Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Portrait

Mère Teresa de Calcutta sera canonisée demain

Mère Teresa et la Première ministre Indira Gandhi, le 18 novembre 1978 à New Delhi, en Inde. Photo AFP

Les divers préparatifs de la canonisation de Mère Teresa, décédée le 5 septembre 1997, touchent à leur fin aujourd'hui, alors que le pape François doit conduire la cérémonie de canonisation du prix Nobel de la paix demain, dimanche. Plusieurs dizaines de milliers de fidèles sont attendus place Saint-Pierre, sous haute sécurité.
Mère Teresa de Calcutta, la « sainte des caniveaux » qui a passé sa vie à soulager la misère la plus sordide, a été adorée par les foules, détestée par certains et souvent mal comprise. Ses mains noueuses ont caressé tous ceux dont personne ne voulait, des mourants rongés par les vers à Calcutta aux premiers malades du sida à New York, et cet engagement radical, allié à une photogénie singulière, ont fait d'elle un monument de l'Église du XXe siècle. Mais cette incarnation du don de soi pour les pauvres n'a jamais cherché à s'attaquer aux racines de la pauvreté, et cette religieuse aux prières limpides, avocate farouche de la morale de l'Église contre la contraception et l'avortement, a passé des décennies dans le doute.
Gonxhe Agnes Bojaxhiu est née le 26 août 1910 dans une famille albanaise très pieuse du Kosovo, à Skopje, alors dans l'Empire ottoman et aujourd'hui capitale de la Macédoine. À 18 ans, elle entre chez les sœurs de Notre-Dame de Lorette à Dublin, où elle choisit son nom de religion en hommage à Thérèse de Lisieux.
Envoyée à Calcutta, elle enseigne pendant près de 20 ans la géographie dans une école pour jeunes filles des classes aisées, avant d'obtenir de pouvoir suivre une vocation nouvelle : se mettre au service de Dieu à travers les plus pauvres. À 37 ans, elle enfile un simple sari de coton blanc bordé de bleu et s'installe dans un bidonville de Calcutta pour enseigner et prodiguer des soins rudimentaires. Avec d'anciennes élèves comme novices, elle fonde en 1950 les missionnaires de la Charité. En 1952, la rencontre d'une femme agonisant sur un trottoir la pousse à harceler les autorités de la ville pour obtenir une vieille bâtisse où elle accueille les mourants dont les hôpitaux ne veulent plus. Viennent ensuite des maisons pour les orphelins, les lépreux, les malades mentaux, les mères célibataires, les malades du sida... D'abord en Inde, puis à partir des années 1960 dans le reste du monde.

Austérité radicale
Énergique et déterminée, faisant preuve d'un pragmatisme à toute épreuve – au point de ne pas se montrer regardante sur l'origine des dons qu'elle reçoit –, elle est sur tous les fronts, et, en 1979, elle reçoit le prix Nobel de la paix. Mais, dans son discours d'acceptation, la frêle religieuse de 1,54 m douche son auditoire en dénonçant l'avortement comme « la plus grande force de destruction de la paix aujourd'hui (...), un meurtre direct par la mère elle-même ». Elle essaie aussi de mettre les choses au clair : « Nous ne sommes pas des travailleurs sociaux. Il se peut que nous fassions un travail social aux yeux des gens, mais, en réalité, nous sommes des contemplatives au cœur du monde. »
« À chaque fois qu'elle voyait un pauvre qui souffrait, elle voyait Jésus souffrant dans cette personne, raconte Mary Johnson, une Américaine qui a été missionnaire de la Charité pendant 20 ans. Parfois, elle en oubliait la vraie personne en face. »
Au grand dam de certains critiques, Mère Teresa considère qu'outre soulager la souffrance des pauvres, il faut aussi la partager, à travers une vie d'une austérité radicale allant jusqu'à l'usage quotidien des mortifications. « Sans souffrance, il n'y a pas d'amour, il n'y a pas de joie », insiste sœur Martin de Porres, missionnaire de la Charité depuis plus de 50 ans. Pour Mère Teresa, la souffrance a été aussi spirituelle : pendant des décennies, elle a ressenti un vide dans la prière qui est allé jusqu'à lui faire douter de l'existence de Dieu, comme l'ont révélé après sa mort des écrits qu'elle aurait souhaité voir brûler. « Le paradis ne veut rien dire pour moi. Il me semble vide. Et, pourtant, j'ai ce désir de Dieu qui me torture. S'il vous plaît, priez pour moi pour que je continue à Lui sourire malgré tout », écrivait-elle en 1957 à l'évêque de Calcutta.
Et ce sourire ne l'a pas quittée... « Sur son visage, je n'ai jamais vu que la joie, la sérénité et la paix. Elle savait aussi être drôle », raconte sœur Martin de Porres, qui ne s'est jamais doutée des tourments de sa supérieure.
Mère Teresa s'est éteinte le 5 septembre 1997 dans la maison mère de sa congrégation à Calcutta, où elle repose sous une tombe que les sœurs décorent chaque jour d'une parole écrite avec des pétales de fleur.
Fanny CARRIER/AFP

Les divers préparatifs de la canonisation de Mère Teresa, décédée le 5 septembre 1997, touchent à leur fin aujourd'hui, alors que le pape François doit conduire la cérémonie de canonisation du prix Nobel de la paix demain, dimanche. Plusieurs dizaines de milliers de fidèles sont attendus place Saint-Pierre, sous haute sécurité.Mère Teresa de Calcutta, la « sainte des caniveaux »...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut