Rendre le monde plus beau, changer les choses pour le meilleur, à son propre niveau, et profiter de chaque instant de bonheur qui passe. Telles sont les devises, en apparence simples, de Céline Abou Jaoudé Hachem, La Boulangère bio, qui a pignon sur rue, à Achrafieh, depuis 2012.
Quand cette mère de deux enfants décide de quitter son poste dans le management de l'une des plus importantes multinationales ayant une branche à Beyrouth, elle commence à prendre à cœur la fabrication du pain.
«Il n'y a pas plus beau et plus sécurisant que l'odeur d'un pain chaud dans une maison. Personne ne peut résister à un bout de pain sortant du four, et cela même s'il n'a pas faim », note Céline Hachem, qui s'est depuis toujours intéressée aux aliments bio. « Il faut aider le corps à se débarrasser des toxines. Une alimentation saine protège de beaucoup de maladies », estime-t-elle.
Avant d'ouvrir sa boulangerie et de commencer officiellement l'importation de produits bio pour vendre du pain à des clients, constitués de particuliers et de restaurants, la boulangère convaincue a entamé l'aventure dans sa propre cuisine. «À chaque voyage en Europe je rentrais avec une valise pleine de produits bio, notamment de la farine. Tous mes amis connaissaient cette valise, que je leur confiais vide quand je ne pouvais pas partir afin qu'ils la remplissent pour moi au retour ! Certains commerçants me connaissaient à Paris et me faisaient même un escompte... J'avais des sacs de farine jusque dans ma chambre à coucher. Le pain est le principal aliment des enfants, surtout pour les tartines à l'école. Donc, pour moi, il est impératif qu'il soit sain », souligne-t-elle, reconnaissant cependant qu'elle n'est pas une obsédée de la nourriture bio. «Quand nous allons au restaurant, nous ne nous privons de rien», note-t-elle.
Elle commence donc ainsi à fabriquer du pain pour elle et sa famille, avant de passer à la vente, un peu plus tard. Son mari, Nakhlé, l'encourage à ouvrir une boulangerie non loin de leur appartement à Achrafieh. Elle teste des recettes avec un maître-boulanger, utilisant souvent des recettes de sa famille pour les madeleines et quelques autres petits gâteaux. Avec un plaisir affiché, elle pétrit son pain au levain, en ayant parfois recours à la levure sèche, et devient même une experte des graines utilisées pour la fabrication. Aujourd'hui, sa boulangerie bio emploie quatre personnes. « Le blé qu'on plantait dans l'Antiquité n'existe plus. Tout a été modifié. Il faut donc chercher la graine la plus saine et la plus propre », explique-t-elle. Céline Hachem s'habitue aussi, avec le temps, à traiter avec l'administration, de la douane au ministère de l'Économie. Et la tâche n'est pas toujours facile.
«Avant l'ouverture de la boulangerie, j'avais un rythme fou au travail, avec deux voyages par semaine. Je m'occupais aussi de mes enfants. Et puis je me suis écoutée et j'ai ralenti. J'ai appris qu'on ne vit qu'une seule fois. Il faut donc être heureux et faire les choses qu'on aime », note-t-elle. Pour elle, c'est surtout nager, faire du yoga, marcher dans la nature et entreprendre des voyages à la découverte de nouveaux pays.
Parfois, et parce que son ancien métier lui manque, elle assure des consultations marketing en free-lance, en parallèle à son métier de boulangère.
« La nourriture saine ne devrait pas être un luxe. Elle doit être accessible à tous », dit-elle, convaincue qu'elle doit maintenir des tarifs abordables.
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