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Cahuzac assure n'avoir "pas menti" à Hollande sur son argent caché en Suisse

"La question précise, +as-tu oui ou non un compte à l'étranger ?+, on ne me l'a jamais posée. Je n'ai pas menti au président les yeux dans les yeux", affirme l'ancien ministre français du Budget.

L'ex-ministre français du Budget Jérôme Cahuzac a affirmé mardi n'avoir "pas menti" au président François Hollande sur son compte caché en Suisse. AFP / LIONEL BONAVENTURE

C'était l'une des dernières fois qu'il prenait la parole à son procès pour fraude fiscale et il a fait sensation : l'ex-ministre français du Budget Jérôme Cahuzac a affirmé mardi n'avoir "pas menti" au président François Hollande sur son compte caché en Suisse.

"La question précise, +as-tu oui ou non un compte à l'étranger ?+, on ne me l'a jamais posée. Je n'ai pas menti au président les yeux dans les yeux", a déclaré l'ancien élu socialiste, évoquant ses entretiens avec le chef de l'Etat fin 2012 au début de l'affaire.
Il affirme avoir eu un tête-à-tête avec lui, puis un deuxième entretien en présence du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 5 décembre, au moment où le site d'information Mediapart venait de révéler l'existence de son compte à l'étranger.
"Il (le président) me demande : +Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?+ Je réponds : +C'est rien, c'est des conneries+", raconte le ministre déchu.

Jérôme Cahuzac explique que ce mois de décembre est un cauchemar pour lui. Il sous-entend que François Hollande lui a demandé de rester, au moins le temps de finir l'année.
"Cet entretien, j'en sors avec la conviction que je dois continuer à faire ce que je dois faire... Même à un président de la République, il faut savoir dire non. Je n'ai pas su dire non. Ce n'est pas de sa faute", dit-il.
L'ancien ministre a refusé d'être plus précis, ajoutant seulement : "Le responsable politique qu'il est n'a pas commis de faute. Humainement, c'est autre chose."

 

(Pour mémoire : Le procès de l'ex-ministre Cahuzac sur la piste de l'argent caché)

 

'L'enfer'
L'ancien héraut de la lutte contre l'évasion fiscale, devenu le fraudeur se faisant livrer du cash sous le nom de code de "Birdie", a aussi évoqué mardi la "tourmente qui a dévasté la famille".
Il nie pendant des mois, "vivant l'enfer". Quand une information judiciaire est ouverte en mars 2013, il se dit qu'il lui "reste trois solutions : continuer à nier, avouer ou ..." Sa voix se brise, les larmes montent.
Il reprend, après une brève suspension de séance. C'est un entretien avec son avocat, Jean Veil, qui le convainc de "renoncer au suicide", de "dire la vérité et d'en payer le prix". "C'est ce que j'ai fait et j'en paye encore le prix", ajoute-t-il.

Le ministre vedette du gouvernement démissionne le 19 mars 2013. Le 2 avril, il avoue. Cette affaire, le plus retentissant scandale politique des dernières années en France, a conduit au renforcement des outils de lutte contre la fraude fiscale et des règles de transparence imposées aux élus.

Trois ans et demi plus tard, Jérôme Cahuzac dit sa "douleur" de voir sa vie résumée à cette minute où, devant l'Assemblée nationale, il nie avoir eu un compte à l'étranger: "Ces images qui passent en boucle, jusqu'à la nausée, résument ce que je suis censé être aux yeux de tous".
"Je demande à être jugé pour ce que j'ai fait, ce que je suis. Je croyais en ce que je faisais", lance cet homme aux multiples visages.

Depuis huit jours, il répond, avec son ex-épouse Patricia, de fraude fiscale et de blanchiment pour des comptes en Suisse, à Singapour et sur l'île de Man.
Dans la matinée, ils ont aussi répondu de l'utilisation des comptes de la mère de l'ancien élu, sur lesquels ils ont, de 2003 à 2010, déposé pour près de 240.000 euros de chèques de patients de la clinique d'implants capillaires qu'ils tenaient alors ensemble.

Un argent qui a servi à des "dépenses familiales", selon les ex-époux. "Une facilité" devenue "une habitude", a reconnu le prévenu, qui a toutefois nié tout "système organisé".
A eux deux, ils ont subi un redressement fiscal de plus de 2,5 millions d'euros.

"J'ai extrêmement honte d'avoir fait cela", a lâché Patricia. Son ex-mari, quant à lui, n'a cessé d'évoquer une "faute impardonnable". Jugés avec leurs anciens conseillers, ils encourent jusqu'à sept ans de prison et un million d'euros d'amende. Les réquisitions sont attendues mercredi.

 

Pour mémoire

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