Rechercher
Rechercher

Liban - Déchets

Kanaan après la réunion des Finances : Pour un traitement juridique, pas politique de la crise

Les acteurs concernés par le récent bras de fer sur les ordures ménagères, notamment les Kataëb et le Tachnag, étaient présents. Une prochaine réunion a été décidée pour demain avec les municipalités.

Une voiture bloquée par un amoncellement de déchets dans une rue de Dékouané. Mohammad Azakir/Reuters

Alors que les déchets s'accumulent à nouveau dans les rues du Metn et du Kesrouan, avec un succès inégal de la part des municipalités pour leur collecte, une première brèche dans le bras de fer opposant le parti Kataëb, le Tachnag et le gouvernement, représenté par le ministre Akram Chehayeb (à la tête du comité de suivi du plan des déchets) est apparue hier, suite au dialogue instauré durant la réunion de la commission parlementaire des Finances, présidée par le député Ibrahim Kanaan. Alors que l'atmosphère de la réunion a été qualifiée de « positive » par le député Kataëb Élie Marouni (qui répondait aux questions de l'agence al-Markaziya), une nouvelle réunion a été fixée pour demain, en présence des présidents de fédérations de municipalités, pour une discussion sur les options de décentralisation du traitement des déchets.

Fait non négligeable, les lacunes du plan gouvernemental sont apparues clairement, notamment dans les propos de M. Kanaan lui-même : le tri des déchets acheminés vers Bourj Hammoud ne dépasse pas les 10 %, et le volume transporté par Sukleen à l'aire de stockage temporaire avoisine les 1 500 tonnes, bien plus que ce qui a été autorisé dans la décision de base du Conseil des ministres.

Insistant sur ces révélations, le comité exécutif du parti Kataëb a publié un communiqué, à l'issue de sa réunion hebdomadaire sous la présidence du député Samy Gemayel, dans lequel il estime que « le crime qui consiste à garder les déchets dans les rues est une nouvelle preuve qu'une mafia de corruption contrôle le pays, donnant aux citoyens le choix entre la mort rapide et la mort lente ». Et le parlementaire de poursuivre : « Étant donné les résultats de la réunion de la commission des Finances, et vu que les participants à cette réunion ont reconnu que le tri des déchets (stockés à Bourj Hammoud) ne dépasse pas les 10 % – d'où le fait que l'enfouissement concerne 90 % des ordures – les Kataëb ont demandé que les fédérations de municipalités et les municipalités soient présentes lors de la réunion de demain, afin que leurs opinions soient sondées sur les plans de sortie de crise. » « Le parti Kataëb réaffirme que la meilleure solution à cette crise passe par la construction d'usines de tri et de traitement dans chaque caza, ce qui nécessite six mois, poursuit le communiqué. Entre-temps, le gouvernement aura choisi un endroit temporaire dans lequel rassembler les déchets loin des habitations, en attendant le traitement décentralisé des déchets. »

Rappelons que cette dernière crise, qui s'accompagne d'un retour des amoncellements d'ordures au bord des routes du Metn et du Kesrouan, est due à la fermeture par la municipalité de Bourj Hammoud de la route vers l'aire de stockage temporaire qui jouxte le chantier d'une nouvelle décharge en construction, bloquée, elle, par les manifestants des Kataëb et de la société civile. Ceux-ci protestent contre les lacunes de ce projet, notamment l'enfouissement de déchets non triés dans cette zone côtière, et le remblayage de la mer. La décharge de Bourj Hammoud ainsi que celle de Costa Brava (littoral de Choueifate) sont l'essentiel du plan gouvernemental de gestion des déchets, adopté en mars dernier.

 

 

(Repère : Liban : retour sur un an de crise des déchets)

 

 

1 500 tonnes non triées... au lieu de 1 200 triées
À la suite de la réunion d'hier, qui a rassemblé le ministre de l'Agriculture Akram Chehayeb, de nombreux députés (dont ceux des Kataëb et du Tachnag), le président du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) Nabil el-Jisr, et des experts, M. Kanaan a pris la parole, insistant sur « la nécessité de trouver une solution à Bourj Hammoud, étant donné la crise qui a repris au Metn et dans le Kesrouan ».

« La solution pour moi doit être de nature juridique et non politique, même si la crédibilité des hommes politiques est en jeu », a-t-il martelé. « Personne n'a jamais dit que le plan du gouvernement était idéal, a-t-il poursuivi. La solution idéale serait un plan à long terme qui adopterait la décentralisation que nous avons toujours revendiquée. Un plan radical qui passerait par le paiement de leurs dus aux municipalités fait la quasi-unanimité, et la commission ministérielle a rappelé dans son rapport l'importance de cette décentralisation, qui n'a jamais été appliquée. Même les textes en relation avec la récupération de gaz pour la production d'énergie ("Waste to Energy") n'ont jamais été transférés du Conseil des ministres au Parlement, depuis le 29 février dernier. »

Le député a rappelé que la décision initiale du Conseil des ministres évoquait l'enfouissement à Bourj Hammoud « de ce qui résulte du tri des 1 200 tonnes par jour ». « Or aujourd'hui, on constate que 1 500 tonnes entières sont entreposées dans cette zone par jour, d'où un abus substantiel », affirme-t-il. Il a précisé que les fédérations des municipalités sont invitées à « une réunion pour trouver des solutions loin des bazars politiques ».
Il a estimé que « le point commun de tous les acteurs est le suivant : le refus de voir le littoral du Metn se transformer en dépotoir et le refus de voir les rues inondées de déchets ». Il a rappelé que même le plan gouvernemental n'est pas prévu pour plus de quatre ans et qu'il s'agit de réduire ce délai au possible. « Le plus important reste la décentralisation administrative, en vue d'assurer aux municipalités les moyens pour le tri et le traitement, sans que cela ne confine au chaos, a poursuivi M. Kanaan. Si notre réunion de mercredi se termine par un accord sur la phase de transition, il nous faudra assumer nos responsabilités dans les meilleures conditions possibles. »

Le député a affirmé attendre les réponses des municipalités, tout en estimant que les solutions qu'elles ont adoptées jusqu'à ce jour « ne sont pas suffisantes » et restent « partielles, se limitant le plus souvent à rassembler les ordures dans un seul endroit ». « La solution décentralisée est souhaitée, mais elle nécessite du temps pour être mise en place, a-t-il souligné. Nous avons une occasion de le faire actuellement, parce que la crise s'est envenimée et qu'il faut rechercher la meilleure solution possible. »

 

 

(Pour mémoire : Les ordures de nouveau dans les rues, dans l'attente d'un déblocage)

 

Pétition à Costa Brava
Par ailleurs, parallèlement à la crise à Bourj Hammoud (qui ne bougera pas d'un iota d'ici à la réunion de demain, ainsi que l'ont affirmé les différents acteurs concernés), la « cellule de crise » des habitants de Choueifate hostiles à la construction d'une décharge sur leur littoral, à Costa Brava, a lancé hier une pétition contre le projet. Les habitants affirment « refuser un projet qui pollue leur côte et nuit à leur santé et à celle de leurs enfants ». Prémices d'une nouvelle crise ?

 

 

 

 

Lire aussi

Crise des déchets : une partie à trois dans l'impasse

Les municipalités du Metn et du Kesrouan dans la tourmente : à quand la collecte des déchets ?

Les manifestants à Bourj Hammoud forment un comité d'urgence

« Le soleil nous rassemble » : à Beyrouth, un message du guerrier de l'arc-en-ciel...

L’art du possible à Bourj Hammoud et catastrophe écologique à Aïn Dara

Alors que les déchets s'accumulent à nouveau dans les rues du Metn et du Kesrouan, avec un succès inégal de la part des municipalités pour leur collecte, une première brèche dans le bras de fer opposant le parti Kataëb, le Tachnag et le gouvernement, représenté par le ministre Akram Chehayeb (à la tête du comité de suivi du plan des déchets) est apparue hier, suite au dialogue...

commentaires (2)

JURIDIQUE... OU POLITIQUE... LE VER Y EST !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 12, le 30 août 2016

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • JURIDIQUE... OU POLITIQUE... LE VER Y EST !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 12, le 30 août 2016

  • je ne comprends tjrs pas pourquoi on ne fait pas le tri a la maison. Sukleen n'a jamais offert de bennes a ordures separee et n'a jamais fait une campagne pour sensibiliser les gens

    George Khoury

    09 h 50, le 30 août 2016

Retour en haut