Rechercher
Rechercher

Économie - Emploi

Quand l’autisme devient un atout dans la Silicon Valley

Certaines sociétés recrutent des autistes comme « analystes » pour tester des logiciels. Photo Frederic J. Brown

Corey Weiss ne déchiffre peut-être pas bien certains signaux sociaux, mais il s'y connaît en logiciels : l'hyperattention aux détails de cet autiste de 27 ans lui a valu un poste chez MindSpark, une start-up cherchant à faire à la fois des affaires et du social. MindSpark, basée à Santa Monica en Californie, recrute des autistes comme « analystes » pour tester des logiciels. « Je vois des choses que d'autres ne verraient pas », explique le jeune homme, diagnostiqué autiste dans son enfance.
Selon l'organisation américaine Autism Society, environ 1 % de la population mondiale est touchée par ce trouble. Les plus touchés fuient les contacts visuels, ne parlent pas ou peu ; d'autres maîtrisent le langage et ont même l'esprit très acéré, mais restent incapables de comprendre et de respecter certaines normes sociales. C'est dans ce second groupe d'autistes sans déficience intellectuelle, dits « de haut niveau », que MindSpark recrute. Leur obsession des détails et leur capacité de concentration sont des atouts dans le secteur informatique, explique Chad Hahn, cofondateur de l'entreprise.
MindSpark compte aujourd'hui 27 analystes, dont 5 à plein temps, payés environ 35 000 dollars par an et même près de 50 000 pour les plus chevronnés. La start-up a raffiné, depuis sa création il y a trois ans, son modèle d'activité et de recrutement, élargissant progressivement la liste des entreprises qui lui sous-traitent les tests de leurs logiciels. On y trouve par exemple la société multimédia Fox Networks ou l'assureur Liberty Mutual ; et MindSpark a commencé cette semaine à proposer ses services à l'international.

D'autiste à geek
« C'est tellement important que les entreprises technologiques créent un environnement qui prenne en considération les aménagements dont les adultes autistes ont besoin », estime Desirée Kameka, une responsable de la Madison House Autism Foundation. Le groupe informatique Microsoft avait estimé qu'environ 80 % des autistes restaient sans emploi malgré des talents parfois exceptionnels en sciences, en mathématiques ou en technologie, en lançant l'an dernier un programme pilote visant à en recruter pour des postes à plein temps. Il s'était fait aider par une organisation danoise spécialisée, Specialisterne, qui a aussi collaboré avec le géant allemand des logiciels professionnels SAP quand il s'est fixé en 2013 l'objectif d'embaucher des centaines d'autistes dans le monde.
Si des systèmes de soutien se créent sur les lieux de travail pour les autistes, ceux-ci s'avèrent généralement des salariés très fidèles, avec en outre l'avantage d'aborder les problèmes de manière différente du reste des équipes, assure Jan Johnston-Tyler. Elle-même mère d'un enfant diagnostiqué Asperger, elle est la fondatrice d'EvoLibri, une société de conseil qui aide les autistes, mais aussi d'autres personnes « neurodiverses » (atteintes de troubles déficitaires de l'attention par exemple), à trouver du travail, un cursus scolaire ou des services adaptés.
« Nous avons des gens qualifiés, alors que la Silicon Valley continue de se plaindre de n'avoir pas de candidats qualifiés », regrette-t-elle. « La Silicon Valley s'est construite sur la neurodiversité ; c'est ce qui nous a conduits à la situation actuelle », fait pourtant valoir cette femme de 57 ans.
Jan Johnston-Tyler dit avoir vu des tas d'entreprises ou d'organisations tenter de placer des autistes de haut niveau sur des emplois liés à l'informatique. D'après elle, une difficulté est toutefois de leur ouvrir les portes de carrières de long terme, au lieu de juste leur déléguer de petites tâches comme la suppression de bugs dans des programmes.

Glen CHAPMAN / AFP

Corey Weiss ne déchiffre peut-être pas bien certains signaux sociaux, mais il s'y connaît en logiciels : l'hyperattention aux détails de cet autiste de 27 ans lui a valu un poste chez MindSpark, une start-up cherchant à faire à la fois des affaires et du social. MindSpark, basée à Santa Monica en Californie, recrute des autistes comme « analystes » pour tester des logiciels. « Je...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut