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Culture - Photo

Les âmes tatouées à fleur de peau de Lama Mattar

C'est une nutritionniste gourmande d'art et d'images, une jeune femme curieuse des autres, qui a remporté le 2e prix de la compétition Photomed Liban.

Ce policier a fait de son corps l’autel d’une profession de foi peu commune.

Qu'ont en commun Charbel, Farah, Tara, Damien, Amandine, Loulwa, Frédéric, Joseph ou encore Bilal? A priori, rien. Sinon qu'ils affichent désormais leurs tatouages à la face du monde... et sur les cimaises de la galerie de l'Institut français du Liban, où Lama Mattar, qui a signé leurs portraits, les réunit le temps d'un accrochage intitulé Inked Minds*.

Le Festival de la photographie méditerranéenne (Photomed) a organisé l'année dernière un concours à l'attention des photographes libanais résidents au Liban. Bilal Tarabay, qui a remporté le premier prix, a gagné son premier ticket de participation au festival Photomed en France, à Sanary, en mai 2016. Tandis que Lama Mattar, qui a décroché le deuxième prix, a été conviée à présenter à Beyrouth, en septembre, sa toute première exposition individuelle, en l'occurrence Inked Minds. La jeune femme, nutritionniste et professeure de nutrition à la LAU, est passionnée d'arts visuels. Après avoir tâté de la peinture, elle s'est mise assidûment à la photo il y a 6 ans. «C'est un médium qui me permet d'assouvir à la fois mon goût pour l'art et ma curiosité des gens, de ce qui fait leur singularité, leur identité», indique cette fille de sociologue.

Ainsi, dans Inked Minds, ce n'est pas sur les tatouages en tant que tels – leurs formes ou leurs motifs – qu'elle braque sa caméra, mais sur les personnes qui les portent. «Les tatoués sont victimes de stéréotypes réducteurs dans notre société, qui les met encore trop souvent dans un même sac: celui des marginaux, ou, dans le meilleur des cas, des artistes undergrounds. À travers cette série de portraits, c'est la diversité de leurs profils que j'ai voulu montrer», assure la
photographe.

Objectif réussi. En faisant poser tous ses modèles, chacun dans son environnement personnel ou professionnel, Lama Mattar a composé des images (en couleurs et de format 60 x 90 cm) qui tordent le cou aux clichés sur les tatoués. À l'instar de ce baraqué au torse recouvert d'un étonnant chapelet d'inscriptions religieuses dessinées à l'encre, photographié assis sur son lit au dossier orné d'une flopée de chapelets, de crucifix et de cœurs... Ou de cette jeune femme cachant, sous une allure et un intérieur très épurés et bon genre, un paquet de tatouages hard rock.

 

(Pour mémoire : Dix clichés, dix émotions, et une mosaïque d’humanités)

 

Répétition et motif
Ces tatoués-là sont musicien, policier, vendeuse, étudiante, publicitaire, entrepreneurs, restaurateur ou encore photographe... Et leur vie, leur quotidien, leur ordinaire ne se différencient en rien de ceux des autres. Eux aussi ont des rêves, des fantasmes, des croyances, des valeurs ou encore des regrets. Des émotions, en somme, qu'ils ont besoin d'exprimer... Sauf qu'eux ont choisi de les inscrire à même leur peau. «J'ai beaucoup discuté avec mes modèles, affirme la photographe. Chacun d'eux a son propre univers, sa propre histoire. Aucune n'est semblable à l'autre. Même si, souvent, ce sont des moments forts qui déclenchent l'envie de se faire marquer. Une rupture, une naissance, une disparition... mais cela peut aussi être un désir esthétique, tout simplement.

Chacun suit sa propre trajectoire, en fonction de laquelle son tatouage va évoluer, en seconde peau.» Aucun trait commun à signaler donc. «Sinon qu'il y a souvent dans leurs intérieurs quelque chose de l'ordre de la répétition et du motif qui rappelle leur goût pour le tatouage», remarque Lama Mattar.
«Mais je n'aime pas généraliser», reprend-elle aussitôt. «Tout comme je n'aime pas les stéréotypes réducteurs, les amalgames, les jugements préconçus. C'est d'ailleurs pour exprimer mes idées libérales que je fais de la photo », assure cette brune au visage ouvert. Et qui porte un regard aussi curieux que positif sur «toutes ces identités singulières qui font la diversité des peuples et des sociétés».

Ainsi, après Inked Minds, Lama Mattar a réalisé une petite série de portraits de Japonais qu'elle exposera par ailleurs dans le cadre de la plateforme photographique du Beirut Art Fair. Puis elle continuera l'aventure artistique en s'attaquant à un ambitieux projet de portraits de transgenres.

* Jusqu'au 30 septembre : Beyrouth, rue de Damas. Horaires d'ouverture : tous les jours de 12h à 19h. Tél. : 01/420200.

 

Pour mémoire

Toutes les lumières de la Méditerranée, dans un parcours en cinq étapes

Qu'ont en commun Charbel, Farah, Tara, Damien, Amandine, Loulwa, Frédéric, Joseph ou encore Bilal? A priori, rien. Sinon qu'ils affichent désormais leurs tatouages à la face du monde... et sur les cimaises de la galerie de l'Institut français du Liban, où Lama Mattar, qui a signé leurs portraits, les réunit le temps d'un accrochage intitulé Inked Minds*.
Le Festival de la photographie...

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