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Liban - Environnement

Les Kataëb appellent à la création d’usines de tri et de traitement, contrôlées par les municipalités

Selon le plan gouvernemental, seulement 10 % des déchets envoyés dans les décharges seront traités, le reste sera enterré sans être trié, dénonce Samy Gemayel.

Les déchets s’amoncellent à nouveau dans les rues. Photo Michel Sayegh

Le bras de fer entre le chef des Kataëb, Samy Gemayel, et les partisans du plan gouvernemental de gestion des déchets adopté en mars dernier se poursuit de plus belle. M. Gemayel, dont les partisans bloquent l'entrée de la décharge de Bourj Hammoud depuis plusieurs jours, a réitéré hier son appel à l'adoption de la décentralisation de la collecte et du traitement des ordures ménagères.

« On nous met aujourd'hui face à deux choix : voir les déchets s'amonceler à nouveau dans les rues ou accepter de transformer la côte du Metn en dépotoir pour le Mont-Liban et Beyrouth, où on jettera sans les trier des déchets dans une décharge qui s'étendra sur 3 km et 15 m de haut et qui travaillera pendant 4 ans », a souligné hier Samy Gemayel, lors d'une conférence de presse tenue au Parlement.
Le chef des Kataëb, qui s'exprimait à l'issue d'une réunion de la commission des Finances et du Budget consacrée aux déchets, s'était entretenu à Saïfi avec le député Ibrahim Kanaan, chef de la commission, dans le but de trouver une solution à la crise. « Personne ne veut que les déchets soient laissés dans les rues ni qu'il y ait des décharges sur les côtes du Metn. Nous avons abordé plusieurs solutions possibles lors des réunions de la commission hier (lundi) et aujourd'hui (mardi) », a dit M. Kanaan.

 

(Lire aussi : Fumée noire à Dhour Choueir)

 

Odeurs de poubelles et gaz nocifs
Le parti Kataëb conteste le plan proposé par le gouvernement consistant à creuser deux fosses dans la mer, au niveau de Bourj Hammoud et Jdeidé, qui serviront de décharges pour les quatre années à venir. Ces fosses, d'une superficie totale de 577 000 m², seront cloisonnées chacune par un mur de 9 mètres. Les montagnes de déchets pourraient à terme atteindre les 14 mètres et demi dans chacune des fosses. Les décharges devraient s'étendre de Dora (au niveau du centre commercial City Mall) jusqu'au port de Beyrouth.

« Nous allons vivre avec l'odeur des poubelles jetées dans les décharges sans tri pendant 4 ans. Après, nous allons devoir passer 5 à 6 ans en présence des gaz nocifs qui vont émaner de ces décharges », a prévenu hier Samy Gemayel. Il révèle en effet que seuls 10 % des déchets qui seront envoyés dans les décharges seront recyclés car jugés lucratifs (papier, carton et fer). Les 90 % restants seront enterrés sans être triés, ce qui fera que les déchets organiques se mélangeront avec le verre et le plastique.

Une source proche du dossier indique qu'aucune étude d'impact environnemental n'a été faite par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), en charge de l'aménagement des décharges. La source affirme également que l'entrepreneur Dany Khoury, dont la société est chargée des travaux d'aménagement des décharges, n'a aucune expérience dans le domaine du traitement des déchets, « du propre aveu du CDR ». « Le CDR avait déjà creusé 50 mètres au moment où le sit-in a été entamé par les Kataëb », a affirmé la source qui ajoute que ce projet a été une des causes de la démission des ministres Kataëb du gouvernement.

 

(Lire aussi : Kanaan après la réunion des Finances : Pour un traitement juridique, pas politique de la crise)

 

Pour une solution sur le long terme
Pour Samy Gemayel, il va sans dire qu'une campagne est désormais menée contre les Kataëb, ces derniers étant accusés d'être responsables du retour des déchets dans les rues. « Ce qui se passe aujourd'hui est une tentative de soumettre les Kataëb », a-t-il dit. Il a par ailleurs expliqué que les actions menées par son parti émanaient de son refus de voir le pays s'enliser dans cette crise dans les années à venir. « Lorsque la crise des déchets a commencé, nous étions contre la réouverture des décharges, mais nous avons accepté cette solution pour que les déchets ne restent pas dans les rues et en attendant la mise en place d'une solution sur le long terme », a indiqué le chef des Kataëb.

Face à l'absence d'une telle solution, M. Gemayel a appelé les municipalités à prendre les choses en main et à faire part des ressources à leur disposition lors de la réunion de la commission des Finances et du Budget prévue aujourd'hui.
« Nous avons suggéré que les présidents des municipalités concernées assistent à la réunion de la commission et Ibrahim Kanaan a accepté. J'espère que leurs suggestions seront présentées de manière scientifique », a-t-il dit.

Pour le leader des Kataëb, le meilleur moyen de contrer la crise des ordures ménagères consiste à créer des usines de tri et de traitement pilotées par les municipalités, en remplacement des décharges prévues par l'État. « Si on commence à construire ces usines aujourd'hui, elles seront prêtes à recevoir les déchets d'ici à 6 mois. L'État pourra continuer à stocker les déchets à Bourj Hammoud pendant ce temps, avant de les traiter dans une usine qui sera montée sur place et d'arrêter le travail des décharges puisque les usines mises en place prendront le relais », a-t-il conclu.

 

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commentaires (3)

Les dites municipalités pourraient se servir, à cet effet, de tout l'argent qu'elles rackettent des propriétaires de générateurs et de camions-citerne qui nous rackettent.

Christine KHALIL

19 h 36, le 31 août 2016

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Commentaires (3)

  • Les dites municipalités pourraient se servir, à cet effet, de tout l'argent qu'elles rackettent des propriétaires de générateurs et de camions-citerne qui nous rackettent.

    Christine KHALIL

    19 h 36, le 31 août 2016

  • Excellent!!!!!!!!!!!!

    Georges Zehil Daniele

    09 h 14, le 31 août 2016

  • LORSQU,ON FAIT DES DECHETS SON CHEVAL DE BATAILLE... L,AURORE NE POINDRA GUERE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 39, le 31 août 2016

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