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Nos Lecteurs ont la Parole - Raymond NAMMOUR

Pour ramener la paix

Indéniablement, le problème de la Palestine a constitué l'étincelle qui a mis le feu dans une broussaille asséchée par les vents du sous-développement et des injustices de toute sorte.
Le feu provoqué par le traumatisme israélo-arabe a pu être contenu pendant des années par des régimes dictatoriaux, souvent à la solde des Occidentaux. Mais les fenêtres étaient déjà entrouvertes pour recevoir le vent du désert, alors que le monde était occupé dans sa course à la croissance, sans aucune considération pour les laissés-pour-compte. Il fallait être un imbécile pour ne pas deviner les conséquences du matraquage médiatique, amplifié par les réseaux sociaux, concernant l'étalage des souffrances de toute sorte endurées par les Palestiniens depuis 1948.
On a, également, préféré maintenir les peuples arabes dans cette grande prison à ciel ouvert qu'était le Moyen-Orient afin de pomper tranquillement leurs richesses.
Sorti du plus profond de la conscience collective arabo-musulmane, la pensée rigoriste a réapparu soudainement comme l'ultime planche de salut. Le retour – salafiste – à la vraie religion reste le seul remède à tous nos maux. Ce remède, jadis interdit, est resservi avec une efficacité amplifiée par la révolution numérique. Les fantômes de Ibn Taymiaa, de Jamaleddine el-Afgh*ani, de Abdel Wahhab, de Mohammad Abdo, de Rashid Rida, de Maouddoudi, de Hassan el-Banna, de Sayed Qutb et des dizaines d'autres « réformistes » refont surface et se mettent à surfer sur le Net.
Aux concepts occidentaux de souveraineté, nation et Constitution, s'opposent désormais les concepts islamiques de hakimya, oumma et charia. Conjointement à l'aveuglement occidental et à l'occupation de la Toile, la manne pétrolière a permis à de nombreuses monarchies le financement de leur quête de légitimité en leur permettant d'inonder la planète de capitaux islamiques, propageant les préceptes de la charia dans tous les recoins du monde. Et voilà qu'au même moment, le monde, active, involontairement ou volontairement (?),
le vent qui souffle sur la braise travaillée par le Net et les capitaux islamiques. La libanisation du Liban, l'islamisation de l'Iran, la benladisation de l'Afghanistan, la balkanisation de la Yougoslavie, la conflagration irako-iranienne, la « qatarisation des nains » et plein d'autres fautes, jusqu'au clou du spectacle, avec l'anéantissement de l'Irak, jadis première puissance militaro-industrielle du monde arabe. La deus ex machina est entrée en scène, étalant ses biceps.
Les photos de Saddam arborant le Coran, récitant la chahadda et se balançant pendu aux cris de joie de chiites victorieux, ont donné le top départ du plus grand basculement idéologique de masse que le monde ait jamais connu. Plus d'un milliard de sunnites à travers le monde ont senti, au plus profond de leur âme, cette nouvelle humiliation que leur infligeait les Occidentaux, non tellement en éliminant Saddam, mais en laissant triompher leur ennemi de toujours, le chiisme. Et devinez qui a signé l'arrêt de mort de Saddam ? Nouri al-Maliki, Premier ministre, chiite, de l'Irak de 2006 à 2014, choisi par les Américains pour réconcilier les Irakiens, sunnites et chiites !
Question capitale : activiste chiite, membre dirigeant du parti chiite al-Daawa, poursuivi par le régime de Saddam, exilé pendant 24 ans, vivant entre Téhéran et Damas, farouche opposant au sunnisme, président de la commission de débaassisation à la chute de Saddam, et c'est lui que l'ambassadeur américain de l'époque (2005-2007), Zalmay Khalilzad, a trouvé pour réconcilier les Irakiens entre eux ? Est-ce de l'aveuglement ou du complotisme ? Décembre 2011 : les Américains se retirent d'Irak, laissant chiites et sunnites s'étriper à volonté en Irak et en Syrie, alors qu'au même moment, le printemps arabe pointait ses premiers bourgeons.
C'est ainsi que l'étincelle de départ, palestinienne, soufflant sur la broussaille orientale a provoqué l'incendie du siècle avec des flammes pouvant atteindre plusieurs milliers de kilomètres, enflammant les recoins les plus inattendus. Une chance pourtant s'était offerte d'éteindre ce feu, avec le « vent humide » du printemps arabe. Mais c'était sans compter avec la perfidie occidentale qui pensait pouvoir pactiser avec les fantômes du passé. La Syrie, l'Irak, le Liban, la Palestine, la Jordanie, l'Égypte, le Yémen, le Soudan, la Libye, la Somalie, le Kosovo, l'Afghanistan, les banlieues de toutes sortes sont devenus, ou en train de le devenir, des no law lands, où les jihadistes prospèrent. Face à l'ampleur de l'incendie, quoi faire ?
À incendie exceptionnel, des moyens exceptionnels. Seule une grande explosion à triple détonation pourra éteindre ce feu gigantesque. Une détonation militaire immédiate d'abord. Les cinquantaines de milliers de barbus doivent au plus vite être mis hors d'état de nuire par une intervention terrestre massive. On s'occupera d'Assad après. Et les enturbannés de la wilayet el-faqih doivent désarmer, par la force s'il le faut. Une détonation diplomatique ensuite, par le règlement global, juste et définitif du conflit israélo-palestinien qui n'a que trop duré, et qui ne peut se résoudre que par la création d'un État palestinien ou d'une fédération israélo-jordano-palestinienne. Une détonation politique à la fin, par la relance et la protection des processus démocratiques dans les pays de la région afin de redonner vie aux vents humides du printemps arabe, qui, seul, mettra un terme définitif au vent du désert.
On peut discourir à longueur de journée sur la guerre des pipelines opposant celui des Qataris à celui des mollahs d'Iran, ou sur la volonté des Russes d'exploiter les nouvelles richesses de la Méditerranée, ou encore sur les gisements de pétrole découverts dans le Golan syrien occupé par Israël, on ne fera qu'effleurer la réalité moyen-orientale. On peut touiller un peu plus la sauce avec la nouvelle guerre froide ou le retour sur la scène d'anciens vaincus comme les Kurdes et les nouveaux Ottomans. On restera malgré tout dans une vision partielle de la scène orientale.
Vers cet Orient compliqué, il faut partir avec des idées simples. Mais gare au simplisme qui consiste à croire qu'on peut ignorer indéfiniment et impunément les souffrances causées aux autres. Agissons pour ramener la paix avant qu'il ne soit trop tard. Une injustice provoque une révolte. Des injustices provoquent des explosions en chaîne, plongeant la planète dans l'abîme.

Indéniablement, le problème de la Palestine a constitué l'étincelle qui a mis le feu dans une broussaille asséchée par les vents du sous-développement et des injustices de toute sorte.Le feu provoqué par le traumatisme israélo-arabe a pu être contenu pendant des années par des régimes dictatoriaux, souvent à la solde des Occidentaux. Mais les fenêtres étaient déjà entrouvertes...

commentaires (1)

Excellent article!!! Un document à garder!! Merci M. Raymond Nammour

Zaarour Beatriz

00 h 12, le 02 septembre 2016

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Commentaires (1)

  • Excellent article!!! Un document à garder!! Merci M. Raymond Nammour

    Zaarour Beatriz

    00 h 12, le 02 septembre 2016

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