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Moyen Orient et Monde - France

Le burkini passe devant la justice française

Les divergences sur la prohibition ou la tolérance du maillot de bain intégral pour les musulmanes se manifestent jusqu'au sein du gouvernement.

Une petite manifestation contre l’interdiction du burkini, hier à Port-Leucate, dans le sud de la France. Raymond Roig/AFP

La plus haute juridiction administrative française se prononcera aujourd'hui sur l'interdiction du burkini sur plusieurs plages, décision qui suscite émoi et controverse dans le pays comme à l'étranger, et divise jusqu'au sein du gouvernement.
Saisi du dossier hier, le Conseil d'État a promis de rendre sa décision aujourd'hui, à 16h00, heure de Beyrouth, un cadre légal d'autant plus attendu qu'au moins une femme musulmane portant un simple foulard sur la plage a déjà été verbalisée. Les juges doivent examiner la requête déposée par la Ligue des droits de l'homme (LDH) et le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui demandent la suspension en urgence d'une interdiction du burkini décidée par une station balnéaire de la Côte d'Azur, mais c'est en réalité la légalité de la trentaine d'arrêtés municipaux similaires pris en France cet été qui est en jeu. Les textes, sans mentionner le terme de burkini, exigent le port sur les plages de tenues respectueuses « des bonnes mœurs et de la laïcité », mais ce sont bien les tenues de bain islamiques couvrant le corps, des cheveux aux chevilles, qui sont visées.
Face aux divisions qui se font jour sur cette question jusque dans son propre camp, le président François Hollande a appelé hier à ne céder ni à la « provocation » ni à la « stigmatisation », sans se prononcer sur le bien-fondé des arrêtés antiburkini. Hier aussi, deux ministres ont condamné ces textes, à contre-courant de la position du chef du gouvernement Manuel Valls, qui soutient les maires interdisant le burkini au nom de l'ordre public. « La prolifération » des arrêtés « n'est pas la bienvenue », a dit la ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, suivie par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui craint une « stigmatisaton dangereuse pour la cohésion de notre pays ». Ces textes « ne sont pas une dérive » a rétorqué par média interposé M. Valls, pour qui « le burkini est un signe politique de prosélytisme religieux qui enferme la femme ».
Mercredi soir, l'ex-président Nicolas Sarkozy, candidat aux primaires de la droite, avait qualifié le burkini de « provocation », proposant de prohiber aussi les signes religieux dans les entreprises, les administrations, les universités. Dans la foulée, le parti d'extrême droite Front national a demandé d'étendre à l'ensemble de l'espace public l'interdiction du port du voile, limitée en France aux écoles, collèges et lycées.

Forte inquiétude
Le Conseil d'État, habitué aux débats sensibles, s'est rarement réuni dans une atmosphère aussi fiévreuse. Mercredi, le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait fait part au gouvernement de la « forte émotion et forte inquiétude » des musulmans de France.
Rien n'interdit en principe aux maires en France de restreindre les libertés fondamentales pour préserver l'ordre public, mais leurs mesures doivent être « proportionnées ». Estimant que le port de ces tenues de bain pouvait « être ressenti comme une défiance ou une provocation exacerbant les tensions », le tribunal administratif de Nice avait validé un de ces arrêtés, rappelant le « contexte » des attentats jihadistes, dont celui de Nice le 14 juillet. La définition même de « l'ordre public » est en jeu, dans un pays qui s'enflamme régulièrement sur la place de l'islam en France ainsi que sur la conception de la « laïcité ». La France a été la première en Europe à interdire le voile intégral, burqa ou niqab, dans tout l'espace public, en 2010. Le voile à l'école est, lui, prohibé depuis 2004.
Le débat sur le burkini est suivi à l'étranger avec un mélange d'incompréhension et de consternation, surtout depuis la publication, mardi soir, de photos du contrôle par quatre policiers municipaux d'une femme voilée, mais pas porteuse d'un burkini, sur une plage de Nice. Les photos de ce contrôle ont fait la une du New York Times, la presse allemande a évoqué une « guerre de religion » et le maire de Londres, Sadiq Khan, a estimé que « personne ne devrait dicter aux femmes ce qu'elles doivent porter ». Hier, à Londres, une cinquantaine de femmes ont installé une fausse plage devant l'ambassade de France pour protester contre l'interdiction du burkini.
(Source : AFP)

La plus haute juridiction administrative française se prononcera aujourd'hui sur l'interdiction du burkini sur plusieurs plages, décision qui suscite émoi et controverse dans le pays comme à l'étranger, et divise jusqu'au sein du gouvernement.Saisi du dossier hier, le Conseil d'État a promis de rendre sa décision aujourd'hui, à 16h00, heure de Beyrouth, un cadre légal d'autant plus...

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