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Liban - L’éclairage

Le courant du Futur ne votera pas Aoun sous la contrainte

Des milieux du courant du Futur s'en prennent au Hezbollah, en raison de sa persistance à faire assumer à l'Arabie saoudite et au parti haririen la responsabilité du blocage de l'élection présidentielle. Ces milieux voient dans ce comportement un mépris de la part du parti chiite à l'encontre des Libanais, qui savent très bien quelle est la partie qui bloque l'élection. Les milieux du Futur pointent du doigt ceux qui boycottent les séances électorales et qui continuent de monopoliser la carte de la présidentielle au profit d'un agenda extérieur et de l'Iran afin de l'exploiter dans le cadre de négociations, ainsi que ceux qui refusent les négociations sur l'échéance et se dissimulent derrière la candidature du général Michel Aoun comme seul candidat potentiel, sans offrir aucune possibilité de concession.

Le 14 Mars assure, de son côté, depuis les premières heures de la vacance présidentielle, qu'il participe aux séances électorales, boycottées par les députés du Hezbollah et du Courant patriotique libre, en dépit de la candidature de Michel Aoun. Le 14 Mars a présenté des initiatives pour faciliter l'élection présidentielle, allant même jusqu'à abandonner la candidature du président des Forces libanaises, Samir Geagea, en faveur de celles du chef du bloc du Changement et de la Réforme, et du leader des Marada, Sleiman Frangié. Le courant du Futur croyait qu'en soutenant M. Frangié, il réussirait à briser la paralysie et libérer la présidence, mais il n'en a rien été : le Hezbollah a continué à soutenir M. Aoun sans demander à M. Frangié de se retirer de la course, accusant le courant du Futur de bloquer l'élection à la demande de l'Arabie saoudite.

Face à ces faits, le Hezbollah s'est aussitôt barricadé derrière la candidature Aoun sans offrir de concession et de retrouver le 14 Mars à mi-chemin, refusant l'appel à une entente sur un président consensuel et neutre. Au contraire, il a continué à diriger ses accusations contre le chef du courant du Futur, Saad Hariri, l'accusant de bloquer l'échéance sur pression de l'Arabie saoudite. Ultérieurement, le 8 Mars a affûté son discours, estimant que Riyad n'opposait aucun veto contre Michel Aoun, mais que le blocage se trouvait au niveau de M. Hariri, incapable de convaincre son bloc de voter en faveur du général Aoun. Pour les milieux du courant du Futur, M. Aoun devrait d'abord s'assurer que les forces du 8 Mars et les centristes, notamment Nabih Berry, Sleiman Frangié et Walid Joumblatt, sont réellement à ses côtés dans la bataille, avant d'attendre le soutien du chef du courant du Futur. Si ces forces sont réellement aux côtés du général Aoun et que ce dernier n'attend plus que l'appui du courant du Futur pour devenir un président à l'unanimité, pourquoi toutes ces forces ne se rendent-elles pas à la Chambre pour acculer le courant du Futur à élire le général Aoun ? Pourquoi attendre le courant haririen et parier sur un appui de ce dernier au fondateur du Courant patriotique libre (CPL), puisque ce dernier a déjà assuré, théoriquement, les deux tiers nécessaires pour garantir son élection à la présidence ?

En dépit de toutes ces données, des milieux proches du 8 Mars soulignent que le passage obligé vers l'élection d'un président de la République reste Rabieh et que le seul président viable est Michel Aoun, que Saad Hariri est contraint à soutenir pour s'assurer lui-même une place au Grand Sérail. En ce sens, soulignent ces sources, les deux prochains mois seront déterminants et la seule option de Saad Hariri est de soutenir la candidature du général Aoun. Des sources proches du CPL misent sur les contacts entre le directoire aouniste et certains conseillers de Saad Hariri afin de parvenir à une formule d'entente entre eux sur la prochaine étape. Le CPL attend d'ailleurs le retour de M. Hariri au Liban pour s'enquérir de sa position réelle, dans la mesure où, selon certains des conseillers du chef du courant du Futur, ce retour pourrait redynamiser l'échéance présidentielle à travers un compromis resté secret pour l'heure. Des milieux proches de Aïn el-Tiné estiment pour leur part que tout compromis part de l'initiative Berry et l'accord sur un package deal qui commencerait par une entente sur la présidence, comme cela a été le cas en 2008, lors du consensus autour de l'élection de Michel Sleiman après l'accord de Doha.

