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Liban - Éclairage

Réfugiés : les pays riches appelés à assumer une plus grande responsabilité

Un campement de réfugiés syriens aux abords de la ville de Ersal. Maya Hautefeuille/AFP

Les regards sont tournés vers la ville de New York où doit se ternir, le 19 septembre, l'Assemblée générale des Nations unies consacrée à la question des réfugiés et des migrants.

Placé sous le signe de la consolidation de la « solidarité entre États » et d'une « meilleure gestion » de la crise des réfugiés syriens qui a atteint désormais une dimension internationale, cet événement constituera un vrai test pour les États membres et leur volonté de coopérer pour trouver un règlement à un dossier devenu explosif pour nombre d'entre eux.

C'est également un rendez-vous qui mettra à l'épreuve les véritables intentions des uns et des autres et la disposition de chacun des États membres à y mettre du sien et à admettre le principe d'une responsabilité internationale partagée. À défaut, l'effet boomerang de cette crise migratoire d'une rare ampleur n'épargnera personne.

Des sources onusiennes insistent à ce propos sur l'un des points fondamentaux qui figureront à l'ordre du jour de l'Assemblée générale, à savoir la question du partage des contraintes sociales et économiques que pose l'accueil de la population des réfugiés. L'objectif notamment visé par les Nations unies lors de cette réunion est d'inciter les pays, qui à ce jour ont fait preuve de timidité, voire de refus total de recevoir chez eux des réfugiés syriens, à changer d'attitude « de sorte à pouvoir relocaliser 10 % des réfugiés dans des pays tiers », précise une source proche de l'organisation internationale. L'idée étant de mieux répartir les responsabilités entre États, en impliquant les États riches, tels que le Canada, les États-Unis, l'Australie et l'Europe.

 

(Lire aussi : La communauté internationale s'engage à réinstaller 1,2 million de réfugiés dans les prochaines années)

 

Un projet qui s'annonce ambitieux à l'heure où l'Europe est en pleine « crise existentielle », en proie à des débats politiques et sociaux houleux autour de la question des réfugiés.
Dans les milieux onusiens, on estime que « les solutions concertées sont désormais incontournables et requièrent l'engagement de chacun des États, notamment de l'Europe ». Cette dernière est particulièrement invitée à œuvrer en vue de l'accueil par les voies légales d'un certain quota de réfugiés afin de pallier l'afflux des réfugiés par voie de mer. Une situation qui a non seulement engendré des drames humains, mais a également pavé la voie à la présence de plusieurs milliers de réfugiés en situation illégale, amplifiant les craintes sécuritaires et la psychose des attentats sur le continent.

« En définitive, il y va de l'intérêt de l'Europe d'organiser le flux des réfugiés et leur accès aux pays d'accueil respectifs par les voies légales de sorte à mieux contrôler la situation », insiste une source diplomatique proche du dossier.
À New York, l'on parlera certes de l'augmentation des fonds d'aides et de l'amélioration des conditions de vie des réfugiés, notamment dans les pays vulnérables tels que le Liban qui en accueille le plus grand nombre.

 

(Lire aussi : Ban Ki-moon à « L'Orient-Le Jour » « Nous avons besoin d'une solution globale au problème des réfugiés »)

 

Zone sécurisée
Faisant campagne depuis plusieurs mois contre le spectre de l'implantation des réfugiés syriens et en faveur de leur déplacement vers une zone sécurisée, le Liban officiel entendra probablement des assurances sur le premier point mais non sur le second. Soutenues par les États-Unis notamment, les Nations unies sont réticentes à ce jour à l'idée de zone sécurisée dans les pays en conflit, une formule qui s'était soldée dans le passé par des échecs monumentaux, notamment en Bosnie et au Rwanda où des massacres ont été perpétrés dans les zones dites sûres, sous les yeux des forces onusiennes prises entre deux feux. Une expérience que l'organisation internationale n'est pas près de réitérer.

