La publication de l'acte d'accusation dans l'affaire du double attentat de Tripoli, survenu en 2013, et qui met en cause les renseignements syriens, a suscité plusieurs réactions ce week-end, dont la plus virulente a été celle du ministre démissionnaire de la Justice, Achraf Rifi. Ce dernier a rendu officielle sa demande d'expulsion de l'ambassadeur syrien au Liban, en adressant hier une note à ce sujet au gouvernement.
C'est vendredi que l'acte d'accusation dans l'affaire de l'attentat contre les mosquées as-Salam et al-Takwa, à Tripoli, a été rendu public, mettant en cause deux officiers des services de renseignements syriens, Mohammad Ali Ali et Nasser Joubin. Ce double attentat, qui a eu lieu en août 2013, avait fait 42 morts et 500 blessés.
Achraf Rifi a adressé hier une note au gouvernement pour demander de manière officielle l'expulsion de l'ambassadeur syrien. « Il n'est plus acceptable de continuer à coopérer ou à communiquer avec le régime de Damas, ce qui implique forcément l'expulsion de l'ambassadeur syrien et une prise de position officielle claire par rapport à ce sujet, par respect pour les martyrs qui sont tombés et pour préserver la souveraineté du Liban », a dit M. Rifi dans un communiqué.
Il a par ailleurs suggéré de porter plainte contre la Syrie au Conseil de sécurité de l'Onu. « Nous devons porter cette affaire au Conseil de sécurité de l'Onu pour dénoncer le fait que le régime syrien a porté atteinte à la paix civile au Liban », a-t-il indiqué.
M. Rifi a en outre adressé une note au ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, lui demandant la dissolution du Parti démocratique arabe, dont le fondateur, Ali Eid, et certains membres auraient caché et aidé les responsables de l'attentat. Il a également demandé la dissolution du Mouvement de l'unification islamique relié au cheikh Hachem Minkara. « Je propose de prendre les mesures nécessaires pour dissoudre le Parti démocratique arabe ainsi que le Mouvement de l'unification islamique dont un des membres, Ahmad Gharib, est impliqué dans le double attentat », a souligné M. Rifi. Le Mouvement de l'unification islamique a pour sa part félicité la justice pour son travail dans cette affaire tout en critiquant les propos de Rifi sans le nommer. « Nous aurions préféré que certains politiciens n'utilisent pas le sang des martyrs au service d'intérêts reliés au pouvoir », a dit la formation dans un communiqué publié hier.
Le député Walid Joumblatt a pour sa part salué le travail de la justice libanaise, dans un communiqué publié samedi, tout en dénonçant la volonté de la Syrie « d'ébranler la stabilité du Liban ». « L'acte d'accusation a montré que la justice libanaise est capable de prendre des décisions importantes dans des affaires dangereuses et sensibles. Une fois de plus, les indices prouvent à quel point le régime syrien est décidé à commettre des actes terroristes dans le but d'ébranler la stabilité et la paix civile au Liban », a dit M. Joumblatt.
Le député de Tripoli Mohammad Safadi a, quant à lui, insisté samedi sur son compte Twitter sur la nécessité de traduire les coupables en justice. « La publication de l'acte d'accusation est très importante, mais je pense que l'essentiel sera de traduire les coupables en justice », a souligné M. Safadi.
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Rifi est le meilleur représentant du mouvement populaire du14 mars. Mais il n'est pas le seul. Nawfal Daw et Farès Souaid ont eu dans toutes leurs interviews des positions similaires. D'autre part, si le TSL aboutit à l'accusation officielle des membres du Hezbollah, alors il faudra demander l'extradition en Iran de Hassan Nasrallah et du bureau politique du Hezbollah.
Saleh Issal
16 h 11, le 05 septembre 2016