Une femme tuée et onze blessés, triste bilan de l’attentat au rond-point de Ksara-Zahlé

Une ressortissante syrienne tuée et onze personnes blessées, dont trois sérieusement atteintes et deux enfants, tel est le bilan de l'explosion qui a secoué hier la Békaa, au rond-point reliant Zahlé à Ksara. Et ce, deux mois à peine après l'attaque terroriste qui a endeuillé la localité frontalière de Qaa.

« La défunte est une mendiante, habituée de ce carrefour », selon l'agence al-Markaziya. Quant aux blessés, de nationalité libanaise, ils faisaient partie d'un groupe visitant la région dans le cadre d'une excursion en bus organisée par leur paroisse.

Dans les détails, une charge estimée par l'armée libanaise à 4 kg de TNT a explosé à 13 heures environ. Elle était placée dans un parterre de fleurs au niveau du rond-point de Ksara-Zahlé, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani). L'enquête est en cours pour déterminer si l'attentat visait une personnalité donnée.
Dans cet état des lieux, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Sakr Sakr, a chargé les experts militaires de la Békaa et la police scientifique d'inspecter le site de l'explosion afin d'y relever les premiers indices.
L'armée libanaise a indiqué dans un communiqué avoir dressé un cordon sécuritaire sur les lieux de l'attentat. L'Orient-Le Jour apprenait aussi, de source informée, qu'un convoi qui se rendait à Tyr pour la commémoration du souvenir de l'imam Moussa Sadr, organisée par le Mouvement Amal, était de passage au moment de l'explosion, mais que toutes les personnes formant ce convoi sont indemnes. Pour rappel, l'imam Sadr est porté disparu depuis 38 ans en Libye. Le responsable du mouvement Amal dans la Békaa, Moustapha Fahouni, a toutefois réfuté la thèse selon laquelle le convoi était visé, précise al-Markaziya.

Le nom de la femme tuée n'a pas été donné. Son corps a été transporté à l'hôpital de Chtaura. Quant aux blessés, ils ont été répartis entre trois hôpitaux de la région. Ils seront hébergés et soignés aux frais du ministère de la Santé, sur recommandation du ministre de la Santé, Waël Bou Faour, aux hôpitaux concernés.
Selon le secrétaire général de la Croix-Rouge libanaise, Georges Kettaneh, les trois blessés graves ont été transportés à l'hôpital Khoury. Il s'agit de Joey Hélou, 21 ans, atteint à la tête et au cou, Aimée Hélou, 20 ans, atteinte à la poitrine, et Sabah Soufa, 65 ans, touchée à la poitrine et à la main. Les blessés légers, Hassan Khatib, 37 ans, Zahra Khatib, 8 ans, Nour Khatib, 9 ans, et Hanin Nassar, 60 ans, ont été transportés à l'Hôpital libano-français de Zahlé. Également parmi les blessés légers, Khouloud Tohmé, 55 ans, blessée à l'œil, Antoinette Ghajar, 67 ans, Nazih Chalhoub, 55 ans, et Rita Chidiac, 50 ans, ont été transportés à l'hôpital Tell Chiha.

(Pour mémoire : Daech et ses semblables, et la tentation d'utiliser le Liban..., le décryptage de Scarlett Haddad)

Condamnations locales
Les réactions n'ont pas tardé. La ministre des Déplacés, Alice Chaptini, a condamné dans un communiqué « le lâche attentat » qui a secoué la région de Ksara-Zahlé. Mettant en garde contre « la gravité de la situation », elle a invité toutes les parties à « renforcer la scène intérieure », à « combler le vide » (présidentiel) et à « ne pas recourir à la paralysie du gouvernement ou des organismes sécuritaires ». Mme Chaptini a fait part de ses craintes que cette explosion ne soit « le début d'une série d'attentats, signe du chaos sécuritaire, susceptible d'ébranler la stabilité du pays ».

Même condamnation du député Yassine Jaber, membre du bloc berryiste. « Une nouvelle fois, le terrorisme a porté atteinte à la sécurité de la Békaa, en faisant des victimes innocentes », a-t-il déploré. Il a invité les Libanais « à redoubler d'efforts pour soutenir l'armée et les forces de l'ordre face au terrorisme ». Il a surtout insisté sur la nécessité de « protéger la scène intérieure à travers l'union nationale ».

L'ancien ministre de la Culture Salim Wardy s'est dit, de son côté, consterné par l'attentat « qui a touché des victimes innocentes, des passants pour la plupart, qui visitaient la région dans le cadre d'une excursion touristique ». Dénonçant le chaos sécuritaire, dans un communiqué, il a condamné « la multiplication des attentats à l'explosif dans la région, comme moyen d'adresser des messages », et appelé à l'élection d'un président.
« C'est la troisième fois que la région est visée », a déploré à son tour le chef du bloc parlementaire des Kataëb, Élie Marouni, député de Zahlé. « Un engin piégé avait déjà été déposé au même endroit. Mais il n'avait pas explosé », a-t-il rappelé. Faisant part de son inquiétude, il a estimé que cet attentat est un « message », d'autant que « des cellules terroristes dormantes connues des services de renseignements essaiment dans la région », a-t-il affirmé à l'agence al-Markaziya.

Autre député de Zahlé, Tony Abou Khater a également condamné l'attentat et dénoncé « la main du mal ». Il a insisté sur la nécessité de « préserver la sécurité et la stabilité à la Békaa, qui est une zone de conflit ».
Enfin, le Parti syrien national social (PSNS) a condamné l'attentat dans un communiqué. Il a estimé que celui-ci « se situe dans le cadre d'une série d'opérations terroristes qui visent la stabilité du pays et la sécurité des Libanais ». Il s'est aussi dit « confiant » des capacités des forces de l'ordre à identifier les coupables.

(Pour mémoire : Raï à Qaa : L'État est responsable de la protection des Libanais)

Appel à la vigilance
Les chancelleries occidentales ont tôt fait de réagir. Faisant référence à « l'explosion qui a eu lieu à Zahlé », Ottawa a invité les ressortissants canadiens au Liban « à la vigilance en tout temps, bien que l'incident soit terminé », mais aussi « à éviter les manifestations et les grands rassemblements ». « Nous recommandons aux Canadiens de contacter leur famille et les contacts d'urgence au Canada pour les informer de l'endroit où ils se trouvent et de leur bien-être, même s'ils n'ont pas été touchés par cet incident », ajoute le communiqué publié sur les sites officiels du gouvernement.

Après avoir condamné l'attentat de Ksara « qui a touché des victimes innocentes » et présenté un message de soutien aux blessés et à leurs familles, le chargé d'affaires britannique, Benjamin Wastnage, a assuré le pays du Cèdre du soutien des autorités britanniques. « Le Royaume-Uni est déterminé, comme toujours, à soutenir la stabilité au Liban », a-t-il affirmé à ce propos. Et de conclure : « Quelle que soit l'intention des agresseurs, la meilleure réponse à leur donner est l'union par la force. »

Pour mémoire

Sécurité : Le Liban dans l'ensemble mieux nanti que d'autres pays

Vive tension à Aïn el-Héloué, mais Nahr el-Bared est loin