« Pour pouvoir envisager des zones sûres placées sous la protection de forces internationales, il faut que les conditions de protection des réfugiés soient remplies. La première est celle de pouvoir dialoguer, et par conséquent d'impliquer toutes les parties au conflit pour avoir de telles garanties, ce qui est extrêmement difficile en Syrie avec la prolifération des groupes de l'opposition dont certains, comme l'État islamique, ne sont pas admis aux pourparlers », confie une source autorisée.

Quant aux craintes de l'implantation exprimée par les Libanais, « elles sont principalement dues à l'expérience douloureuse que le Liban a vécue avec l'afflux des Palestiniens sur son territoire », précise encore la source qui persiste toutefois à dire que « s'il devait avoir lieu, le processus d'implantation ou de naturalisation ne relèverait que de la seule décision des autorités libanaises. Aucun pays ou organisation n'est habilité à leur dicter un choix dans un sens ou un autre », poursuit la source.

 

(Lire aussi : Seuls 40% des enfants syriens réfugiés au Liban sont scolarisés)

 

Il n'en reste pas moins que le Liban, qui a accueilli généreusement mais chaotiquement près d'un million et demi de réfugiés, commence à en ressentir sérieusement l'impact sur le triple plan économique, social et sécuritaire. Défavorisé au départ par une situation économique vulnérable et une infrastructure défaillante, il a été submergé par la déferlante de réfugiés se trouvant dans une situation presque aussi précaire que la population d'accueil.

Une étude effectuée par la Banque mondiale pour la période qui s'étend de 2012 à 2014 montre que le Liban compte désormais 170 000 personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Estimé à 5,6 milliards de dollars pour l'année 2015, l'impact économique de la crise syrienne sur le Liban « est toutefois à distinguer de celui de la présence directe des réfugiés sur son sol », précise une source de la Banque mondiale qui souligne que « c'est plutôt la guerre en Syrie qui a largement affecté les échanges commerciaux, notamment entre les deux pays ». Le poids que représente la présence d'un si grand nombre de réfugiés dans un pays largement défavorisé au départ est certes lourd. Mais il ne faut pas oublier non plus que leur présence a augmenté la consommation et peut être convertie, à moyen terme, en un stimulus pour l'économie libanaise, ajoute la source en substance. En bref, le message peut être résumé comme suit : ne pas accabler les seuls réfugiés en leur faisant assumer tous les maux du pays.

« Charité bien ordonnée commence par soi-même », enchaîne un analyste qui suit de près ce dossier. « La mauvaise gestion des ressources publiques, l'absence de planification économique, mais aussi la corruption et le manque de vision chez une classe politique qui trempe dans les affaires doivent également être pris en compte dès lors que l'on parle de l'appauvrissement de la population libanaise », commente l'analyste qui reste pessimiste quant à un règlement prochain du dossier, en l'absence d'un plan national global qui puisse répondre à ce type de défis.

 

 

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Placé sous le signe de la consolidation de la « solidarité entre États » et d'une « meilleure gestion » de la crise des réfugiés syriens qui a atteint désormais une dimension internationale, cet...

commentaires (1)

Les pays riches..? cela concerne sûrement les pays pétroliers membres de OPEP, le Koweït, l'Arabie Saoudite, Oman , les UAE, le Brunei, la Thaïlande ,l'Indonésie ,l'Iran ,Qatar, Bahrein , etc...ca fait au total beaucoup de moyens disponibles ,avec des espaces immenses et des milliards de USD.... pour exprimer la solidarité et la générosité inter-islamique ....

M.V.

11 h 24, le 17 septembre 2016

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Commentaires (1)

  • Les pays riches..? cela concerne sûrement les pays pétroliers membres de OPEP, le Koweït, l'Arabie Saoudite, Oman , les UAE, le Brunei, la Thaïlande ,l'Indonésie ,l'Iran ,Qatar, Bahrein , etc...ca fait au total beaucoup de moyens disponibles ,avec des espaces immenses et des milliards de USD.... pour exprimer la solidarité et la générosité inter-islamique ....

    M.V.

    11 h 24, le 17 septembre 2016

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