits, le cessez-le-feu a été transgressé à plusieurs reprises, l'opération de la coalition internationale samedi contre les positions de l'armée syrienne sur la zone stratégique de Jabal Thourda à Deir ez-Zor a eu un impact décisif sur les évolutions en cours. Présentées comme une « bavure », ces frappes menées, selon un porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, par des avions antitanks A10 et des chasseurs-bombardiers F16 contre une position fixe de l'armée syrienne engagée dans l'offensive contre l'État islamique ont sérieusement déstabilisé l'accord russo-américain. Ils révéleraient aussi des dissensions profondes entre le Pentagone et le ministère américain des Affaires étrangères.

Des divergences de ligne sur le dossier syrien entre les deux départements et des objections du Pentagone seraient à l'origine des retards pris dans l'élaboration d'un compromis. Le 27 août dernier déjà, à l'issue d'un entretien à Genève, le porte-parole du Pentagone Peter Cook avait estimé qu'« il reste encore des questions qui doivent être examinées » et qu' « il n'y a pas d'accord pour le moment ». Parmi les antagonismes qui minent les rapports entre militaires et diplomates figurent les dispositions de l'accord sur la création d'un centre de mise en œuvre conjointe (russo-américain) avec la participation des représentants de l'armée et des forces spéciales des deux pays, et l'échange de renseignements de ciblage dans le cadre des frappes contre à la fois l'EI et Fateh el-Cham (ex-Front Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda).

 

(Lire aussi : Maintenir l’EI à Deir ez-Zor pour une victoire à Mossoul)

 

Relations « réelles »
Or la volonté d'établir une coopération militaire avec Moscou et de classer Fateh el-Cham comme organisation terroriste a accentué les divisions avec le Pentagone. L'article « Les détails de l'accord sur la Syrie creusent le fossé entre John Kerry et le Pentagone » (« Details of Syria Pact Widen Rift Between John Kerry and Pentagon »), paru le 13 septembre dans le New York Times, relevait que « l'accord que le secrétaire d'État a annoncé avec la Russie pour réduire le nombre de morts en Syrie a élargi un fossé, connu de tous, entre M. Kerry et le secrétaire à la Défense, Ashton Carter. Ce dernier a émis de profondes réserves au sujet du plan pour cibler les groupes terroristes conjointement par les forces américaines et russes ». Le lendemain, dans un entretien sur Public Radio, John Kerry a rappelé l'intransigeance du département d'État dans la mise en œuvre de l'accord russo-américain, qui serait soutenu par le président Barack Obama. Dans son intervention, M. Kerry s'exprime en affirmant qu'il « pense » que le Pentagone a reçu le message et que les militaires se conformeront au respect de l'engagement américain bien qu'il ne leur soit pas demandé de « renoncer à leurs principes », des propos problématiques selon le politologue socialiste américain Bill Van Auken. Dans sa publication « Le Pentagone défie ouvertement le cessez-le-feu américano-russe en Syrie », il notait que « les remarques de Kerry expriment les relations réelles au sein de l'appareil d'État américain, l'influence prépondérante de l'immense appareil militaire et de renseignement et sa capacité à exercer de fait un droit de veto sur les responsables civils élus du pays ».

Dans ce climat de tension, l'opération de Deir ez-Zor est apparue pour bon nombre d'acteurs comme la volonté du Pentagone de rompre l'accord américano-russe que Moscou et Téhéran entendaient mettre à profit pour préparer une offensive d'envergure à Deir ez-Zor et vider la zone stratégique de la présence de l'EI. Cette perspective compromettait à la fois le plan de bataille de Mossoul, mais risquait essentiellement de conforter Russes et Iraniens dans leur objectif de réouverture de l'axe stratégique Téhéran-Bagdad-Damas, reconfiguration aux conséquences géopolitiques majeures pour les Américains. Le risque d'enlisement du processus diplomatique russo-américain apparaît d'abord comme la résultante de l'exacerbation des contradictions interaméricaines. Si les Russes ont accepté le rendez-vous crucial de New York, ils ne se sont pas moins préparés à l'escalade militaire en cas d'échec. C'est dans cette perspective que, selon des sources militaires syriennes, les Russes auraient renforcé leur présence à l'est d'Alep, centre névralgique de l'armée syrienne pour tenir l'axe Alep-Hama et le sud de la Syrie.

 

 

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Washington et Moscou présidaient hier à New York une réunion capitale sur la Syrie pour tenter de sauver la trêve conclue le 9 septembre dernier et qui est battue en brèche par la reprise des hostilités sur le terrain. Cette rencontre internationale devrait permettre de clarifier le contenu des engagements russo-américains pour soumettre finalement l'accord au vote des pays membres du...

commentaires (3)

selon une citation d'Albert Einstein ...qui dit " ce n'est pas ceux qui créer les problèmes ,qui ont la solution.." ,Obama et Kerry devraient médité sans ce presser ...ils sont en fin de mandat , et ne sont au pouvoir que jusqu'au 19 novembre .....

M.V.

16 h 09, le 21 septembre 2016

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Commentaires (3)

  • selon une citation d'Albert Einstein ...qui dit " ce n'est pas ceux qui créer les problèmes ,qui ont la solution.." ,Obama et Kerry devraient médité sans ce presser ...ils sont en fin de mandat , et ne sont au pouvoir que jusqu'au 19 novembre .....

    M.V.

    16 h 09, le 21 septembre 2016

  • SI LES ETATS UNIS NE MONTRENT PAS DE LA FERMETE ET LE RUSSE DETECTERAIT DE L,HESITATION IL ESSAYERAIT DE DEROGER AUX ACCORDS DE LA CONNIVENCE QUAND AU BUT ET RESULTAT FINAL CE QUI RESULTERAIT EN ESCALADES MILITAIRES DANGEREUSES DANS TOUTE LA REGION !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    12 h 57, le 21 septembre 2016

  • Avec les us c'est jean qui rit et Jean qui pleure. Les fiascos de leurs complots en syrie et au M.O en général ne peuvent être cachés par leur alliance contre nature avec des bactéries qui leur rongent le ...... La société occidentale est prise en otage par cette duplicité typiquement américaine. Mais jusqu'où et jusqu'à quand ? La valse des clowns tous les 4 ans n'arrangent pas les choses pour eux et leurs appendices régionaux. L'usurpatie inclus.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 22, le 21 septembre 2016

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