Pour Khalil, la modernisation des services fonciers améliorera la lutte contre la corruption

Le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, a affirmé qu'il allait poursuivre son combat contre la corruption qui sévit dans les bureaux du registre foncier et des cadastres au Liban, alors qu'il inaugurait hier les locaux rénovés des bureaux du registre foncier de Baabda, de Aley et du Chouf, basés à Baabda.
M. Khalil a expliqué que la modernisation et l'organisation des services fonciers ne laissaient désormais « aucune excuse à la corruption et à l'extorsion des citoyens ». « La modernisation des bureaux du registre foncier et des cadastres permettra d'augmenter leurs capacités de traitement des affaires, ainsi que la qualité de leur travail », s'est réjoui M. Khalil, avant d'assurer que les meilleurs équipements ont été assurés afin que la qualité des services soit conforme aux standards internationaux, et que ce secrétariat puisse servir de « modèle ». « Nous allons prochainement ouvrir des bureaux du registre foncier dans le Koura, le Akkar et Baalbeck », a-t-il par ailleurs annoncé.

Interdiction des courtiers
M. Khalil a tout particulièrement insisté sur l'amélioration des prestations des fonctionnaires, avant de les appeler « à développer leur performance de manière à rassurer les citoyens ». Cette opération de modernisation concerne donc aussi « le contrôle et la reddition des comptes au sein de la totalité des départements des affaires foncières, car nous refusons que des émirats fonciers soient instaurés sur le territoire libanais », a prévenu M. Khalil. « Il est vrai que certains employés sont honorables et doivent être maintenus à leurs postes, mais d'autres cèdent à des pressions et exercent eux-mêmes des pressions. Ces derniers doivent donc rendre des comptes. Des procédures dans ce sens sont prises quotidiennement », a indiqué le ministre.
Outre les employés corrompus, M. Khalil souhaite s'attaquer aussi aux courtiers. « Je suis conscient et je reconnais que des courtiers ont envahi les bureaux du registre foncier, mais cela doit disparaître », a martelé le ministre avant de demander à l'ensemble des responsables et des fonctionnaires des bureaux du registre foncier de leur interdire l'accès à l'enceinte des bâtiments s'ils ne disposent pas d'une procuration légale. « Il est interdit que des personnes se baladent dans les locaux des bureaux du registre foncier et extorquent les citoyens en leur proposant de traiter leurs procédures alors qu'ils ne disposent ni de statut ni de droit légitimes pour cela », s'est insurgé M. Khalil.
Quant aux propriétés publiques détenues actuellement par des parties privées, M. Khalil a affirmé qu'il ne renoncera pas à son slogan « Les biens de l'État doivent revenir à l'État », et qu'il « ne cédera à aucune pression à ce sujet, qu'elle soit politique, communautaire ou autre ».
Pour rappel, un rapport de l'ONG anticorruption Sakker el-Dekkene, publié en février 2015, avait recensé dans 22 ministères et institutions publiques près de 1 600 cas de pot-de-vin et de petite corruption signalés à l'association en 2014, pour un montant total de 2,2 millions de dollars. Parmi toutes les administrations publiques citées, les bureaux du registre foncier et des cadastres arrivaient en tête des actes de petite corruption constatés, en nombre (15 % du total, soit 227 cas) comme en valeur (29 %, soit 630 000 dollars).
En 2014, M. Khalil avait annoncé que 55 fonctionnaires du registre foncier avaient été déférés devant le parquet pour corruption et abus de pouvoir. Il avait aussi indiqué qu'une enquête menée dans huit branches du registre foncier avait permis à l'État de récupérer plus de 18,6 millions de dollars.