Selon un observateur politique, l'Arabie saoudite aurait retiré son ambassadeur, Ali Awad Assiri, de Beyrouth, dans une forme de mesure disciplinaire à la suite de l'invitation à dîner qu'il avait adressée au général Aoun (notamment) à l'ambassade. Le CPL avait bâti bien des espoirs sur cet événement, en lequel ils voyaient un signal saoudien clair en direction de M. Aoun, à mille lieues du veto contre sa candidature, comme du temps de feu Saoud el-Fayçal. Il avait même été question d'un voyage de l'ex-chef du CPL en Arabie. Cependant, selon des milieux proches du 14 Mars, il n'a jamais été question d'adhésion saoudienne à la candidature du général Aoun. Le dîner à l'ambassade saoudienne avait rassemblé toutes les composantes libanaises, à l'exception du Hezbollah. Il consistait à répondre aux propos du parti chiite selon lesquels l'Arabie avait perdu tout appui local et n'avait plus aucun rôle à jouer au Liban. Les positions de l'ambassadeur Assiri ont prouvé que Riyad continuait à entretenir des liens avec toutes les parties, sauf le Hezbollah. Mais si les informations filtrées par les médias du 8 Mars sont vraies, cela signifie que l'Arabie ne soutient pas Michel Aoun, pas plus, du reste, que les États-Unis. Partant, il ne faut pas parier sur un soutien de Saad Hariri à Michel Aoun.

Le courant du Futur ne supporte plus d'être pointé, à tort, comme étant celui qui bloque la présidentielle et l'arrivée de Michel Aoun à Baabda. « Saad Hariri, estiment des sources proches du Futur, est celui qui est le plus enthousiaste à voir un président élu, mais le maximum de ce que Aoun peut attendre de nous, c'est de participer à la séance. » « Nous ne nous sommes pas défilés de nos devoirs, contrairement au Hezbollah et au courant aouniste, dont les députés boycottent les séances en dépit de la candidature du chef du CPL », poursuivent ces sources. « Le général Aoun n'a pas le droit de nous contraindre à voter pour lui et le peuple ne supporte plus les compromis », soulignent-elles, en précisant que « le courant du Futur soutient la candidature de Sleiman Frangié et ne la lâchera que si le leader des Marada lui-même se retire de la course ».

À cette rhétorique, des milieux aounistes rétorquent en réclamant l'élection d'un « président consensuel ». Or il n'y en a qu'un seul, selon eux : Michel Aoun, le chef du plus grand bloc parlementaire chrétien et le plus grand leader populaire de cette communauté. N'est-ce pas les plus populaires chez les chiites et chez les sunnites qui sont portés aux postes de responsabilité ? Pourquoi seul le président de la République doit-il être neutre, fruit d'une entente et faible ? Tel est l'argumentaire aouniste. Le CPL ne restera pas de marbre devant une telle manigance et renversera la table sur tout le monde, si Michel Aoun n'est pas élu et si le complot visant à le marginaliser se poursuit, soulignent les sources du parti orange. Elles ne révèlent pas, cependant, quelles seront les étapes de l'escalade à venir éventuellement. Le CPL attend en effet la table de dialogue, lundi 5 septembre, à la lumière de quoi il établira sa feuille de route. Les milieux aounistes s'attendent en effet à des développements favorables au général Aoun, induits par les mutations régionales actuelles, notamment sur le territoire syrien, et qui aideront à la réalisation de l'échéance avant les prochaines élections américaines en novembre prochain.

 

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