Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Opération ciblée

Le stratège des attentats liquidé en Syrie, un coup dur pour l’EI

Russes et Américains se sont disputés hier la mort d'Abou Mohammad al-Adnani.

Abou Mohammad al-Adnani. Services secrets irakiens/AFP

Le groupe État islamique apparaît encore plus fragilisé après la mort de l'un de ses stratèges, Abou Mohammad al-Adnani, dans une frappe dont les États-Unis et la Russie se disputent la paternité. Le « ministre des attentats » de l'EI, comme il a été surnommé, a été tué à 39 ans dans le nord de la Syrie où il était venu superviser des unités de combattants jihadistes.
Après l'annonce de sa mort mardi soir par l'EI, Washington a affirmé que son aviation l'avait ciblé près de la ville d'al-Bab, sans toutefois confirmer sa mort. Cette version a été contestée hier par la Russie, selon laquelle il a été tué par une frappe d'un bombardier russe contre un groupe d'une quarantaine de jihadistes. Un responsable américain de la Défense a immédiatement réagi en affirmant que la revendication par Moscou est « une blague ».
La liquidation de Adnani est la troisième d'un haut responsable jihadiste en cinq mois et elle isole encore davantage l'introuvable chef du groupe, Abou Bakr al-Baghdadi, pour lequel les États-Unis promettent dix millions de dollars pour toute information. « L'assassinat de Adnani est un signal que l'EI n'est plus en mesure de protéger ses leaders les plus importants », affirme à l'AFP Hicham al-Hachemi, spécialiste des mouvements jihadistes en Syrie et en Irak, deux pays où l'EI a autoproclamé son califat en 2014.
« Les jours de Baghdadi sont comptés », avance Patrick Skinner, du groupe d'expertise Soufan, « car il est trop connu pour passer incognito. Au fur et à mesure que la pression s'accroît sur le groupe, les membres commencent à divulguer des secrets et les témoins voient davantage de choses », souligne-t-il. L'expert Charles Lister estime, pour sa part, que les États-Unis ont probablement « acquis une source de renseignements ayant un accès privilégié aux activités de la direction » du groupe, ce qui devrait encore renforcer la paranoïa dans ses rangs.

« Discours explosif »
Tous les observateurs s'accordent sur la prééminence de Adnani dans l'organisation de l'EI, un groupe ultrasecret dont le fonctionnement reste mal connu. « Privé de son discours explosif, l'EI devrait avoir du mal à inspirer les niveaux intenses de violence qu'il inspirait ces derniers temps », estime Charles Lister.
Selon lui, de récentes indications laissaient penser que l'EI envisageait de faire de Adnani le successeur de Baghdadi comme « calife ». Sa disparition va porter « un nouveau coup important à l'EI », car il était le « principal architecte des opérations extérieures » du groupe, a résumé le porte-parole du Pentagone Peter Cook. Selon lui, le chef « a coordonné le mouvement des combattants de l'EI, encouragé directement les attaques par des loups solitaires sur des civils et des membres de l'armée, et activement recruté de nouveaux partisans ».
Adnani s'est notamment illustré en exhortant les partisans de l'EI à passer à l'action dans leur pays d'origine en utilisant n'importe quelle arme disponible contre les ressortissants des pays de la coalition. Cet appel aurait notamment inspiré des attentats en Europe.
Un responsable américain de la Défense a cité à ce sujet plusieurs « opérations importantes » comme les attentats à Paris, à Bruxelles et à l'aéroport d'Istanbul, dans un café au Bangladesh ou encore contre un avion russe dans le Sinaï. Ces attaques ont fait au total, d'après cette source, plus de 1 800 morts et près de 4 000 blessés.

« Déclin de l'EI »
Pour Aymen Jawad al-Tamimi, autre expert des mouvements jihadistes, sa disparition est « symboliquement importante et, plus largement, une indication du déclin du groupe État islamique ». Elle intervient alors que les revers militaires se succèdent pour cette organisation. En Irak, son fief de Mossoul est menacé par une offensive des troupes gouvernementales. En Syrie, il a récemment été chassé par les forces antijihadistes appuyées par Washington de la ville carrefour de Manbij, et a perdu la localité de Jarablous face aux forces turques entrées en action. Et en Libye, la perte totale de son bastion de Syrte paraît imminente.
Originaire d'Idleb, selon une biographie de l'EI, Adnani s'était engagé dans le jihadisme au début des années 2000, prêtant allégeance au redouté chef d'el-Qaëda en Irak (précurseur de l'EI) Abou Moussab al-Zarkaoui. Le 29 juin 2014, il avait annoncé dans un enregistrement audio « le rétablissement du califat » par le groupe EI et la désignation de Baghdadi comme « calife ».
Sa disparition intervient après celle, annoncée en juillet par l'EI, d'Omar al-Chichani dit Omar le Tchétchène, un commandant important tué près de Mossoul en Irak. Le 25 mars, Washington avait révélé « l'élimination » dans une opération américaine en Syrie de Abdel Rahman al-Qadouli, présenté comme le n°2 de l'EI.
Rana MOUSSAOUI / AFP

Le groupe État islamique apparaît encore plus fragilisé après la mort de l'un de ses stratèges, Abou Mohammad al-Adnani, dans une frappe dont les États-Unis et la Russie se disputent la paternité. Le « ministre des attentats » de l'EI, comme il a été surnommé, a été tué à 39 ans dans le nord de la Syrie où il était venu superviser des unités de combattants jihadistes.Après...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut