Imaginez que vous élevez vos enfants dans une maison devant laquelle se trouve un jardin entouré d'une clôture. Imaginez le beau jardin, la clôture blanche. Petits, ils jouent dans le jardin. Vous les surveillez attentivement, mais vous pouvez entrer tranquillement dans la maison pour leur préparer le goûter, sachant que la clôture les protège des dangers de l'extérieur. Regardez la balançoire, écoutez leurs rires. Le soir, ils rentrent fatigués. Un petit bain et allez hop au lit ! La nuit, vous protégez leur sommeil, vous vous assurez qu'ils sont bien couverts et vous quittez leur chambre à regret. Qu'ils sont beaux quand ils dorment !
Les jours passent, ils grandissent, le jardin leur semble à présent petit et l'envie les prend de franchir la clôture et de jouer à l'extérieur, en plein air. C'est plus fort qu'eux, la vie les appelle. Vous pouvez le leur interdire, bien sûr, et les garder dans le jardin parce que vous avez peur pour eux, et vous avez raison. Personne ne peut vous blâmer de vouloir les protéger. C'est votre mission, vous êtes parents.
Cependant, il serait égoïste de les garder dans le jardin, le monde va au-delà de ce petit enclos. Vous avez la possibilité de les aider à grimper la clôture ou même leur ouvrir le petit portail en bois afin de s'aventurer dans le monde. Décision difficile, des plus difficiles que vous aurez à prendre ! Dans ce cas, il se peut qu'ils choisissent de revenir de temps à autre jouer dans le jardin ou de tendre une tente de l'autre côté de la clôture pour y dormir. Ils ont le choix de rentrer dans la maison aussi dont la porte est toujours ouverte pour les accueillir. Vous, vous resterez à côté de la porte, debout, vous les regardez jouer dehors, ils quittent, se précipitent vers l'horizon et puis reviennent pour repartir encore une fois. Vous les regardez courir, cheveux en l'air, libres de décider de leur terrain de jeu. Ainsi, ils assument leur choix que vous respecterez, l'essentiel restera leur quête de bonheur. L'essentiel, c'est de les voir épanouis et heureux.
Votre souffle est coupé à les voir s'éloigner. Vous avez peur des ogres qui les poursuivront en chemin, vous connaissez les risques du voyage, mais en même temps vous savez qu'il n'y a pas de meilleure façon pour expérimenter la vie que de le faire soi-même. Parfois, ils rentrent tristes, pour pleurer, vous soignez leurs blessures et leur préparez un thé chaud. Vous vous souvenez de leurs égratignures quand ils tombaient en jouant, un petit câlin suffisait pour régler l'affaire, maintenant c'est pareil, des mots d'encouragement feront l'affaire. Ça vous fond le cœur, mais ça s'appelle aussi grandir. C'est ce qui compte après tout. Les cicatrices sont les meilleurs maîtres pour vos enfants. Et vous le savez au fin fond de votre être.
Et, parfois, ils rentrent heureux et leurs cris de joie réveillent les voisins. Ils fêtent leurs rêves en voie d'accomplissement. Ils rentrent les fêter avec vous comme lors de leurs anniversaires quand ils étaient petits. C'est avec vous qu'ils partageront leur bonheur et leur peine parce qu'après tout vous leur avez permis d'explorer le monde tout seuls, vous leur avez donné l'opportunité de grandir, vous avez cru en eux, et c'est ainsi qu'ils manifestent leur amour. Imaginez maintenant le monde qui devient meilleur parce que vos enfants le rendent meilleur. Voilà de quoi gonfler votre cœur de fierté.
Métaphore inspirée par le grand poète, Khalil Gibran :
« Vos enfants ne vous appartiennent pas.
Ils sont les fils et les filles de la vie qui leur manque,
Ils viennent au monde à travers vous, mais non de vous.
Et bien qu'ils vivent avec vous, ils ne vous appartiennent pas. »
Ghada JABAK
#Pensées_matinales
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