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Culture - Festival de Baalbeck

Tango sans voix pour temple à ciel ouvert

José Van Dam, star internationale de l'opéra, devait réveiller hier soir, pour la dernière fois cet été, l'appétit de Bacchus. Mais le virus en a voulu autrement... Au grand dam de ses aficionados.

José Van Dam a pourtant tenu à chanter, à deux reprises, les tant attendues mélodies de l’Argentin Carlos Gardel.

En ce dimanche de clôture du prestigieux Festival de Baalbeck, le programme s'annonce à la hauteur du décor. José Van Dam, star internationale de l'opéra, va réveiller, pour la dernière fois cet été, l'appétit de Bacchus. Interprétant le sensuel répertoire de l'Argentin Carlos Gardel, le public s'attend à entendre le chanteur belge faire vibrer les murs antiques de sa voix mythique.

Dans la lumière rayonnante des pierres antiques, les spectateurs, empreints de respect, pénètrent. Le long fût des colonnes striées semble prêt à élancer la voix suave du chanteur lyrique jusqu'à faire frémir les feuilles des chapiteaux. Les bougies frissonnent au-dessus des minces branches de leurs candélabres. Enceinte dans cet écrin grandiose, l'assemblée à ciel ouvert tend vers le sublime, illuminée par un éclairage des plus spectaculaires.

Les deux musiciens, Jean-Louis Rassinfosse à la contrebasse et Jean-Philippe Collard-Neven au piano, duo jazzy et complice, lancent la soirée par une ouverture instrumentale, avant l'entrée en scène du baryton sur les marches du temple. Humblement, le chanteur annonce que sa voix s'est envolée dans l'avion, temporairement voilée par un virus. « La voix humaine est le plus bel instrument du monde, mais aussi le plus sensible », se défend-t-il. Il a pourtant tenu à chanter, à deux reprises, les tant attendues mélodies de l'argentin. Ne perdant pas son humour, il raconte des anecdotes et c'est réjouissant, faute d'entendre sa somptueuse voix, mais cela ne paraît pas au goût de tous. Il y a ceux qui s'enfuient en oubliant que les musiciens sont aussi du spectacle, et les hargneux qui s'esclaffent et couvrent de leurs jérémiades la beauté ensorcelante du tempo tango.

Si Carlos Gardel a fait sortir le tango des bars et de la scène locale pour le faire entrer au salon du monde entier, en montrant que le tango se chante autant qu'il se joue, les musiciens ce soir improvisent un concert en hommage à une voix fantôme. Jean-Louis Rassinfosse et Jean-Philippe Collard-Neven font corps avec leurs instruments, magnifiquement. Le contrebassiste danse littéralement avec les cordes de son imposante compagne, tandis que le pianiste saute au rythme des notes, rebondissant sur la cadence effrénée de ses doigts virevoltants. Chapeau à ce revirement osé, célébration envoûtante de la musique et des lieux célestes, mutuellement embrassés.


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