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Cinema- - Festival

Cinéphage à Angoulême, aux couleurs libanaises...

Un festival ni bling-bling ni paillettes, mais plein de stars, de films et de rencontres. En partenariat avec Air France et à l'invitation du Festival du film francophone, « L'Orient-Le Jour » a assisté à cette grande fête du cinéma, désormais rendez-vous incontournable.

Le drapeau libanais flotte à Angoulême. Photo Majid Bouzzit

À Angoulême, devenir cinéphage, pas cinéphile...
Le Festival du film francophone d'Angoulême est devenu, avec le temps, digne légataire de la dynastie des Valois-Angoulême. La ville, juchée sur un éperon rocheux, a été surnommée le balcon du Sud-Ouest, mais aussi ville d'art et d'histoire. François Ier, né à Cognac, fils de Charles d'Orléans, comte d'Angoulême, et par la suite roi de France, sera considéré comme le roi emblématique de la période de la Renaissance française. Son règne avait permis un développement important des arts et des lettres en France. Quant à sa sœur aînée, Marguerite de Navarre, appelée aussi Marguerite d'Angoulême, elle jouera également un rôle capital dans la première partie du XVIe siècle. Manifestant un intérêt certain pour les idées nouvelles, ainsi que pour les lettres, et encourageant les artistes, elle sera surnommée « la dixième des muses ».
C'est dire la tradition artistique et culturelle de cette ville qui, après ses fameuses fabriques à papier en 1793 – auxquelles le musée du papier érigé en 1988 rend un formidable hommage – la construction du Musée de la bande dessinée et le festival de la BD qui s'y tient chaque année, continue sur sa lancée avec le festival du film francophone.

 

De l'engouement pour Angoulême
Il faisait chaud à Angoulême. La canicule frappait la France. Malgré la hausse des températures, cinéphiles, gens de la presse et visiteurs venus de tous les pays affluaient dans les salles. Les calicots mauves flottaient depuis une semaine dans les rues et les élégantes berlines au nom du festival sillonnaient la ville. Grâce à ce mode de transport, les journalistes ont pu profiter de toutes les commodités et de tout le confort nécessaire pour être à temps à un rendez-vous ou aux séances. Le drapeau du Liban, pays hôte du festival, ornait également la façade de l'hôtel de ville. Dans les petites rues médiévales angoumoisines, on pouvait entendre de la musique libanaise. Il faisait chaud, certes, à Angoulême. Mais il faisait bon y être.

 

(Lire aussi : Le Liban, star d’Angoulême)

 

Populaire et culturel
Ce rendez-vous à la fois « populaire et élégant » était placé sous le thème de la « diversité », comme l'ont répété Marie-France Brière et Dominique Besnehard, parce que le cinéma est le reflet de la société, « mais aussi de la jeunesse. L'âge des lauréats en témoigne. Ce qui nous intéresse, ce sont les cinéastes en devenir. Aucun film en compétition n'émane d'un réalisateur ayant fait plus d'un ou de deux films », avait souligné le fondateur et délégué général du festival.
Il y avait de tout pour cette édition. De la comédie, comme Cigarettes et chocolat chaud de Sophie Reiner, des sujets concernant la jeunesse comme 1 :54 de Yan England, de mariage au Moyen-Orient comme Hedi de Mohammad Ben Attia, mais aussi des thèmes plus graves, comme Voir du pays, évoquant le retour des soldats français d'Afghanistan ou sur l'embrigadement des jeunes Françaises par les jihadistes relaté dans le film de Marie Castille Mention Schaar, Le Ciel attendra. Et La taularde avec Sophie Marceau a nécessité l'ouverture de sept salles pour contenir les spectateurs. « Un record », ont dit les organisateurs.
Si le festival n'était pas bling-bling et ne se couvrait pas spécialement de tapis rouges, les stars étaient nombreuses. À ne citer que celles-ci : Isabelle Huppert, Isabelle Adjani, Lambert Wilson, Sophie Marceau, Michel Blanc, Romain Duris ou Édouard Baer. Et surtout, une petite courgette, star du festival : le film animé de Claude Barras, Ma vie de courgette, a reçu le Valois de diamant. Une autre surprise était à noter : l'engouement accordé aux films libanais. Même le Vendeur de bagues de Youssef Chahine a eu droit à son public, a avoué Dominique Besnehard.

 

En chiffres
6 : six jours de festivités cinématographiques qui se sont étalées du 23 au 28 août.
9 : le festival créé par Marie-France Brière et Dominique Besnehard fête ses neuf ans.
– Neuf Valois (Trophées du Festival) ont été décernés par le jury aux gagnants.
– Neuf films libanais projetés en présence des cinéastes comme Nadine Labaki, Danielle Arbid et Philippe Aractingi.
34 000 : trente-quatre mille spectateurs ont été dénombrés jusqu'à présent, soit...
...10 : 10 % de hausse de fréquentation
des salles.
– Dix aussi comme les dix films en compétition venus du Québec, de la Suisse, de la Tunisie, de la Belgique, du Luxembourg, du Mali, du Canada et de la France.
– Dix enfin comme le nombre de courts métrages projetés avant chaque séance de long métrage en compétition.
15 : quinze films en avant-première ont été projetés durant le festival.
700 000 : un budget de sept cent mille euros.

