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Lifestyle - La bonne nouvelle du lundi

Un gros pas en avant réalisé contre le trafic de félins au Liban

Crise des déchets, attentats, coupures d'électricité, malaise social, clivages politiques accrus, tensions communautaires... Face à l'ambiance générale quelque peu délétère, « L'Orient-Le Jour » se lance un défi : trouver une bonne nouvelle chaque lundi.

Animals Lebanon, avec la coopération du ministère de l’Agriculture, a lancé début 2016 une campagne qui s’est aujourd’hui soldée par une réussite : le ministère a publié un décret pour réguler l’existence des félins au Liban. Photo fournie par Animals Lebanon.

C'était l'histoire de trop. Celle de Queen, une bébé lionne enlevée à sa mère à quelques mois à peine, achetée à 10 000 dollars et cloîtrée dans une maison au Liban. À un an à peine, en août 2015, Queen a été récupérée par Animals Lebanon (AL). La lionne était incapable de marcher et dans un état de grave malnutrition. Malgré les soins qui lui ont été donnés, son cas ne s'est pas amélioré et elle a dû être euthanasiée.

Le cas de ce lionceau n'est malheureusement pas isolé. Et pour que d'autres animaux ne connaissent pas le même destin, Animals Lebanon, avec la coopération du ministère de l'Agriculture, avait lancé début 2016 une campagne pour sauver ces félins et mettre fin à leur trafic au Liban. Une démarche qui a enfin été couronnée de succès puisque le ministère a publié, il y a quelques jours, un décret visant à mettre un terme à ce trafic et à imposer aux parcs animaliers des permis officiels.
Animals Lebanon a, par le passé, mené plusieurs combats qui lui ont permis d'arracher aujourd'hui ce décret ministériel. Depuis 2011, l'ONG a ainsi sauvé huit lions et tigres de la captivité et les a renvoyés vers des sanctuaires spécialisés à l'étranger.

Un danger mortel
Pourquoi l'ONG a-t-elle, pendant plusieurs années, fait de cette lutte un de ses chevaux de bataille ? « Selon nos estimations, 20 à 30 félins vivent au Liban, indique Jason Mier, directeur exécutif d'Animals Lebanon, à L'Orient-Le Jour. La moitié sont dans les zoos, au moins un se trouve dans un restaurant et le reste a été acquis par des particuliers en tant qu'animaux de compagnie ». Et M. Mier de poursuivre : « Quand ces animaux, plutôt dangereux, se retrouvent dans des zones surpeuplées et sans aucune régulation, ils peuvent constituer un danger mortel pour les personnes qui les entourent. »

Le directeur d'Animals Lebanon se dit aussi préoccupé par le bien-être de ces animaux. « Les propriétaires privés et les parcs animaliers ont montré qu'ils sont incapables de prendre soin de ces espèces », déplore-t-il. Il cite à titre d'exemple Animal City, qui « laisse des lions se reproduire et publie, fier, chaque année sur les réseaux sociaux les photos des lionceaux ». Sauf que ces lionceaux disparaissent après, selon le directeur de l'ONG, alors que les propriétaires du parc assurent que les animaux ne sont jamais vendus. « Mais où sont-ils ? s'interroge Jason Mier. Il n'y a donc qu'une seule conclusion qui puisse être tirée : ils ont souffert et ont fini par mourir. »

M. Mier tient également à rappeler que « le trafic de la faune a été reconnu comme une forme de criminalité transnationale organisée » et que le Liban a signé en 2013, grâce aux efforts d'Animals Lebanon, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites).

Le décret et ses régulations
En quoi consiste le nouveau décret du ministère de l'Agriculture ? Désormais, « seuls les zoos et les centres de secours (pour animaux), et seulement lorsque des exigences spécifiques sont remplies, peuvent posséder des félins, précise M. Mier. Le cirque qui se trouve au Liban peut garder les félins qu'il possède déjà mais ne pourra pas en acquérir d'autres ».

Les particuliers ont jusqu'au 1er novembre pour rendre tous les félins qu'ils gardent chez eux. Les parcs et les cirques ont, quant à eux, jusqu'au 1er octobre pour répondre aux exigences précisées dans le décret. Le cas échéant, des mesures légales seront prises à leur encontre.

Les parcs animaliers enregistrés doivent donc fournir au ministère de l'Agriculture toutes les informations relatives aux animaux qu'ils possèdent et présenter une copie des documents concernant le pays dont l'animal est originaire, ainsi que les conditions de son entrée au Liban. Le ministère pourra approuver la garde de l'animal à condition qu'une puce soit implantée sur chaque félin et que le bien-être des animaux soit assuré. De plus, le parc doit s'engager à ne pas vendre, donner, prêter l'animal ou le laisser se reproduire sans autorisation préalable du ministère. Par ailleurs, indique M. Mier, si le ministère ne peut pas vérifier la légalité de l'entrée du félin en territoire libanais, il sera totalement interdit de le laisser se reproduire.

Pour la bonne mise en œuvre de ce décret, le ministère devra donc s'assurer que les exigences sont respectées par les propriétaires de fauves. « Le ministère est un partenaire dans cette campagne dont le succès est tributaire du rôle qu'il doit assumer », affirme M. Mier.

De son côté, Animals Lebanon s'est engagé à loger et prendre soin de ces félins en attendant qu'ils soient envoyés dans des sanctuaires spécialisés. Deux sanctuaires, l'un en France et l'autre en Afrique du Sud, ont accepté de recevoir les animaux confisqués ou rendus.
Les frais des soins et du logement incombent à Animals Lebanon et varient selon l'espèce, l'âge et l'état de l'animal, explique M. Mier. À titre d'exemple, les soins médicaux, la nourriture, le logement, les frais de douane et la caisse de transport d'un lion s'élèvent à environ 6 000 dollars. « Le financement est toujours une lutte, affirme le directeur de l'ONG. Mais nous avons chaque jour de plus en plus de personnes qui nous viennent en aide. »

 

 

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