 

Ils ont dit
– Marie-France Brière (cofondatrice du festival) : « Dans mon imaginaire, le Liban a toujours été un pays francophone. Les Libanais écoutent Gilbert Bécaud, Dalida, Charles Aznavour. Si les choses ont changé (les jeunes parlent l'anglais aujourd'hui), le Liban reste un pays francophile qui aime la France. Moi, j'aime ce Liban que j'ai découvert avec Caramel, le film de Nadine Labaki, mais grâce aussi à la belle voix de Feyrouz. »
– Dominique Besnehard (cofondateur du festival) : « La francophonie est en danger [...] Angoulême, depuis neuf ans, est devenue une fête qui signe la fin de l'été et le début de l'automne. Je ne pensais pas qu'on prendrait un tel essor régional, mais aussi national et international. Nous avons réussi à créer une concorde culturelle entre des pays différents avec pour étendard la francophonie. Et nous comptons bien continuer. »
– Claude Lelouch (invité surprise du festival) : « Le seul diplôme qu'exige le cinéma est l'amour de la vie et le courage de prendre des risques. »

© Christophe Brachet, photo extraite du compte Facebook du festival

 


Un très beau clin d'œil au cinéma libanais...
Outre les dix films présentés durant le Festival du film francophone d'Angoulême, c'est-à-dire Caramel (Nadine Labaki), Peur de rien (Danielle Arbid), Tramontane (Vatché Boulghourjian), Sous les bombes (Philippe Aractingi), Le vendeur de bagues (Youssef Chahine), Hors la vie (Maroun Bagdadi), Le Cerf-Volant (Randa Chahal), La Route du Nord (Carlos Chahine) et Halal Love (Assad Fouladkar), une table ronde a regroupé les cinéastes Nadine Labaki, Danielle Arbid et Philippe Aractingi, qui ont répondu aux questions d'Antoine Khalifé.
Ils ont notamment parlé de leur besoin de cinéma « viscéral », selon la réalisatrice de Caramel, et d'une « quasi-responsabilité », tandis que Danielle Arbid s'est défendue d'être une ambassadrice du Liban, pour revendiquer simplement un statut d'artiste. Philippe Aractingi a mis l'accent lui aussi sur un cinéma poésie. « J'ai longtemps senti que j'étais responsable, tandis que maintenant j'ai simplement envie de faire des films plaisants, romantiques même ». Pour sa part, Maya de Freige (Fondation Liban Cinéma), qui participait au débat, a évoqué les combats que mène le cinéma libanais, mais aussi sa vitalité croissante. « Nous menons des combats sur plusieurs fronts et le Liban fait preuve de résistance permanente. Par ailleurs, nous travaillons sur un fonds qui financerait un réseau de distribution », a-t-elle annoncé, relevant qu'Angoulême est « la tribune idéale pour faire de la coproduction avec les pays francophones, car les cinéastes libanais sont conscients que sans cette coproduction, ils peuvent difficilement faire des films ».

 

(Pour mémoire : Fin août, le Liban sera angoumoisin)

 

 

Des actes
Antoine Khalifé, invité par Dominique Besnehard qu'il a connu lorsqu'il travaillait à Unifrance, était chargé d'animer le débat et de présenter les films. « On sentait qu'à Angoulême, les gens avaient envie de retrouver un Liban qu'ils aimaient ou qu'ils avaient envie d'aimer. Par le biais de cet événement culturel, le Liban semblait apprécié, voire adoubé, pas seulement à Paris, mais en province. Les figures politiques, entre autres, citaient le Liban et semblaient connaître le pays du Cèdre autant que nous. La présence libanaise était marquante, partout dans la ville », s'est réjoui Antoine Khalifé. « Ce n'était donc pas simplement un simple hommage mais un beau clin d'œil au Liban. »
« Par ailleurs, le Festival d'Angoulême étant lié à Dominique Besnehard, un très grand agent actif, qui a travaillé auprès de grandes actrices françaises comme Adjani, Huppert ou Marceau et qui les a aidées dans leur carrière, ne pouvait être qu'un festival dynamique. Mais il n'y a pas que des stars. Il y a surtout des professionnels », a-t-il insisté. « Ce festival francophone, qui est une sorte de test pour les films, ramène beaucoup d'avant-premières, mais aussi des distributeurs et des exploitants. Les réalisateurs libanais ici présents ont eu l'occasion de rencontrer certains professionnels. C'est pourquoi ce festival est considéré comme une sorte de passerelle en pays francophones. »
Antoine Khalifé conclura par un retentissant : « Il ne suffit pas de crier fort qu'on aime notre pays, mais le prouver par des actes. » Cet amour, Khaled Mouzannar, entouré de ses musiciens venus des quatre coins du monde, de la chanteuse Léna Farah, ainsi que de l'orchestre de Poitou Charente, le témoignera dans un magnifique concert qui a ponctué toute la soirée de clôture du festival. Des morceaux choisis des musiques de films de Nadine Labaki y ont été interprétés et chantés. Une ovation debout et un bis pour ce tango Caramel qui aura fait swinguer Angoulême.

 

 

 

Pour mémoire
Le Liban à l’honneur au Festival du film francophone d’Angoulême

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